Les fêtes de fin d’année revêtent un aspect assez particulier cette année.

Pas pour les mêmes raisons que les cuvées précédentes, fort heureusement. Mais une Coupe du Monde s’achevant une semaine avant Noël, ça change l’atmosphère, à fortiori si une nouvelle heureuse est au bout pour notre pays. [Au moment où j’écris ces lignes, nous trépignons tous, fans de foot que nous sommes, à l’idée d’une étoile supplémentaire dans la constellation… A suivre.][Quelques heures plus tard, le constat est malheureusement… Sans appel, malgré un match d’anthologie.] Un petit goût d’été, comme en Argentine, où cette saison est de mise, un petit supplément gratuit, chantilly déposée sur une glace vanille.

C’est ainsi par l’intermédiaire d’un single natal que le légendaire trio hip-hop RUN-D.M.C. fera son entrée ici. Une arrivée non pas fracassante mais qui aura le mérite d’exister dans un premier temps, avant l’irruption des futurs plats de résistance. J’en étais absolument convaincu même si c’était surprenant, ces deux phrases sonnaient bien mais c’était sans compter sur l’excellent travail de Saskatchewan sur les deux sorties studio les plus célèbres du groupe. La vérification avait donc du sens, pour ne pas passer pour un charlot. Mais revenons à « Christmas in Hollis ».

En préambule, jetons un œil à ce clip, consacré par Rolling Stone meilleure vidéo de l’année 1987 au détriment de « Bad », mythique titre de Michael JACKSON mis en images par Martin Scorsese. Cela vous pose l’objet !

Celui-ci démarre par la vision d’un Santa dans une espèce de camion type FBI vraisemblablement parqué au Pôle Nord, et agrémenté d’une curieuse machine. Elle ressemble un peu à celle que Mme Musquin utilise dans Le Père Noël est une Ordure pour passer le temps coincée dans l’ascenseur, un jeu pour enfants avec énormes boutons colorés à presser en fonction de la réponse attendue et produisant chacun un son distinct. Ici, notre protagoniste décide si les enfants qu’il voit défiler à l’écran ont été sages ou pas, la récompense en dépendant. En arrière-fond, « Jingle Bells » résonne pour le moment, évidemment.

Mais Santa doit forcément s’absenter à un moment ou un autre. Sous la direction de l’elfe le remplaçant, l’ambiance change radicalement, passant du studieux à la fête. Les visages composant RUN-D.M.C. animent soudain l’écran, en même temps qu’un sample funky en diable du blues « Back Door Santa » signé Clarence CARTER.

Nous voici transportés dans un parc, Central Park sans nul doute. Nos trois rappeurs y aperçoivent un homme bizarre ainsi qu’un chien au détour d’une allée. Le mystérieux quidam perd son portefeuille, contenant des dollars en pagaille. Mais plutôt que lui en soulager, ils préfèrent restituer le tout et sont logiquement récompensés pour cela. Tout cela est positif, chargé de bons sentiments, mais après tout, pourquoi bouder notre plaisir ?

La scène suivante nous mène dans un salon festif, dans l’antichambre d’un repas familial avec la maman cuisinant la dinde puis au déballage des cadeaux où les RUN obtiennent logiquement chapeaux et chaussures d’une marque bien connue, qu’ils ont gravée en chanson. A la toute fin, on revoit Santa sur un traîneau tiré par un chien dans le ciel, un montage burlesque au possible.

« Christmas in Hollis » fait référence au quartier situé à New York où les membres du groupe ont grandi. L’idée lyrique leur a été soufflée par Bill Adler, directeur de la publicité au sein du consortium Rush Productions gérant la carrière de D.M.C. et était destinée à les motiver à participer à l’album caritatif A Very Special Christmas avec d’autres grands noms comme MADONNA, STING ou Bruce SPRINGSTEEN. Après un refus initial, ils enregistrent finalement la chanson, celle-ci apparaissant également sur Christmas Rap et en tant que single auquel sont adjoints les excellents « Walk This Way », « Peter Piper » et « King of Rock » dans le vinyle anglais.

Peu décisif en tant que tel dans la riche carrière de RUN-D.M.C., le titre véhicule toutefois une bonne humeur terriblement contagieuse. Il fut aussi abondamment utilisé dans la culture populaire, dans Piège de Cristal par exemple, fameux film iconique avec Bruce Willis ou Neige sur Beverly Hills, librement inspiré d’un ouvrage écrit par l’auteur américain Bret Easton Ellis.