Octobre 2022 : THUNDERMOTHER sillonne les Etats-Unis en compagnie des Scorpions. Alors que, 43 ans plus tôt, ces mêmes Scorpions se produisaient en première partie d’Aerosmith, Ted Nugent et AC/DC, voici que les 4 Suédoises vivent enfin leur rêve américain, 13 ans après leur formation. Cette montée en puissance des rockeuses venues du froid (et qui se matérialise également par l’annonce d’une participation au Hellfest, l’été prochain) semble liée à la qualité évidente de Heat Wave, précédent album du quartet, véritable manifeste Hard Rock, sans doute jusqu’ici l’album le plus abouti de la formation. Alors que THUNDERMOTHER va de nouveau se produire en première partie des venimeux allemands dans le cadre de leur prochaine tournée européenne, le groupe propose Black And Gold, un cinquième album prétexte à une nouvelle débauche d’énergie, résolument ancrée dans un hard rock « canonique », mais duquel se dégagent néanmoins quelques ambiances sleaze et punk. Tout du moins dans l’esprit.

Vous voulez comprendre THUNDERMOTHER ? N’allez pas chercher très loin. « The Light In the Sky » se présente à vous et pose les bases de l’intention du groupe. Il s’agit en effet de proposer ici un Hard musclé, orienté riffs, puisant sa source dans les grands noms des années 80. Autant d’éléments qui se retrouvent essentiellement dans les riffs de l’omniprésente Filippa Nässil, qui fleurent bon le AC/DC de la période Back In Black. Taillé pour les stades, avec ses chœurs ostentatoires, ce morceau d’ouverture n'est pas qu’un titre réussi : c’est un manifeste. Bien planté sur ses appuis, le morceau sert de base à un album bariolé et virevoltant, dont l’exubérance et la variété doit également beaucoup au timbre de voix de la chanteuse Guernica Mancini, qui se fait tour à tour clair puis rugueux, souvent blues et parfois punk. THUNDERMOTHER, à l’image de sa chanteuse, ne s’interdit rien, même si le groupe pare sa musique d’atours familiers pour les amoureux du genre pratiqué.

« Black and Gold », avec sa talk-box qui évoque plus Gotthard que Scorpions, accélère légèrement le tempo, mais nous sommes ici de nouveau dans la catégorie des hymnes, de ces morceaux « définitifs » qui en séduisent en studio et définissent une identité en live. Tout ici, tant au niveau de l’interprétation que des arrangements, relève d’un travail d’orfèvrerie. La contrepartie, l’absence réelle d’originalité, de substance profonde, n’enlève rien au plaisir d’écouter ce titre intense et dénué d’artifice. Un peu plus loin, « I don’t Know You » pousse l’exercice un peu plus loin, et témoigne d’une belle audace de la part des quatre suédoises : sur un riff calqué sur les travaux ancestraux de nos électriciens australiens favoris (Angus Young peut être fier d’avoir fait des émules d’une telle qualité), THUNDERMOTHER, par l’entremise de sa chanteuse, vient proposer un refrain hard rock mélodique pur jus, tout en flamboyance, qui vient nous surprendre et nous cueillir sans crier gare. Sans aucun doute le morceau le plus percutant et réussi de cet album.

N'allons tout de même pas amoindrir pour autant la réussite de morceaux d’abord moins immédiats, à l’image de « Raise Your Hands » et son riff d’intro faussement sleaze, « Watch Out », qui n’est pas si loin de Motörhead, foncièrement punk dans l’esprit, ou encore la ballade « Hot Mess » qui fleure bon l’hommage à Aerosmith.

Reste néanmoins cette étrange impression d’avoir vidé l’album de sa substance après quelques écoutes. Si le groupe se fait efficace et inspiré, si sa manière de mélanger ses influences blues et classiques au sein de morceaux bariolés se fait très appréciable, THUNDERMOTHER semble surtout et avant tout un groupe de scène. Car passé l’enthousiasme de la découverte, Black and Gold tend à s’épuiser légèrement, puisqu’il se balade sur un chemin certes agréable, mais néanmoins très balisé et sur lequel les traces des anciens restent parfaitement visibles. Un album fait avec talent et enthousiasme, générateur de plaisir et d’admiration. C’est déjà un bel accomplissement !

3,5/5