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2020 Burn
2022 Exaudia
 

- Style + Membre : Dead Can Dance

Lisa GERRARD - Exaudia (2022)
Par AIGLE BLANC le 18 Décembre 2022          Consultée 805 fois

La voix de Lisa GERRARD compte parmi les offrandes les plus merveilleuses que puissent recueillir nos oreilles. Son timbre caressant, sa tessiture si rare de Contralto dramatique, le souffle qu'elle imprime aux glossolalies qu'elle émet, la maîtrise hallucinante de sa respiration, tout concourt à faire d'elle une vocaliste hors-pair ayant marqué de son empreinte unique la musique des années 80 à aujourd'hui.
Pourtant, elle resta longtemps l'un des secrets les mieux gardés de la génération new-wave, tant qu'elle officiait au sein de DEAD CAN DANCE, la formation atypique autant que géniale de Brendan Perry, son partenaire artistique, au cours d'une carrière aussi condensée (de 1984 à 1996, si l'on excepte la reformation depuis 2012 ayant donné lieu à des Live et à deux opus intéressants -Anastasis et Dyonisus-, sans qu'on puisse affirmer qu'ils déboucheront sur de nouveaux albums dans un plus ou moins proche avenir) qu'intense et créative.
Les adeptes de DEAD CAN DANCE, dès l'album éponyme du groupe (1984) n'avaient pas manqué d'exprimer leur stupéfaction à l'écoute des titres entonnés par Lisa GERRARD, à l'époque une simple voix surgie dont on ne savait où, une voix d'autant plus mystérieuse et tétanisante qu'elle ne portait aucun visage, le label 4AD ayant saisi dans cette discrétion assumée une opportunité de renforcer paradoxalement l'identité de ses artistes dont le groupe de Brendan Perry était la signature la plus côtée. Beaucoup de mélomanes parlaient de cette formation à deux chants, d'un côté celui, à l'élégance chevaleresque, de Brendan Perry, baladin philosophe et poète passionné de percussions et de rythmes tribaux, de l'autre l'ouragan mystique du chant de Lisa GERRARD, à nul autre pareil.
Il a fallu que Lisa attende la première phase conflictuelle du groupe, en 1995, pour, profitant d'une période incertaine de DEAD CAN DANCE, s'envoler vers les cimes d'une carrière solo commencée discrètement avec son premier effort The Mirror Pool.
Mais c'est vraiment en l'an 2000 que démarre pour elle la consécration mondiale, qu'elle doit au film de Ridley Scott, Gladiator, grand succès populaire mis en musique par Hans ZIMMER et dont elle interprète certains titres dans le style vocal byzantin qui la caractérise si bien. Dès lors, un nouveau public s'ouvre à elle, qui ignore au moment où il découvre sa voix, que la chanteuse affiche déjà une carrière riche de 18 années. Il semblerait que les ventes avantageuses de la B.O de Gladiator soient essentiellement dues au désir de réentendre chez soi le chant habité de Lisa GERRARD, davantage que celui de posséder dans sa collection personnelle un disque de Hans ZIMMER.
Il allait de soi dès lors que le cinéma n'allait pas lâcher de sitôt cette chanteuse australienne capable par ses prouesses vocales sidérantes de scotcher sur son fauteuil le plus insensible des spectateurs. La liste des films auxquels elle appose son redoutable patronyme couvre ainsi la part dominante de sa carrière solo (pas moins de 12 musiques de films signées entre 1997 et 2017).
De manière plus surprenante, si l'on écarte les albums studio co-signés avec un autre musicien, ceux dont Lisa GERRARD assume intégralement et exclusivement la maternité s'élèvent péniblement à deux, The Mirror Pool (1995) et The Silver Tree (2006), Whale Rider mis à part du fait qu'il s'agit de la B.O d'un film néo-zélandais datant de 2003, donc d'une oeuvre de commande. On peut interpréter cette étrangeté comme un aveu de l'artiste ne misant pas son talent sur la composition, mais aimant au contraire s'entourer de musiciens compositeurs qu'elle n'hésite pas à solliciter suivant ses envies du moment, comme l'a raconté avec émotion Klaus SCHULZE, l'un de ses admirateurs secrets, le jour où elle lui a téléphoné pour lui demander de composer de la musique pour elle, musique sur laquelle ensuite elle a placé sa voix selon des lignes mélodiques adéquates.
Des collaborateurs émaillant sa carrière discographique, tous se signalent par leurs talents respectifs. Peut-être influencés par le style vocal de Lisa GERRARD, ils ont malheureusement tendance à lui proposer des compositions fortement marquées par l'esprit new-age, nullement déshonorantes certes, mais assez vite lassantes par défaut de renouvellement et de variété.
Quand on compare les deux derniers opus de Lisa GERRARD, Burn (2021) et celui chroniqué ici (2022), ce qui frappe d'emblée, c'est la linéarité de compositions interchangeables alors que les deux disques sont co-signés avec deux collaborateurs, Jules Maxwell / Marcello de Francisci), donc aux univers et styles qui devraient être différents.
De même que l'Irlandaise ENYA offrant à son public ce qu'il attend d'elle, l'interprète australienne, dans la manière de gérer sa carrière, fait partie des artistes qu'on apprécie de retrouver à intervales réguliers, et à qui on ne demande pas de nous surprendre. Mais, l'auditeur appréciant la nouveauté, du moins les variations d'une évolution de carrière en douceur, peut à la longue ne plus y trouver son compte.

Ecouté isolément du reste de l'oeuvre de Lisa GERRARD, Exaudia demeure un joli album, sensible et délicat (le doux introductif "When the Light of Morning Comes", le tendre "Untill We Meet Again", une simple chanson qu'illumine le chant lumineux et caressant de l'artiste). Le titre éponyme ("Exaudia") et sa reprise conclusive ("Exaudia Reprise"), qui haussent le curseur de l'intensité et du lyrisme et transportent des effluves de l'époque regrettée de DEAD CAN DANCE, ne manquent pas de marquer l'album de façon prégnante.
Mais dès que viennent à l'esprit les nombreux autres opus de la dame, alors l'ensemble, au-delà de ses qualités intrinsèques, déçoit par l'impression de 'déjà entendu', et souvent en mieux.
Exaudia souffre surtout de passages qui, réunis, constituent son ventre mou. "Fallen", "Stories of Love, Triumph & Misfortunes" et "Stay With Me" reproduisent le péché mignon de Lisa GERRARD, à savoir une appétence à la tristesse virant à la sensiblerie et à la mièvrerie, défaut que la seconde partie de "Stay With Me", pourtant des plus lyriques et intenses, ne corrige pas totalement du fait d'une emphase un peu narcissique, la chanteuse donnant l'impression de s'écouter.
Cette énième offrande reste agréable d'écoute, parfois attendrissante, mais se voit traversée de moments suscitant un ennui poli, sensation d'autant plus paradoxale quand on la relie à la courte durée de l'opus, à peine 39 minutes.

D'anciennes et rares compositions qui versaient dans un registre plus proche de la pop avec de vraies paroles chantées, ou du moins plus dansantes, comme l'excellent et presque 'tubesque' "Human Game" (extrait de Duality, 1997) ou le non moins surprenant et exotique "Space Weaver" (The Silver Tree, 2006), font regretter que Lisa GERRARD ne se soit pas aventurée plus souvent dans de tels territoires, un peu plus 'mainstream' certes, mais où sa technique de chant révélait pourtant d'insoupçonnables atouts.

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   AIGLE BLANC

 
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- Lisa Gerrard (chant et mélodies)
- Marcello De Francisci (guitares espagnole, électrique, acoustique, basse,)
- Bahar Shah (invité au chant, titre 5)
- Farhad Behroozi (violon solo)
- Astrid Williamson (violon solo)
- Daniella Arbizzi (violoncelle solo)


1. When The Light Of Morning Comes
2. Untill We Meet Again
3. Fallen
4. Exaudia
5. Stories Of Love, Triumph & Misfortunes
6. Stay With Me
7. Exaudia Reprise



             



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