Est-ce que le groupe new yorkais The PRETTY RECKLESS a vendu son âme au diable pour le succès ? C’est en tout cas la question qu’il semble se poser avec ce troisième album Who You Selling For écrit et sorti après les deux ans passés sur la route lors de la tournée qui accompagnait Going To Hell, le dernier disque.

Certains titres comme le single "Take Me Down" sont teintés d’une influence blues où les riffs de guitare intrépides s’entrelacent à la batterie exaltante. On y aborde le thème du deal avec le diable, représenté peut-être par l’industrie musicale (Been waiting at the crossroads forever and a day/And no guy to buy my soul/I’ve spent all night and day/How much harder can I play ?/You know I gave my life to rock’n’roll). On relève les choeurs ultra-plaisants qui accompagnent la voix rebelle de la frontgirl Taylor Momsen et qui s’élèvent sur l’instrumentation. On reste sur ce même thème dans "The Walls Are Closing In / Hangman" qui mixe guitares intenses, atmosphère sombre et paroles en latin.

Il en va de même du single au tempo plus lent "Take Me Back" qui évoque la nostalgie d’une vie d'avant la gloire (I’m going back to the river/Where the devil can’t find me) où le musicien américain Warren HAYNES accompagne le groupe de sa guitare slide. "The Devil’s Back", plus traînant et à l'outro instrumentale magnifique de presque 4 minutes, laisse penser que ce fameux diable de retour n’est autre que l’anxiété.

On a encore deux autres chansons plus lentes, décontractées et introspectives, "Who You Selling For" et "Bedroom Window" avec sa guitare acoustique, où Taylor, un peu déconnectée de la réalité, chante le chaos de la vie. La parenthèse rêveuse ne dure pas puisqu’on revient vite au rock 'kick ass' et énergique du groupe avec la batterie et les guitares fantastiques de "Living In The Storm", "Already Dead" ou sur la track finale "Mad Love", géniale, au son un peu distordu.

La batterie est au max sur le single "Oh My God", un moment fort de l’album sur la désillusion (Don’t try for perfect, it’s never enough) où Taylor explose et hurle de sa voix la plus brute ses pensées dépressives (Oh my god, wish I could swim/‘Cause I’m gonna drown in depression again). Il y a encore Wild City à l’attitude ultra-fun et entraînante qui laisse la place à des solos excités rendant l’expérience d’écoute hyper convaincante. A noter aussi le blues-rock de "Prisoner", toute simple mais relevée de pieds et de mains qui frappent tout du long pour accompagner un message optimiste (You can have my body/But you can’t have me).

Après vérification, tout y est : l’intense performance vocale de Momsen, profonde et emplie d’émotions ; le son féroce et captivant des instruments toujours au rendez-vous ; des mélodies qui restent en tête et des paroles chargées qui font réfléchir, toutes co-écrites par la chanteuse et le guitariste Ben Phillips. C’est un album à écouter : excitant, plus mature, qui mêle rock et blues avec un petit côté soul par moments et plein de compositions dynamiques qui nous gardent attentifs du début à la fin.