TAME IMPALA, le projet de l’australien Kevin PARKER, voit le jour en 2007 sur Myspace, et attire rapidement l’attention des maisons de disque. Kevin et son groupe sortent un E.P, puis se font connaître en participant à des festivals avant de sortir en 2010 leur premier album studio Innerspeaker, très vite reconnu comme un souffle nouveau dans l’univers moderne du rock psychédélique.

Dès la première piste, "It Is Not Meant To Be" nous emporte dans un rêve immersif, mélancolique et hypnotisant où les riffs de guitares mélodieux sont au rendez-vous. Imaginez-vous bien accroché sur une tyrolienne fendant le ciel (un joint au bec, c’est plus sympa) pour descendre dans la forêt illustrée sur la pochette de l’album. Ca y est, avec cette petite mise en bouche, vous êtes prêt pour l’excellent trip sonore qu’est "Desire Be Desire Go". C’est un tourbillon fascinant - presque une transe - de batterie et de guitares psychédéliques prenant la place centrale pendant plus d’une minute qui mériterait de ne jamais s’arrêter.

"Alter Ego" poursuit l’exploration sonore sur une instrumentation ultra-riche et une section de cordes virevoltante, voire un peu jazzy. Le single "Lucidity" montre le chanteur confus, en recherche de clarté (Lucidity, come back to me/Put all five senses back to where they’re meant to be/Oh, it’s hard to tell, breaks down/There is a will, there is a way). L’ensemble est groovy, les changements de tempo et le rythme entraînant ne donnent pas une minute de répit, et c’est sans parler du solo de guitare qui fait de cette piste l’un des meilleurs moments de l’album.

"Why Won’t You Make Up Your Mind" au travail de guitares impressionnant verse à nouveau dans un trip psychédélique. PARKER n’est certainement pas victime de FOMO sur le beat pop-rock de "Solitude Is Bliss" où les effets donnent une impression d’effervescence et de quiétude (There’s a party in my head/And no one is invited).

L’instrumentale "Jeremy’s Storm" offre une (longue) interlude sympa, captivante et pleine de textures, puis c’est le single "Expectation" qui reprend tout feu tout flamme le groove contagieux du projet, tout comme dans "The Bold Arrow Of Time" avec sa basse géniale. La chanson reste extraordinairement dynamique malgré les paroles débitées lentement, très lentement, comme si Kevin était perché en plein trip.

"Runaway Houses City Clouds" résume très bien l’atmosphère de Innerspeaker, particulièrement avec son épique passage instrumental de presque quatre minutes où la basse colossale se marie aux riffs de guitare sur des arrangement complexes ; c’est tentaculaire, génial, à ne manquer sous aucun prétexte. La batterie conduit le titre final "I Don’t Really Mind" sur presque toute sa durée, excepté lorsque les synthés d’une autre planète parviennent à s’y frayer un chemin.

Innerspeaker marque le début d’un parcours musical qui incitera une nouvelle vague d’artistes du paysage musical contemporain à intégrer des tonalités de rock psychédélique à leurs créations. PARKER manie méticuleusement la production en tissant des instrumentations hallucinantes qui combinent des riffs classiques et futuristes à la fois. TAME IMPALA est un projet pertinent doté d’une sensibilité moderne, et Innerspeaker reste encore - une décennie plus tard - une rêverie psychédélique qui résiste à l’épreuve du temps.