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1970 Patto
1971 Hold Your Fire

PATTO - Patto (1970)
Par LE KINGBEE le 10 Juillet 2023          Consultée 560 fois

Gamin, la pochette de ce disque m’a toujours interloqué, on pourrait même dire effrayé. Il aura fallu que je prenne quelques centimètres pour oser mettre ce disque sur la platine et au moins deux décennies pour que je puisse enfin apprécier ce répertoire à sa juste valeur.

PATTO se forme en 1970 à l’initiative du chanteur Mike McCarthy, alias Mike Patto, rejoint par trois membres de TIMEBOX le batteur John Halsey (futur Rutles), le bassiste Clive Griffiths et Ollie Halsall*, guitariste surdoué. Si Timebox œuvrait dans un registre à cheval entre Mods et Pop à l’image du hit "Beggin" une reprise des Four Seasons, le groupe prend une autre dimension sous l’impulsion de Mike Patto dont le pseudo sert de nom au groupe.
Alors que l’industrie phonographique est en proie à de multiples mutations débouchant sur d’excitantes nouveautés, le monde reste marqué par l’arrêt des BEATLES, les décès de Jimi HENDRIX et Janis JOPLIN ; la sortie du premier disque de KING CRIMSON, quelques mois plus tôt, marque le lancement d’une période féconde en créativité dans laquelle va s’engouffrer le groupe de Mike Patto.

Sous la houlette de Muf Winwood, ancien bassiste de SPENCER DAVIS GROUP et frangin de Steve qui cornaquait Timebox, Patto parvient à décrocher un contrat chez Vertigo, nouveau label se consacrant principalement aux circuits Prog, Post Psy, Hard et Fusion. Vertigo vient de sortir plusieurs productions qui feront date (Paranoid de BLACK SABBATH, Elastic Rock de NUCLEUS et Manfred MAN Chapter Three). Privilégiant les sorties du premier GENTLE GIANT et de Daughter Of Time, 4ème opus de COLOSSEUM, le label d’Olav Wyper lésine à promouvoir ce premier éponyme probablement apeuré par un répertoire trop novateur et composé de titres trop longs pour intégrer les formats radio de l’époque. Si Muff Winwood nous offre une production souple bien dans l’ère du temps, Brian Humphries au consoles peut se targuer de nous offrir une prise de son en droite ligne avec ses derniers enregistrements (TRAFFIC, PINK FLOYD ou SPOOKY TOOTH).

D’entrée, "The Man" nous plonge dans un étrange décor entre Blues et Fusion cosmique avec sa grosse ligne de basse et le chant voilé et terriblement habité de Mike Patto. La tension monte crescendo tandis qu’on entend brièvement les volutes d’un vibraphone discret. Une petite pépite dépassant les 6 minutes mais dont on reprendrait bien volontiers une seconde coupe.
Changement de cap avec "Hold Me Back", là la guitare d’Ollie Halsall se fait aussi inventive que percutante marqué par un refrain accrocheur dans le plus pur style du Heavy Blues. Impression similaire avec "Red Glow" marqué par deux solos de gratte dévastateurs et un timbre particulièrement volontaire. "Time To Die", un petit interlude de Folk Prog acoustique d’à peine 3 minutes vient trancher avec les deux plages précédentes. On est ici à la frontière entre "Alone Again Or" de LOVE et des toiles chargées de nuances Prog Folk du futur KANSAS.

La face B s’ouvre sur "San Antone" débouchant sur une ambiance Jazz Rock se transformant au fil des secondes en Heavy Rock via les baguettes pleines de furie de John Helsey. Le timbre rocailleux de Mike Patto colle parfaitement au caustique "Government Man", excellente chanson en mode Prog Fusion sur l’injustice sociale, les expropriations sous ordonnances des banques et du gouvernement avec une conclusion désabusée et amère soulignant que les gros mangent souvent les petits. En guise d’au revoir, le groupe distille l’étrange "Sittin’ Back Easy", une parabole sur le mal être d’une fille rêvant d’une gloire qu’elle ne connaitra jamais. Le titre vaut essentiellement par les licks de guitare et le chant du leader, le tout débouchant sur une ambiance entre Fusion et Rock Psy plus banale qu’accrocheuse.

Terminons ces modestes lignes avec le morceau de la discorde, "Money Bag". D’une longueur de 10 minutes, on sent dès le départ que le titre va s’avérer long comme un jour sans pain. Il faut attendre plus de 6 minutes pour que Mike Patto prenne en charge le micro, abordant un texte sur le matérialisme et le pouvoir de l’argent, une fortune ne rimant pas forcément avec le bonheur. En dehors de cela, o a l’impression d’assister à une Jam totalement improvisée dans laquelle les instruments interviennent au petit bonheur la chance, réfutant toute cohérence sonore. Les amateurs d’Ambient, de Free et d’Expérimental apprécieront peut-être, les autres décrocheront rapidement. Aujourd’hui encore je n’ai toujours pas compris où le groupe voulait en venir.

Si ce premier jet demeure assez inégal, avec une face A hautement enthousiasmante et novatrice portée par l’envoutant "The Man", la seconde reste plus anecdotique malgré la virtuosité des trois instrumentistes et l’inventivité d’Halsall. Patto propose ici un bouquet aussi savoureux qu’énigmatique d’où s’évaporent divers arômes, certains se perdant aussitôt parce que trop indéfinissables, alors que d’autres semblent nettement plus persistants. Le chant de Mike Patto pourrait servir de pont entre le timbre guttural de Joe COCKER et celui de Steve Marriott. Maintenant reste à savoir dans quel rayon classer le visage beuglant de la pochette ? Ce disque parfumé de Prog, de Fusion, d’Heavy Blues et d’un soupçon de Psy sera classé sur l’étagère du Jazz Rock.

Ce disque a été réédité en format CD en 2017 par Esoteric Recordings avec trois titres bonus dont deux Live issus d’une session à la BBC. Cette chronique provient de l’écoute du pressage français.


*Certaines pochettes le guitariste est typographié Olly en lieu et place d’Ollie.

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   LE KINGBEE

 
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- Mike Patto (chant)
- Ollie Halsall (guitare, piano, vibraphone)
- John Halsey (batterie)
- Clive Griffiths (basse)


1. The Man
2. Hold Me Back
3. Time To Die
4. Red Glow
5. San Antone
6. Government Man
7. Money Bag
8. Sittin' Back Easy



             



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