KORINE avec ce troisième album offre à la scène synthpop une nouvelle occasion de faire parler d'elle. Si celle-ci a souvent été cantonnée, du moins sous sa forme actuelle, à un mouvement pour hipsters têtes à claques et bande sonore insipide pour défilés de mode, elle peut compter toutefois sur des projets qui méritent que l'on s'y attarde vraiment. C'est assurément le cas avec ce duo originaire de Philadelphie qui depuis 2017 alterne avec une certain succès albums et singles le plus souvent taillés pour les orphelins romantiques adeptes des dancefloors.

KORINE a en effet développé un monde aux accents new-wave qui allie avec malice rythme et mélancolie. Les rôles dans ce projet ne semblent jamais avoir été aussi bien partagés. A Trey Frey le multi-instrumentiste les mélodies efficaces et à Morgy Ramone le chant entraînant sur ses mots tristounes. Lorsque l'on s'est déjà penché sur les efforts antérieurs des Américains, on constate d'emblée que Tear malgré son titre a quelque chose de léger, du moins dans la forme, et de plus direct. L'auditeur sans contrainte aucune peut donc se laisser porter par cette grosse demi-heure synthétique.

Le duo et il le prouve encore une fois est plutôt doué pour vous amener sur la piste et vous faire faire avec tout le sérieux qui se doit l'hélicoptère. KORINE comme à son habitude soigne plutôt bien ses entrées. Que ce soit "Burn In The World" enveloppé par sa douce guitare cristalline ou "Mt. Airy" percuté par ses puissantes lignes de synthés, les Américains réactualisent la nostalgie avec engouement. Ce qui les différencie de leurs petits collègues, c'est que l'ensemble transpire une désarmante sincérité. Autrement, comment proposer sans rougeur aux joues les maxi-guimauve "Crystalline" et "Forevermore" qui malgré leurs atours sucrés et attractifs réussissent sans aucun problème à émouvoir sans pour autant donner des caries.

Si les deux compères laissent flotter leur inspiration dans une attractive mer de nostalgie, ils réussissent pourtant à éviter les écueils passéistes grâce à une belle production des plus contemporaines. L'esprit plutôt que la lettre. Les superbes "Chimera" et "Deicide" sentent bon le soleil estival mais il y a toujours en filigrane ce petit côté mélancolique qui rend l'ensemble si attachant. La voix de Ramone n'y est sans doute pas étrangère. Sorte de Robert SMITH juvénile, il réussit à rendre ses craintes, ses doutes (liste à compléter) à la fois dansants et serre-cœur ("Dream Dancer"). Évidemment, les gros durs trouveront sans conteste ces dix titres irritants car la fragilité ainsi exposée leur sembleront étrangère. Les autres savoureront ces ambiances qui à l'image de "Train To Harlem" sont toujours en équilibre entre euphorie et tristesse.

Tear ne présente pas la synthpop sous son visage le plus expérimental, c'est certain. Mais KORINE a bien d'autres atouts à nous proposer dont celui non négligeable d'atteindre sans problème le cœur de leur auditeur à chaque titre exposé.

Note réelle :3,5/5