Cet album a rappelé à mon souvenir les œuvres de Nik Pascal RAICEVIČ, obscur synthésiste américain ayant cultivé une musique expérimentale et atonale, tantôt méditative et introspective, tantôt sombre et effrayante, sur cinq albums bancals mais pas inintéressants. La pochette d’Inside The Dream m’évoque en particulier celle de Numbers (1968), tout premier albun de Nik Pascal. Les deux ont en commun un paysage désertique d’outre-Terre qui renferme de longues plages répétitives… trop répétitives hélas.

Second disque publié sous le nom PÔLE, Inside The Dream n’a aucun personnel en commun avec son prédécesseur, à l’exception de Paul Putti lui-même. Sur chacune des faces de ce second album opèrent des line-up fort différents. La première face est occupée par le long morceau-titre, intégralement joué par trois guitaristes en plus des effets sonores de Paul Putti. Une fois de plus, ces trois nouvelles têtes font leur première et dernière apparition sur ce disque. Il s’agit d’une improvisation complète. Inutile cependant de s’attendre à un déluge sonore à la CAN; ce « Inside The Dream » est disparate et décousu.
En fait, «Inside The Dream» est fort inspiré de l’album Future Days (1973), œuvre chaleureuse et feutrée qui a inauguré les expériences "world" de CAN. Hélas, la comparaison est cruelle pour la bande à Paul Putti, leur effort n’arrivant pas à la cheville du modèle teuton. « Inside The Dream » démarre avec une ballade à la guitare sèche de Christian Rouch, excessivement simpliste puisque tournant sur deux pauvres accords, avec parfois un chantonnement par-dessus, dans un vague style folk. Vers la minute onze, ouf, la ballade s’arrête enfin, et Christian Rouch part sur une autre idée, meilleure je trouve, suivi du bassiste Éric Dervieu. Un instant plus tard, Christian Rouch se ravise et laisse progressivement la place à la ligne de basse. Ce morceau est trop long, mais serait presque charmant, s’il n’y avait les pénibles disgressions électriques de Marc Azad, avec le concours de Paul Putti aux effets sonores (sans doute des pédales d’effets) s’étalant sans discontinuer sur les vingt-cinq minutes que dure le morceau!

Quant à la seconde face, elle est occupée par deux improvisations au synthétiseur de Jean-Louis Rizet. Il s’agit de « Outside The Nightmare » et « In The Maëlstrom » qui s’enchaînent. Là, ça devient plus intéressant. Ce n’est pas transcendant mais au moins y a-t-il un peu de construction musicale et un effort de recherche sonore. Pour le coup, ces vingt minutes de musique électronique se placent dans la droite lignée des paysages sonores fantasmagoriques de Nik Pascal. Bien sûr, c’est loin d’égaler les fleurons du genre (la même année, Rubycon de TANGERINE DREAM et Timewind de KLAUS SCHULZE) mais cela reste plaisant et préfigure les longs trips planants du futur album Pôle que Jean-Louis Rizet réalisera en collaboration avec Philippe Besombes.
Cette seconde face constitue le principal intérêt d’Inside The Dream, et pourrait occasionnellement convenir aux amateurs du genre. Mais encore une fois, rien de très mémorable, il reste encore du chemin à parcourir avant de pouvoir se faire un nom dans l’Histoire de la musique électronique.