Bienvenue dans le monde merveilleux de Rosalie CUNNINGHAM, auteure, compositrice, instrumentiste et jolie chanteuse anglaise de 32 ans, ex-leader de IPSO-FACTO puis de PURSON. Malgré la qualité des projets précités, elle a entamé depuis 2017 une carrière en solo, Two Piece Puzzle étant son second album, le premier et excellent essai éponyme datant de 2019.

Comment décrire les choses simplement ? Rosalie est une accro des musiques de la fin des 60’S et des 70’S, plus particulièrement du rock progressif et psychédélique avec pour références, en vrac, les BEATLES, Jimmy HENDRIX, KING CRIMSON, les DOORS, Kate BUSH, JETHRO TULL (j’en passe, on trouve même dans ses travaux antérieurs chez PURSON des sonorités très DEEP PURPLE voire BLACK SABBATH). C’est à cette formidable source qu’elle puise son inspiration que l’on retrouve tant dans la structure des compositions que dans son style de chant ou dans le choix des instruments et des sons de son album (orgues à gogo, mellotron, guitare fuzz ou crunch et même parfois les sonorités folk de la mandoline), clairement tournés vers des ambiances vintage parfaitement digérées et restituées.

Ce cadre étant posé, l’Anglaise nous propose une œuvre foisonnante et festive, emplie de chausses trappes, de belles surprises, de virages et dérapages parfaitement contrôlés, de motifs surprenants, parfois régressifs, parfois pleinement progressifs (au sens où on ne sait jamais à quoi s’attendre dans les secondes qui suivent). Passée une petite phase d’assimilation, c’est un magnifique patchwork de couleurs, d’ambiances et de sonorités géniales qui s’ouvrent à nous, dans un ensemble d’une grande variété mais maintenu en parfaite cohérence par la magnifique voix de Rosalie. Celle-ci sait se faire grave et profonde, plus espiègle, parfois éthérée, parfois très technique avec un magnifique trémolo : nous tenons une grande chanteuse qui 'habite' littéralement chacun de ses titres.

Pour en venir à ceux-ci, je les classerais en deux catégories : les très bons et les excellents ! En gros, après "Start With the Corner", superbe intro à la KING CRIMSON dotée d’un gros riff de guitare sur fond d’orgue, la Miss enchaîne "Donovan Ellington" et "Donny Pt Two", de belles pièces qui nous plongent dans une ambiance Pop-Folk un peu rétro. Arrive alors le premier plat de résistance, "The War" qui est l’intro de "Duet", titre de près de 7’30 chanté comme son nom l’indique en duo avec Rosco Wilson. Dans une ambiance très 'cabaret', le couple se dispute avec humour et nous plonge l’air de rien dans un cadre revival très nourri, à grands renforts de chœurs, d’effets sonores ou encore de piano western. La fin est psychédélique à souhait, avec un joli solo de guitare et de magnifiques digressions vocales sur les... champignons.

Dès lors, l’album s’envole réellement avec "Tristina Amnesia", compo très progressive, d’abord pleinement orientale, puis évocatrice de JANIS JOPLIN, qui déploie un superbe solo de guitare avant de se terminer en beauté. "Scared of the Dark" démarre fort avec un bel échange de guitare – voix avant d’évoluer vers une valse suivie de quelques riff doucement hard-rock, puis des sonorités bluesy, le tout dans une totale liberté rythmique et harmonique. C’est encore très réussi. "God is a Verb" est une petite ballade acoustique un peu country, pas inoubliable mais sympathique.

Autre gros morceau "Suck Push Bang Blow" me fait penser à la liberté harmonique des QUEENS OF THE STONE AGE avec un refrain pop très réussi et une structure délicieusement alambiquée jusqu’à la superbe fin à la guitare (c’est une constante, les morceaux sont vraiment à écouter jusqu’au bout). "The Liner Notes", nouvelle pièce de 6’30, évoque superbement, passée son intro acoustique, l’univers crimsonien dans une ambiance Jazz installée par une belle rythmique basse-batterie sur laquelle se posent de jolies notes de guitare. Le refrain est très évocateur de la grande Kate BUSH. La voix de Rosalie fait vraiment merveille une nouvelle fois, et les surprises se succèdent jusqu’à la fin du titre, encore très typé BEATLES.

"Number 149" est une autre réussite, avec son intro très "Light My Fire", un superbe chant profond et touchant pour une pièce gorgée de feeling Fab Four, le refrain étant comme de coutume délectable. Il nous reste "Fossil Song", jolie chanson assez simple, dotée d’un refrain top et d’une super performance vocale de notre Anglaise.
Que vous dire de plus d'un tel album, si ce n’est qu’il fait énormément de bien à la tête et au cœur, c’est génial de voir émerger une telle artiste, avec un univers à la fois si personnel et si inspiré par ses grands aînés (son parcours et son approche me font beaucoup penser à ceux de Steven WILSON, pas la plus mauvaise des références).

Rosalie CUNNINGHAM a réussi un coup de maître avec cette oeuvre pétrie de qualités, magnifiquement inspirée et remarquablement interprétée, telle une magicienne qui a su parfaitement assembler les pièces de son puzzle. C’est pour moi un gros coup de cœur et une artiste que je suivrai désormais avec la plus grande attention.

Note 4,5 portée à 5 car des découvertes de cette qualité, ça n’arrive pas tous les quatre matins !