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- Style : Roger Eno , Roger Eno & Brian Eno
- Style + Membre : Cocteau Twins, Harold Budd & Brian Eno

ROBIN GUTHRIE & HAROLD BUDD - After The Night Falls (2007)
Par AIGLE BLANC le 19 Octobre 2024          Consultée 192 fois

After The Night Falls est la moitié nocturne du dyptique qu'il forme avec Before The Day Breaks*, ce dernier représentant la phase diurne. Rien n'indique dans leurs livrets respectifs l'ordre dans lequel ces deux albums doivent être écoutés. Et cela à vrai dire ne relève pas de la plus haute importance tant la musique que nous livrent Robin GUTHRIE et Harold BUDD ne différencie jamais ces deux pôles de la journée. Même si la compilation réunissant les deux disques, éditée en 2012 (uniquement en vinyle), semble positionner en premier le volume occupant ladite chronique, un arrêt momentané sur le titre des deux albums ne permet pas de trancher la question. Il ne s'agit pas pour les deux compositeurs et musiciens de traiter de façon dichotomique le jour et la nuit, ce qui eût apparenté leur projet à un double-album concept, mais de traiter de deux moments de la journée plus rapprochés peut-être qu'ils en ont l'air, la nuit laissant libre court au jour et le jour à son tour finissant par capituler devant l'arrivée de la nuit, cycle permanent constituant un vrai repère depuis les premiers hommes de la Préhistoire.

Du point de vue stylistique, rien ne distingue vraiment cet album de son frère jumeau Before The Day Breaks. Comme il l'a toujours fait depuis ses débuts, Harold BUDD égrène de son piano des notes éparses, arpèges aux consonnances liquides ou vaporeuses, noyées dans une chambre d'écho que la production sophistiquée traite comme un élément indivisible du tout. Dans l'art du pianiste aux confins du minimalisme, le silence a autant de poids que les notes. Miles DAVIS n'a-t-il pas déclaré un jour que La musique est le silence entre les notes? Harold BUDD, ayant de même collaboré avec Brian ENO qui fut un temps son protecteur, privilégie l'improvisation que nourrit l'humeur du moment. Il ne développe jamais de ligne mélodique, préférant réitérer des amorces de structures, des bribes d'ossature musicale, donnant l'impression que sa musique respire au ralenti, riche de pauses et de suspensions, et procurant un fort sentiment d'apaisement en même temps que d'isolation. Si son piano n'est pas dénué d'émotion, il ne s'y vautre jamais non plus, restant à la surface, dans une zone où les émotions n'ont pas eu le temps de se forger une identité propre. Souvenons-nous de son chef-d'oeuvre The Pearl* (1984), à mi-chemin de la sérénité et de l'inquiétude, de la lumière et des ténèbres, musique capable d'apaiser tel jour et de terrifier tel autre. Ici, pas d'angoisse, nulle ambiguîté, si ce n'est celle de la nuit et du jour finissant.
L'empreinte la plus forte que laisse cet album, mais aussi le dyptique dans son ensemble, est celle d'Harold BUDD, au point que les adeptes de ses collaborations avec Brian ENO (The Plateaux of Mirrors* et The Pearl* au sein de la série Ambient devraient s'y trouver en terrain favorable.
L'Ecossais Robin Guthrie (vivant aujourd'hui à Rennes) se retrouve lui aussi comme un poisson dans l'eau dans la musique d'Harold BUDD. Il n'est donc pas étonnant que les deux musiciens, pourtant de part et d'autre de l'Océan Atlantique, se soient rencontrés et aient décidé d'unir leurs talents pour créer une musique qui ressemble autant à l'un qu'à l'autre, d'abord en 1986 à l'époque de l'étrange et rêveur The Moon and The Melodies*, et depuis lors dans une série d'albums Ambient qui conjuguent l'art subtil des deux hommes dont la guitare et le piano s'entremêlent à merveille. L'empreinte du guitariste se perçoit principalement dans ses arpèges qu'il façonne avec toujours autant d'inventivité. Son domaine d'excellence concerne son sens inné à déployer des atmosphères éthérées (talent déjà exercé et parfait au sein de son défunt groupe COCTEAU TWINS), talent conjugué ici à sa maîtrise impressionnante de la production, seconde forte empreinte qu'il laisse dans ce disque. La parcimonie de son jeu de guitare, son refus (ou son incapacité selon certaines mauvaises langues) de l'étalage technique, sa propension à laisser ses doigts caresser les cordes au gré de ses humeurs alanguies et rêveuses, tout s'harmonise idéalement avec le piano introverti de son confrère californien.

Les fans de COCTEAU TWINS depuis les années 80 reconnaissent en Robin GUTHRIE un orfèvre de la composition pop qu'il a poussée maintes fois à son zénith, réservant toujours le meilleur de lui-même aux titres conclusifs de ses albums. Gardons un souvenir ému de "Musette & Drums" (dernier titre de Head Over Heels*, 1983), de "Donimo" (sur lequel se referme Treasure* 1984) de "Pur" (ultime piste de Four-Calendar Café*, 1993) et de "Seekers Who Are Lovers" (conclusion de (Milk & Kisses*, 1996), autant de joyaux pop indépassables. Harold BUDD a le mérite de lui avoir laissé le mot de fin, des plus savoureux, de ce dyptique. Le guitariste nous avait enchantés avec "Turn Off The Moon" (fin de Before The Day Breaks*), il réitère ici l'exploit avec "Turn Out The Sun". Malgré une recette simple et inchangée (une première partie en sourdine, presqu'insaisissable, suivie d'une explosion de guitare et de batterie), le talent de l'artiste nous laisse encore sans voix, dans la plus prégnante des fébrilités. On pourrait craindre que l'absence des vocaux d'Elizabeth Fraser (sublime chanteuse de COCTEAU TWINS) ne pèse sur l'ensemble, mais il n'en est rien. "Turn Off The Moon" conclut l'album sur une note lyrique qui agit sur l'auditeur comme un tsunami tant est fort le contraste avec les titres précédents, plutôt dans l'optique 'minimaliste' d'Harold BUDD.

Before The Day Breaks est à réserver à ceux qui connaissent bien et comprennent l'art de la musique Ambient chère à Brian ENO. Quant aux fans de COCTEAU TWINS, il leur suffit, par la seule force de leur imagination, de plaquer la voix absente de Liz Fraser sur le tissu musical hautement sophistiqué de BUDD et de GUTHRIE pour que l'illusion fonctionne à plein régime.

* Les titres d'albums suivis d'un * sont tous chroniqués par Forces Parallèles.

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   AIGLE BLANC

 
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- Harold Budd (compositions, piano)
- Robin Guthrie (compositions, guitare, production)


1. How Distant Your Heart
2. Avenue Of Shapes
3. Seven Thousand Sunny Years
4. She Is My Strength
5. Inside, A Golden Echo
6. Open Book
7. And Then I Turned Away
8. The Girl With Colorful Thoughts
9. Turn Off The Sun



             



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