En 2017, après deux excellents albums avec PURSON (notamment le premier particulièrement réussi) Rosalie CUNNINGHAM se dit que quitte à tout faire elle-même, autant le réaliser sous sa propre bannière. Elle abandonne au passage les références occultes et légèrement Hard-Rock de son premier groupe, pour parer sa musique de l’arc-en-ciel de couleurs du rock psychédélique. Afin de mettre au monde son premier opus, la jolie Anglaise se fait aider par son compagnon, Rosco Wilson, qui joue de plusieurs instruments et sait aussi donner de la voix à l’occasion, du batteur Samuel Thomson et du joueur de claviers Mark Stonell. Mais ne nous y trompons pas : c’est bien Rosalie qui assure l’essentiel, jouant notamment (et fort bien) de la guitare, de la basse, des claviers et habillant ce premier album de sa superbe voix, dont le potentiel entrevu dans les albums de PURSON éclate au grand jour dans cette première offrande solitaire.

Au fil des huit morceaux et des 44’ de l’album, Rosalie nous dévoile les multiples facettes de son art et nous fait voyager parmi ses variées et fort recommandables influences. En Angleterre, Rosalie est souvent présentée de cette façon : Si les Beatles et Kate Bush avaient eu un bébé, il s’appellerait Rosalie Cunningham. Il est vrai que sur cette galette, le versant Pop est très présent, mais les influences progressives et plus Rock sont également bien marquées sur la plupart des morceaux.
"Ride On My Bike" débute ainsi par un riff de guitare au son bien vintage, avant que les interventions vocales de Rosalie viennent l’habiller de multiples variations chatoyantes parfaitement relayées par sa guitare.
"Riddles and Games" durcit le ton sur le refrain avec un superbe riff et une montée en intensité de l’ensemble des instruments. L’art du refrain de Rosalie est également bien mis en valeur par "House of the Glass Red" qui rappelle les meilleurs moments du premier album de PURSON.
"Dethroning Of The Party Queen" plonge dans une ambiance magique de fête foraine macabre que ne renieraient pas des cinéastes comme Guillermo Del Toro ou Tim Burton, alors que les vocalises de Rosalie sur le refrain sont du meilleur effet. "Fuck Love" au texte doux amer présente une version plus pop mais également très séduisante de l’art de la Britannique.
Il me reste cependant à vous parler des meilleurs morceaux de l’album. "Butterflies" est une superbe et courte ballade : accompagnée par une guitare acoustique, Rosalie déploie une superbe mélodie de sa belle voix grave et profonde, l’entrée de la basse est également fort réussie. "Nobody Hears" est un des sommets de l’album, avec une intro piano/mellotron magnifique, et un arpège de guitare magique ; l’entrée au chant de Rosalie est absolument splendide, et justifie pleinement tous les compliments qu’elle reçoit (par exemple meilleure chanteuse féminine 2022 selon 'Prog Magazine'), ce titre est vraiment magique. Et que dire de "A Yarn From The Wheel" qui nous enchante tout au long de ses presque 14’. Il s’agit d’un titre totalement progressif et maîtrisé, révélant un art consommé de la composition, avec une magnifique alternance d’ambiances et des motifs successifs parfaitement agencés et exécutés. Tout l’attirail sonore de Rosalie y passe, avec un assemblage unique de sonorités vintage, guitare et claviers en tête, et une nouvelle performance vocale de très haut niveau : les vocalises des deux dernières minutes me donnent le frisson tant Rosalie sait aller chercher des notes prodigieuses et profondément musicales.

Inutile de forcer le trait, cet album est la totale réussite d'une artiste qui confirmera largement son potentiel dès son opus suivant Two Piece Puzzle et qui devra être suivie de très près dans les années à venir. Vivement qu’elle vienne nous rendre visite car des artistes de cette trempe ne courent pas les rues ni même les scènes !