Après nous avoir enchanté avec ses deux premiers albums studio, Rosalie CUNNINGHAM nous revient avec le Live At Acapela enregistré le 21 novembre 2023 à Cardiff en studio devant public. Cette caractéristique a quelques conséquences : tout d’abord un son très brut, réellement live sans apparemment d’overdubs studio, mais aussi un côté assez 'club' voire légèrement confidentiel, le public étant forcément limité dans un tel exercice, ce qui ne modère pas toutefois son enthousiasme. Cela dit, la britannique semble beaucoup tourner en Europe du Nord dans des salles d’une dimension pas encore totalement à la hauteur de son incontestable talent, le Rock Psychédélique n’étant pas au demeurant le genre le plus à la mode à une époque où l’habillage sonore et la surenchère visuelle sont les deux principaux vecteurs du succès d’un artiste, bien avant sa créativité et sa capacité à composer des titres réellement intéressants.

Pour l’accompagner durant sa tournée, Rosalie est entourée d’un groupe de belle qualité, au sein duquel figure notamment son conjoint, co-auteur de certains titres et chanteur occasionnel, Rosco Wilson. Le son de l’ensemble est parfaitement en phase avec ce qu’on attend de Rosalie : un style et un son très Rock, largement influencés par les grands noms des 60’s et 70’s dans une version fidèle, mais souvent un peu aménagée, des titres principalement issus des deux albums précités. On note une belle complicité guitaristique entre Rosalie et Rosco, avec de jolies parties entremêlées pour un rendu efficace et séduisant, ainsi que le talent de la bassiste et choriste Claudia Gonzalez Diaz qui s’avère également très douée à la flûte. Mais la grande attraction du disque est bien évidemment la superbe voix de Rosalie, qui démontre ici toute sa maîtrise, son chant au large registre se révélant impeccable du début à la fin du disque, et largement à la hauteur de sa réputation désormais bien établie en la matière.

Comme dans son dernier opus Two Piece Puzzle, tout commence par le titre "Start With The Corners", instrumental doté d’un bon riff et de jolies parties croisée et harmonisées de guitare. Issu de ce même opus, le diptyque "Donovan Ellington" et "Donny Part Two" est parfaitement exécuté, avec une pointe de regrets sur le choix de ces titres, certes excellents et parfaitement troussés mais un peu moins pêchus sur scène que d’autres de l’album. C’est partiellement le cas également de "Duet", mais ce morceau est néanmoins très intéressant à plusieurs titres : les voix tout d’abord, celle de Rosco pleine d’énergie en première partie, puis celle de Rosalie parfaite dans un registre 'cabaret Rock' ; et puis la fin est formidable avec ce long délire sur les "mushrooms" et le solo plein de feeling de Rosco dans une atmosphère envoûtante. Le dernier extrait du disque "Tristitia Amnesia" nous réserve, après un début en chœur a capella, de belles progressions harmoniques et rythmiques et de superbes vocalises de Rosalie.

Du premier album de Rosalie, nous retrouvons l’incontournable "Ride On My Bike", titre le plus à même de faire figure de tube avec sa belle mélodie, son accélération bien rock et les modulations et tremolos de Rosalie. "Dethroning The Party Queen" démarre par un joli piano classique avant de nous plonger dans l’ambiance d’une fête foraine macabre et de nous offrir de nombreuses surprises, dont des passages de piano saloon. C’est un titre superbe sur lequel la belle voix grave de Rosalie et le refrain en voix de tête produisent un effet certain. "Riddles And Games" est également très séduisant avec son intro un peu mystérieuse et l'accélération du refrain pour un rendu live parfaitement restitué. Une pointe de regret également sur quelques formidables titres de ce premier opus non joués en Live (le fabuleux "A Yarn From The Wheel" en tête.

Au rayon des surprises, Rosalie nous réserve un inédit, le titre "Rabbit Foot" co-composé avec Rosco. C’est un gros Blues-Rock à la frontière du Hard-Rock, interprété avec un feeling 70’s affirmé et assumé, dans un registre moins aventureux que les autres titres, mais totalement sincère et maîtrisé. A noter le solo de Rosco qui a dû bien écouter Ritchie Blackmore. Le chant du britannique et les chœurs des filles sont très sympas et pleins de feeling, de même que les parties d’orgue Hammond évocatrices du grand John Lord. Il nous reste la pièce de résistance du disque : "Tempest And The Tide", superbe titre issu du premier album de PURSON, ancien groupe de Rosalie. On sent que les musiciens se lâchent sur ce morceau de 13’25, doté d’une belle ambiance un peu celtique sur laquelle se posent de longues improvisations de flûte, d’orgue et de guitare et qui permet à la section rythmique de briller en se lâchant.

Nous tenons là un disque bien intéressant et réussi, enregistré dans des conditions un peu artisanales mais totalement Live, ce qui est extrêmement appréciable. Cet opus est principalement destiné aux fans de Rosalie (il est en vente par correspondance sur le site officiel, mais n’est pas disponible sur les plateformes digitales) et a vocation à faire patienter les fans jusqu’à la parution du nouvel album en cours d’enregistrement dont j’espère ardemment qu’il sera à la hauteur des deux premiers.
Puisque nous en sommes aux souhaits, espérons que nous aurons l’occasion de voir enfin sur scène dans nos contrées cette formidable et bien sympathique artiste. En attendant, ne nous privons pas de ce live At Acapela d’excellente facture et qui mérite un bon 4.