En fonction des sources, ce disque est vu comme le premier album de La VARDA ou comme un ouvrage préalable ; un E.P, voire une démo. Pour trancher le débat dans ces colonnes, nous allons ranger Un premier pour la route dans la catégorie des E.P, tout d’abord par sa durée de moins d’une demi-heure, mais surtout parce qu’on retrouve l’essentiel de ces titres, retravaillés, dans les deux galettes suivantes qui sont, elles, indubitablement bien des albums.

Cela dit, album ou pas album, cette première sortie de La VARDA marque d’entrée par sa qualité. Sept titres pleins de vitalité, de fraîcheur, excellemment bien arrangés et enregistrés. On jurerait que ça fait déjà un moment que le groupe s’est rodé sur les planches des bals folk de son coin. Le collectif n’a pourtant qu’une année d’existence lorsqu’il publie ce premier recueil. Aux origines, on retrouve les deux CROQUANTS, Kif et Danito. Ce duo s’amuse à faire des reprises bien ouvragées, mais ils ont aussi l’envie de jouer leurs propres morceaux. Cependant, ils ne choisissent pas de faire évoluer pour cela leur répertoire vers la création mais préfèrent plutôt se lancer dans une aventure parallèle, dans laquelle ils peuvent laisser libre cours à la création.

Rejoints par quelques amis, au violon et à la batterie notamment, La VARDA prend donc forme et trouve rapidement son créneau : chanson-folk. Pas à l’américaine, rien à voir avec DYLAN. A l’européenne, avec des détours par les folklores irlandais ou balkaniques autant que languedociens. Le violon vient joliment doubler un accordéon bien vivant, le tout soutenu par une section rythmique impeccablement énergisante. Mélangé ensemble, cela donne une musique pleine de souffle, entraînante, déjà mature. Ajoutons à ceci un son particulièrement bon pour un premier enregistrement ainsi qu'un sens de la mélodie inspiré qui vient élever encore un peu plus ces quelques morceaux.

Enfin, dernier élément plaisant : la VARDA ne chante pas pour rien. Les textes très bien conçus évoquent fréquemment des sujets originaux et assez graves par relativement aux habitudes de la chanson française, par exemple la guerre civile irlandaise ou l’épuration. Déclamés par nos deux Croquants, dont les voix proches s’entremêlent et se relayent avec énergie et chaleur, ils nous emmènent autant que la musique dans le voyage proposé par le groupe. La VARDA se lance vers une route ouverte aux quatre vents, prête à se laisser mener par son chemin. Elle ne demande qu’à s’enrichir de kilomètres et de rencontres en suivant les jalons particulièrement bien posés par ce disque.