Ce n’est que quatorze années après leur débuts que LES SALES MAJESTES sortent leur premier album, Bienvenue, en 1995. Celui-ci fait tout de même suite à plusieurs productions sorties sous différents formats (K7, CD, vinyle). Notamment Et que Dieu me pardonne en 1987, Là-bas, la colère en 1988 et Les Sales Majestés en 1989.

Le groupe a alors déjà subi plusieurs changements de membres, puisque Franck Beugné (batterie) et Jean-René Cessinas (Basse) ont déjà quitté le navire lorsque le groupe se présente en studio pour mettre en boite. Bienvenue. Lors de l’enregistrement de celui-ci ce sont Pascal (guitare) et Gilles (batterie) qui quittent également le groupe.
Quoi qu’il en soit, ce délai pour sortir un premier album, durant lequel Les SALES MAJESTES n'ont pas été avares de concerts, peut expliquer que le groupe apparaisse relativement bien en place au regard du style pratiqué ; un Punk Rock énergique et revendicatif.
Un constat qui est évident lorsque l’on compare leur premier morceau, "Je suis fier" avec son auguste devancier "Je suis fier de ne rien faire" des OLIVENSTEINS (EP de 1979). Si la logique et la forme de ces deux morceaux sont assez proches, la qualité sonore n’a rien à voir. Le son des SALES MAJESTES, bien qu’agressif, est clair, et la diction de Arnaud Cessinas est limpide. Son chant se rapprochant un peu de celui de Jacques Dezandre (GOGOL PREMIER).
Revers de la médaille, on pourrait presque regretter que le chant ne possède par la hargne et la rage que l’on peut retrouver chez les BERUS, ou bien la morgue propre au chant de PARABELLUM ou des CADAVRES. Mais l’avantage est que la plupart des textes sont aisément compréhensibles ce qui n’est pas négligeable lorsque, d’une part, on se veut être un groupe à message. Et que d’autre part on pratique une musique qui ne fait pas de la variété et de la propreté des objectifs premiers.

En effet, le groupe pratique clairement un Punk Rock assez primaire et originel, avec des rythmiques rapides et, relativement peu de variations. C’est frontal, direct, énergique et assez linéaire. Mais ce n’est pas dénué d’un certain sens de la « mélodie » propre à transformer certains de leurs titre en hymnes faciles à scander, à l’image de "La Révolution" ou de "En France".
Il faut toutefois signaler que, comme cela était le cas avec les déjà cités OLIVENSTEINS, la basse est parfois mise en avant. Sur certains morceaux, celle-ci se révèle très présente et groovy, comme cela peut-être le cas sur "Partie". Ce dernier titre faisant un peu figure d’OVNI dans ce disque, du fait de l’intégration de nombreux breaks et changements de rythmes. Mais, au-delà des interventions de Vlad et de sa basse, il serait un peu vain de chercher beaucoup des fioritures dans les compositions des SALES MAJESTES. Celles-ci ne s'embarrassent pas de solo de guitare ou de tentative d’inclure des sonorités étranges. Seules les introductions de "La rage", de "Attention" et de "En silence" apportent une once de variété.
Car, le but du groupe semble clairement de proposer une musique brute et directe a même de soutenir des slogans ou des textes revendicatifs et contestataires.
Les SALES MAJESTES se positionnant ouvertement dans une logique de protestation contre les dérives autoritaires et de promotion d’une vision égalitaire et solidaire de la société.
Leur message est donc bien plus élaboré que celui des SEX PISTOLS, dont l'ombre plane sur "Révolution", notamment du fait du chant plaintif et des guitares brutes.

Difficile d’imaginer que Les SALES MAJESTES recueillent de l’adhésion en dehors d’un public déjà sensibles aux idées développées par le groupe, tant celles-ci occupent une place centrale dans leur œuvre.
Mais pour les personnes non réfractaires à celles-ci, il y a lieu de reconnaitre que ce premier album propose des titres qui ont le profil de devenir des classiques du genre, à l’image du hargneux La Révolution", du saccadé "La rage" ou de la profession de foi, "Je suis fier".
Un premier album marquant et carré.