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ZYDECO BLUES  |  STUDIO

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2012 3 Steps From La La
2015 Automatic Harvester

Ernest James ZYDECO - Automatic Harvester (2015)
Par LE KINGBEE le 23 Juin 2023          Consultée 361 fois

C’est incroyable ce que les actualités peuvent être déprimantes. Entre une caste qui veut faire bosser le peuple jusqu’à plus soif, un mégalomane qui s’est mis en tête de redessiner la carte géopolitique, un pays soudainement devenu le grenier du monde, des spéculateurs qui se remplissent les poches sous couvert d’inflation, sans oublier ces problèmes d’eau et de sécheresse. René Dumont évoquait le sujet lors de la présidentielle de 74. Quand on y regarde de plus près, toutes ces thématiques fonctionnent par cycles sous la coupe de médias adeptes d’une désinformation généralisée. Rassurez-vous, les feux de forêt et une énième Covid devraient resurgir d’ici peu.

Vu le climat de déprime qu’on tente d’instaurer et qui nous incombe bien souvent, rien de mieux qu’un petit disque de Zydeco pour dérider la tristesse ambiante.

ERNEST JAMES ZYDECO n’est pas un inconnu de notre site. A travers le titre Automatic Harvester traduisible par 'Moissonneuse Automatique', instrument qui renvoie au domaine agricole, à la plantation et peut-être à un manque d’eau, il convient d’y voir un appel du pied au brassage musical, Ernest James et son groupe conjuguant en effet diverses influences.

A l’heure où j’écrivais ces modestes lignes, Ernest se produisait au Riverfest de Wichita, en première partie des Soul Rebels. Il y a de cela quelques années, votre humble serviteur a vainement essayé de le faire venir en France pour une série de concerts. Bien souvent, les programmateurs contactés devaient me prendre pour un illuminé en recevant mes documentations et mes plaidoyers. Mais il est arrivé qu’on me rappelle pour m’expliquer que sans l’apport d’une boîte de prod', Ernest et son groupe auraient du mal à se produire en Europe, malgré la qualité des disques et des concerts. J’en garde un souvenir amer, l’adage Faut pas que ça coûte avait encore frappé. Pourtant, avec l’aide de certains réseaux et le concours de diverses revues amies, je garantissais à l’époque des salles comble. Résultat des courses, je n’ai jamais vu Ernest sur scène autrement qu’en vidéo. Il me faudra traverser l’Atlantique pour voir l’accordéoniste.

Cette autoproduction présentée sous forme d’un élégant digipack cartonné avec double pochette paraît en 2015. Le répertoire demeure personnel, Ernest James et Jaisson Taylor demeurant les uniques pourvoyeurs des onze titres. D’emblée, on ressent un esprit de corps, une cohésion et une complicité évidente entre les différents membres. Ancien fondateur de Hot House, Jaisson Taylor a assez de bouteille pour nous emmener sur le toit du monde ; le gars a accompagné Al GREEN, Bill WITHERS, Freddy KING, Honeyboy Edwards et Jean-Luc Ponty (pour ne citer que les principaux). La troupe rompue aux grands festivals de Zydeco et de Blues reste rompue au groove. Si le double rang ouvre les hostilités sur "Automatic", le frottoir de Barry Barnes ne cesse de balancer d’adroits riffs vite obsédants tandis qu’en arrière fond le fiddle de Betse Ellis (membre du duo Folk Betse & Clarke) apporte une touche mélancolique. Retour aux sources du Zydeco avec l’humoristique "Knock Me Over With A Feather", un two step avec fiddle, frottoir, accordéon, triangle, assemblage d’instruments qui se fait de plus en plus rare aussi bien dans le Zydeco que le répertoire Cajun.
Changement de cap avec "Cry Baby" * morceau qui instaure un décor Soul d’où se détache la pedal steel guitare de Mike Stover (ex-Dead Voices), un contraste particulièrement bichonné entre Soul et Country. Le dobro impulse une atmosphère propre au Delta sur "Bulldog", titre délicieusement bluesy. Le groupe opère un virage à 90 degrés avec "Eh Catin (Oh Sweetheart)" **, un vrai old time à la frontière du Zydeco et du Cajun. L’accordéon tisse une toile bien collante typique aux sonorités du sud-ouest louisianais. Si aucun des instruments ne s’arroge le premier rôle, le frottoir et le violon se révèlent comme d’excellents fers de lance.
Malgré une certaine lenteur, "Jack Ride, Jimmy Roll" dévoile tout un lot de nuances avec le Mississippi comme point de départ et la Nouvelle Orléans comme destination finale. La complémentarité des deux guitares permet de tisser un décor ambigu, tandis que le chant fluctuant entre espoir et crainte évoque par moments des intonations proches de Vic Chesnutt et Townes Van Zandt. Sur "Foolish Fool", si l’accordéon lorgne en intro sur la tonalité de nos guides chants d’école, le jeu de guitare de Tony Lacroix et la rythmique nous renvoient à une ambiance que ne renierait pas Boz SCAGGS.
Ernest James nous offre une valse pleine de nuances avec "Tough Times Waltz". Pièce cabotine portée par la steel guitare, le banjo et un jeu d’accordéon qui évoque celui d’Horace TRAHAN. Impression confirmée avec "Keeps Me Rolling", un two step entrainant joué en mode old school. La formation nous invite au cœur de la Nouvelle Orléans avec "YJ’s", un titre renforcé par une section de cuivres et enregistré en Live. Si Jaisson se charge du micro et s’offre même une invective amicale avec Barry Barnes et Ernest, le groupe nous plonge carrément entre Mardi Gras et un épisode de la série télé Treme avec Khandi Alexander et John Goodman. Le disque se termine par un coup de canon avec "Whoa Bye", un two step dévastateur mené tambour battant par les double kick de la grosse caisse, un washboard en ébullition et un accordéon qui draine derrière lui un assemblage d’instruments que seul le Zydeco nous permet de croiser.

Preuve que certaines choses nous échappent malgré de nombreuses écoutes. L’un des personnages de la pochette semble cultiver une certaine ressemblance avec l’anglais Keef Hartley, à moins qu’il ne s’agisse d’une coiffe de style Indian Mardi Gras. Ernest nous répondra peut-être. Etabli à Kansas City, cette formation nous embringue dans un magnifique voyage au cœur de la Louisiane et du Mississippi. Un disque bien produit et plein de gaité.


*Titre homonyme à ceux de Jerry Ragovoy, The Scarlets, Gloria Jones et Melanie Martinez.
** Il n’y a aucune signification péjorative dans le mot Catin traduisible par poupée ou demoiselle.

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- Ernest James (chant, accordéon, guitare, dobro, claviers)
- Tony Lacroix (guitare, chœurs)
- Mike Stover (basse, steel guitar, banjo)
- Jaisson Taylor (batterie, percussions, chant 2-10)
- Barry Barnes (frottoir, triangle, percussions, chœurs)
- Betse Ellis (fiddle)
- Aryana Nemati (saxophone 10)
- Ryan Thielman (trompette 10)
- Brandon Thielman (trombone 10)


1. Automatic
2. Knock Me Over With A Feather
3. Cry Baby
4. Bulldog
5. Eh Catin (oh Sweetheart)
6. Jack Ride, Jimmy Roll
7. Foolish Fool
8. Tough Times Waltz
9. Keeps Me Rolling
10. Yj’s
11. Whoa Bye



             



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