1999.
Vous est-il déjà arrivé d’acheter un album uniquement sur sa pochette ? Cela a été mon cas à plusieurs reprises, et plutôt avec de la chance.
Mon inféodation au marketing m’a ainsi permis de découvrir le Bellybutton de JELLYFISH et le Here Comes Trouble de SCATTERBRAIN. Mais également, et peut-être même 'surtout', le premier album de MISHKA.

Derrière cette photo d’un Dreadlocké dépenaillé et uniquement pourvu d’un minuscule sac à dos, allongé sur ce qui semble être un bateau vétuste sous les Alizés, se cache un fantastique album de Reggae chill.
Commençons par la genèse de cet album. En 1999, MISHKA est un jeune auteur-compositeur originaire des Bermudes, âgé de 25 ans. Elevé avec sa sœur, la chanteuse HEATHER NOVA, sur le bateau construit par son père, le jeune homme a vécu jusqu’alors une existence peu ordinaire. Et, pour son premier effort discographique, il nous propose dix compositions qui oscillent entre Reggae, Soul et Pop music. Le tout avec en commun un choix de tempi plutôt lents et lancinants et une certaine frugalité dans les arrangements. On ne bascule toutefois pas dans la musique d’ambiance, même si la frontière n’est parfois pas très éloignée. Le chanteur parvient à insuffler du relief et de la masse dans la plupart de ses chansons. C’est ainsi le cas de "One True" où son attaque sèche des cordes, son chant qui adopte des tonalités hautes et l’intégration (parcimonieuse) d’un harmonica, permettent au titre d’exprimer sa personnalité propre.
Pourtant, à l’image du très dépouillé "Johana", les morceaux reposent principalement sur le couple voix/guitare acoustique. Par-dessus, se greffent parfois, en fond sonore, des percussions feutrées, nappes de clavier ou des chœurs assez discrets (souvent à l’actif d’Heather NOVA).
La sobriété est tellement de mise que la liste des musiciens ayant participé à l'album est assez surprenante. Celui-ci donnant plutôt le sentiment d’être un 'one man project'.
Mais il en ressort un charme réel, fait de douceur, de chaleur envoûtante, j’oserais même dire de 'positive vibrations' en me risquant à tomber dans le cliché Reggae.
Si ses racines semblent bien issues du Reggae, la musique qu’il propose est bien plus variée, nous conviant à un mélange de saveurs Folk, Pop, Rock, Caribéennes habilement agencé.
On prend un réel plaisir à l’écoute de l’ensemble du disque, même si les chaloupés "Happy" et "Lonely", ou le plus langoureux "Bring a Man Down", tirent plus particulièrement leur aiguille du jeu.
De manière surprenante, le single "Give You All The Love", qui obtient un certain succès en Amérique, apparaît bien moins intéressant, avec quelques décennies de recul. Il a au moins le mérite d’avoir permis, à l’époque de sa sortie, à ce que ce premier album reçoive un relativement bon accueil en Amérique. Un bon accueil amplement mérité pour un disque qui, si on ne peut pas réellement lui accoler le qualificatif d’orignal, n’a à ma connaissance pas d’équivalent.

Facile d’accès, tout sauf prise de tête (les paroles ne risquent clairement pas de créer de nœuds au cerveau des auditeurs), cet album est un petit bonbon sucré bien agréable qui saura plaire aux amateurs de pop-Folk qui ne sont pas non plus réfractaires à une petite coloration Reggae.
Bon album, bon souvenir.