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ONE PIECE - Uta's Songs: One Piece Film Red (2022)
Par MARCO STIVELL le 10 Avril 2023          Consultée 2273 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

One Piece, le meilleur manga du monde; pardon à moitié pour tous les fans de Dragon Ball, Berserk, Attaque des Titans, Vagabond & co, et tant que vous y êtes, cachez donc ce Naruto que je ne saurais voir (ni entendre !). Depuis l'été 1997, le fleuve aux plus de 100 volumes parus et toujours en cours n'a eu de cesse de nous tenir en haleine et faire battre nos cœurs de pirates en quête de trésors et d'aventures, même sans super-pouvoirs (mais avec, pour une majeure partie du temps, la capacité de ne pas se noyer en faisant trempette dans la mer !). Luffy au chapeau de paille, capitaine le plus atypique qui soit et d'un équipage qui ne l'est pas moins (Zorro, Sanji, Nami, Nico Robin... le top 3 varie chaque semaine, même si dans le mien il y a toujours cette sacrée Robin), n'a de cesse d'être ballotté d'une île périlleuse à l'autre, avec des arcs/cycles d'histoire toujours plus impressionnants (même si aucun n'égale Water Seven/Enies Lobby à mon sens) selon la volonté d'Eiichirö Oda, père créateur de cet univers. Et, en marge de ce fil gigantesque, il y a tout l'aspect hors-série décliné en épisodes pour l'adaptation animée télévisée, ainsi que pour les films tels Red.

Il s'agit du quinzième déjà et, chose amusante, la société Toei Animation a rappelé le réalisateur Gorō Taniguchi (rien à voir avec le Taniguchi du Sommet des Dieux) qui avait été parmi les premiers à faire passer One Piece sur un format film, avec l'adaptation de la nouvelle Defeat the Pirate Ganzak! en 1998, puis plus rien en rapport avec la série depuis. Idem pour le compositeur d'alors, Yazutaka NATAKA, DJ qui s'est ensuite spécialisé en J-Pop féminine (le groupe PERFUME, les chanteuses MEG et Kyary Pamyu Pamyu) et se retrouve là, comme si vingt-cinq années ne s'étaient guère écoulées. Ce chiffre n'est, autre détail amusant, même pas l'âge de la jeune ADO (palindrome de Oda !), chanteuse choisie pour interpréter les chansons d'Uta, fille de ce bon vieux Shanks dit 'le Roux' - d'où le nom Red - que l'on connaît depuis le tome 1 de One Piece en tant que mentor de Luffy, et personnage autour lequel ce film est centré. Accessoirement, ADO est devenue à dix-huit ans, en plein confinement, l'artiste féminine de sa génération la plus écoutée au Japon grâce à quelques singles et, disons le tout de suite, elle le mérite amplement !

Dès le début du film, l'ambiance musicale prévaut puisque Luffy et son équipage se rendent à un concert dans une île-stade ; notre cher Usopp/Pipo est d'ailleurs grimé en émule de KISS. Uta, jusque-là absente de la série, est une chanteuse pop réputée mondialement à l'échelle de One Piece, les foules se pressent pour la voir et goûtent à ses discours positifs fleurant bon le néo-hippie, mais la suite de l'histoire nous fait voir un personnage pas si rose que cela, et Luffy va avoir fort à faire pour préserver sa vieille copine de jeu ainsi que lui-même et ses amis co-équipiers. Les raccords avec l'histoire de base peuvent sembler grossiers, et le personnage lui-même n'est pas forcément apprécié des fans. Pourtant, l'idée d'une entité musicale autre que Brook, le squelette-escrimeur truculent parmi les protagonistes, était tout à fait bienvenue.

Et si les chansons demeurent de qualité, c'est peu dire comparé à la chanteuse, aussi jeune soit-elle ! "Shinjidai"/"New Genesis" est incontestablement l'hymne pop-rock de ce film événementiel, dans une veine new-wave retravaillée et très entraînante, faussement introduite par un piano-voix fragile. Ce style-là, DJ NATAKA a eu le temps de le mûrir ces vingt dernières années auprès des chanteuses avec lesquelles il a travaillé. Cela donne un vrai tube de stade, avec foule en délire, un son massif malgré le mix batterie un peu timide, un DX-7 de Yamaha pour ponctuer les refrains, une guitare qui remonte tout de même... Et, par-dessus tout, une chanteuse qui a déjà un niveau de grande.

Loin d'être du type J-Pop habituel pour ne pas dire caricatural (la petite souris quoi), ADO possède même un timbre et des intentions que, simplement pour décrire aux novices, on dirait plutôt 'occidental', avec des accents très proches de SHAKIRA dans sa capacité à moduler son timbre, passer du nasal au falsetto et redevenir sensuelle en un rien de temps. Le verbiage en japonais peut ainsi prendre une tournure plus accessible, et l'énergie qu'elle déploie n'en est que plus appréciable. Après ce premier titre, ADO/Uta enchaîne d'ailleurs avec "Watashi wa Saikyou"/"I'm Invincible", morceau plus californien avec des arrangements moins synth-pop basiques et plus échevelés, des cuivres incorporés, une batterie encore plus explosive et même une rupture en valse à l'ancienne !

"Gyakkou"/"Blacklight", nouveau rock ensoleillé avec guitares en avant, reprend les cris du public sur disque. ADO y met davantage de nervosité, suivant l'évolution du film, et le pont sonne à la fois funk et métallique avec basse et guitares. "Tot Musica", du nom du pouvoir maléfique qui crée la menace, est un titre dark et 'heavy' plus lent voire roulant, telle une marche funeste où la chanteuse vocifère au milieu de cascades orchestrales dignes du metal nordique. Et le tout avec naturel, pour un ensemble qualitatif aux forts contrastes, meilleur que le film en lui-même ! "Utakata Lullaby"/"Fleeting Lullaby" est encore un autre exercice dantesque pour ADO, plutôt dans un style jazz et latino avec saxophones en avant, à la fois sexy et hystérique où la chanteuse délivre un verbiage qui reprend la crasse du rap avec génie et sans écorcher les oreilles ou alors délicieusement, dans un japonais des plus délirants.

Avec tout cela et outre la brève intro de "Shinjidai"/"New Genesis", les ballades piano + cordes n'arrivent qu'à la sixième piste (qui correspond au milieu du film), soit la fin d'un disque court il est vrai. "Sekai no Tsuzuki"/"The World's Continuation" et "Kaze no Yukue"/"Where the Wind Blows" ne sont sans doute pas les meilleurs efforts, mais ils sont nécessaires par rapport aux codes de l'animation, et il fallait bien qu'ADO ressemble un peu aux autres chanteuses, à un moment ! Elles restent tout à fait plaisantes cela dit, notamment la seconde, avec ses élans plus folk et idéale pour une conclusion.

Si le film n'est pas mémorable, il est donc à écouter au moins pour découvrir le talent d'ADO, ensuite pour les chansons et sa BO d'ensemble de qualité ; on apprécie particulièrement le rappel instrumental de "We Are!", générique emblématique de One Piece lors des premières saisons animées (à cet instant, dans certaines salles, des spectateurs en nombre se seraient levés, poing sur le cœur !). En bonus sympathique, le disque nous offre une reprise de l'autre tube du manga, "Binkusono Sake"/"Le Bon Rhum de Binks", chanson de Brook dont la convivialité n'est plus à prouver. Au départ, la voix d'ADO peut surprendre voire choquer par ses 'yohohoho' aigus et peut-être même pour la suite, aurait-il mieux valu ne pas la laisser seule, sans chœurs. Et pour le reste, elle s'en sort à merveille !

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Yazutaka Nataka (direction musicale)
- Ado (chant, choeurs)


1. Shinjidai/new Genesis
2. Watashi Wa Saikyou/i'm Invincible
3. Gyakkou/blacklight
4. Utakata Lullaby/fleeting Lullaby
5. Tot Musica
6. Sekai No Tsuzuki/the World's Continuation
7. Kaze No Yukue/where The Wind Blows
8. Binkusono Sake (bonus Cd)



             



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