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1975 Pataphonie
 

- Membre : Pôle, Luc Marianni

PATAPHONIE - Pataphonie (1975)
Par NANAR le 7 Mai 2023          Consultée 381 fois

Aquali se dissolvant dans l’eau et réapparaissant à la surface en un seul morceau, Dumbo soufflant des bulles carrées avec sa trompe, Godzilla ne s’effondrant pas sous son propre poids, Ron vomissant des limaces au terrain de Quidditch, Herbert De Vaucanson qui pulvérise des gobelins à coups de plume, une Terre plate ne se brisant pas en mille morceaux dans l’espace. Ces phénomènes relèvent tous de la Pataphysique. Ce néologisme, apparu à la fin du XIXe siècle et popularisé par l’écrivain français Alfred Jarry, désigne la « science des solutions imaginaires », tous les phénomènes possibles et imaginables, de préférence contraires à toute conception scientifique rigoureuse.

Pataphonie est un groupe de rock français fondé en 1973 par le guitariste André Viaud, le bassiste Pierre Demouron et le batteur Gilles Rousseau, peu après rejoints par le pianiste Bernard Audureau et le saxophoniste Alain Sève. Cette formation, qui n’a acquis son nom Pataphonie qu’en cours de route, s’est fait connaître sans avoir encore gravé quoi que ce soit sur disque, par ses performances scéniques en grande partie improvisées, mêlant le rock à diverses influences jazz et classiques. C’est finalement en 1975 que le groupe eut l’occasion de mettre en boîte un premier album, pour le compte du label Pôle Records de Paul Putti – encore lui! Ce premier opus éponyme est constitué de deux longues pistes d’environ vingt minutes. Dans les notes de l'albums est spécifiée la date: 9 juillet 1975, ce qui semble être la date d'enregistrement. Or d'après ProgArchives cet album est un collage de différentes performances du groupe en concert à partir de 1972.

Ni compositions, ni improvisations organisées, ce disque présente un amalgame sonore anarchique, non pire, abstrus, absurde. Absurde, voilà peut-être l’idée qui est venue au groupe pour la réalisation de cet étrange objet. Pas de rythme, pas de mélodie, a fortiori pas de structure. Là où Metal Machine Music était un gruau bruitiste, Pataphonie est un vaste barnum drolatique. Tantôt les musiciens se contentent de faire du bruit, tantôt ils font défiler des notes sans direction précise.

Nous pouvons quand même tenter un bref état des lieux. Après une introduction calme à base de pets de bouche dans un tuyau, « Pataphonie » débouche sur une première moitié des plus chaotiques, qui semble ne devoir que monter jusqu’à la cacophonie la plus complète, avant une césure salvatrice. La seconde moitié de ce morceau pourrait ressembler à une improvisation de jazz, mais c’est plus de la singerie qu’autre chose, tant les musiciens semblent s’entêter à jouer chacun dans leur coin.

Quant à « Structure Poubelle », on peut dire que cela aurait fait un excellent titre à cet album. Ce second morceau se divise en trois grandes parties. La première dure environ neuf minutes et commence par des grincements de cordes qui ne tardent pas à se muer en grincements de dents. Ces bruitages laissent vite place à une ligne de piano électrique méditative, bientôt suivi par la guitare. Cette séquence est agréable, enfin quelque chose de sensé ! Enfin, les quatre instrumentistes parviennent à se fixer sur une idée commune, pour deux ou trois minutes. Las, cette idée prometteuse cède encore au désordre le plus complet, tout le monde semble à nouveau n’en faire qu’à sa tête. La deuxième partie de « Structure Poubelle » est une autre improvisation de quatre minutes et demie, tout aussi désordonnée mais plus calme. La troisième et dernière partie, d’à nouveau neuf minutes, est la plus intéressante: après quelques caquètements musicaux, émerge un nouveau riff de piano électrique, à nouveau calme et répétitif, vaguement suivi par les autres instrumentistes. La fin est plus décousue mais conserve judicieusement ce style calme.

Cet album est régulièrement vilipendé dans le cercle du rock progressif – il suffit de voir sa moyenne catastrophique sur ProgArchives ! Malgré mon attachement quasi fétichiste à ce genre de bizarreries musicales, il faut bien reconnaître que ça se comprend. Quelque part, Pataphonie est déstructuré au point de faire de l’absurde un nouveau genre musical. C’est bien beau, mais l’improvisation totale est une démarche ingrate. Pataphonie a au moins le mérite de montrer que s’il peut en émerger de belles idées, cet exercice comporte un risque élevé d’égarement. Heureusement, l’album suivant sera d’une tout autre tenue.

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- André Viaud (guitare)
- Pierre Demouron (basse)
- Gilles Rousseau (percusions)
- Bernard Audureau (piano électrique, orgue)


1. Pataphonie
2. Structure Poubelle



             



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