Ben Schneider, jeune natif du Michigan, commence à grattouiller sa guitare très jeune sur les rives du lac Huron où il est fortement empreint des paysages immenses de cet endroit solitaire et sauvage. Il part en 2005 à Los Angeles, en quête de la reconnaissance à laquelle aspirent de nombreux jeunes musiciens, sort deux mini E.P auto-produits et commence à s’entourer de musiciens, mais il s’agit bien à la base d’un projet solo rapidement appelé LORD HURON. Ben recrute des musiciens qui vont et viennent autour de lui. A force de concerts et de volonté, le groupe décroche un deal chez Iamsound et leur premier disque sort en 2012. La jolie pochette nous montre un cavalier solitaire, parfaitement en adéquation avec la musique du groupe, comme vous allez le constater.

Pas de single pour un premier opus, c’est un pari audacieux ! Mais on peut toutefois mettre en avant plusieurs des morceaux de cette galette. Je vois beaucoup de similitude entre le premier, à la batterie trépidante et aux guitares smooth, et les grands classiques de BIG COUNTRY, ce qui établit une filiation directe entre les Américains et le mouvement alternatif ou indépendant. "End of The Earth" en effet résonne de tous les grands espaces – incroyable, non ? - on est d'emblée plongé dans un monde onirique de douceur et c’est bien agréable. Pour le chant en revanche, la voix calme de Ben Schneider s'attache davantage aux grands patrons de la folk ou de la country.

Des titres remarquables ? "The Ghost on The Shore" est une lancinante mélopée qu’on imagine fort bien avoir été composée au bord du fameux lac, une nuit de ciel étoilé. On y trouve les premiers ingrédients de fusion entre les sonorités alternatives et une propension à sonner folk. L'ajout d’instruments traditionnels comme le violon ne fait ensuite que renforcer cette impression. Un titre d’une belle beauté immaculée, premier d’une longue série à venir, comme on s’en doute. Evidemment, "Lullaby" est une berceuse, genre dans lequel Ben excelle comme compositeur et comme chanteur. Quelques notes toutes simples, mais un joli chant plaintif et une ambiance crépusculaire de belle allure.

Il y a un brin plus de mouvement avec "Brother" qui trimballe quelques essences shamaniques dans ses percussions et sa vibration. La voix un peu morne de Ben sonne toujours de manière aussi juste. Il y a toujours du grand espace dans ce genre de composition.
"I Will Be Back One Day" est un nouveau mélange entre des sonorités à la BIG COUNTRY et des effluves à la Neil YOUNG. Cette fusion fonctionne vraiment. D’ailleurs, les guitares de "Time To Run" ne trompent personne, nous sommes en plein alternatif. On se croirait en prude Albion, ma parole, en compagnie de ICICLE WORKS ou d’un autre des cadors de la new-wave. La vidéo très wild west est cependant un véritable symbole ricain.

La petit rythmique folky de "She Lit A Fire" nous transporte à nouveau dans les grands espaces. On apprécie la jolie vidéo où le groupe joue les redresseurs de tort dans une ambiance très trappeur. "The Man Who Lives Forever" œuvre dans ce même genre d’ambiances. Le son reste toujours mesuré chez LORD HURON et, même quand le titre est rapide, il n’est jamais agressif. "In The Wind" est un joli mid-slow aux consonances par moment celtiques. En revanche, "The Stranger" se laisse moins absorber, un poil trop répétitive. Enfin, l’éponyme "Lonesome Dreams" est un brin frustre, manque de chaleur et d’originalité, même si la production y effectue un joli travail.

Ce premier album de LORD HURON laisse entrevoir de belles promesses. Le talent évident de Ben Schneider pour pondre des mélodies avec une douceur consommée ne peut qu’être apprécié par les mélomanes de tous poils. Nous avons plusieurs titres à retenir, souvent crépusculaires, notamment "End of The Earth". Ils permettent à l’album de tenir un trois de belle allure ; mais il manque un titre majeur pour réellement intégrer l’élite de la musique actuelle. A suivre sur la durée.