Le premier disque d’IF tout simplement intitulé « If  » est dans les bacs depuis tout juste quelques mois que celui-ci fait déjà son apparition. L’album précédent a permis de faire connaitre le groupe outre- Atlantique et, chose curieuse, sa pochette a récolté le Award de la plus belle pochette. Tu parles d’une récompense, c’est à se demander si les votants n’étaient pas non voyants.

« If 2 » fait donc son apparition en décembre. Si Lew Futterman s’attelle toujours à la production, le disque est enregistré cette fois à New York au Hit Factory, l’ancien studio de Jerry Ragavoy, là où SPRINGSTEEN viendra graver « Born In The USA ». Profitant d’une tournée du groupe outre-Atlantique, Futterman, probablement désireux d’être au plus près de ses troupes et aussi de ne pas perdre de temps ni d’argent en déplacement inutile, insiste pour que ce second disque soit enregistré au bon endroit et au bon moment. Le groupe commence à récolter les lauriers de ses tournées, les ventes de disques via Capitol sont sur le point de dépasser celles d’Island en Angleterre. Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud, d’autant plus que la formation s’est considérablement aguerrie.

Avec son intro de sax, « Your City Is Falling » demeure le plus gros succès du groupe, le titre servant plus tard au générique d’une célèbre émission de radio de Patrice Blanc Francard. La symbiose entre la flûte, la guitare, le clavier et la section rythmique sonne comme une évidence sur « Sunday Sad », jusqu’à ce que la guitare devienne la pièce centrale se transformant en guitare flamenco pour une démonstration exceptionnelle de feeling et de mélange de genres. Pour un peu, on se croirait plongé au cœur de l’album « Rock Encounter » qui mettait aux prises Sabicas, grand maître de la guitare Flamenco, et Joe Beck. Les cuivres et leurs compagnons reprendront en fin de morceau leur place avec une fluidité déconcertante. Cette face A s’achève avec « Tarmac T. Pirate And The Lonesome Nymphomaniac », une compo conjointe de John Mealing et du parolier Trevor Preston, dans laquelle la guitare prend une orientation Psyché Funky agrémenté par un duel de saxophones, Morrissey et Quincy se livrant une bourre.
Morceau curieusement sous-estimé mais qui faisait mouche en concert, « I Couln’t Write And Tell You » devient vite obsédant par le biais d’un chorus répétitif qui accroche l’oreille tout en évitant toute facilité ou effet de manche. Petit moment d’accalmie avec « Shadows And Echoes », seul titre à échapper aux plumes du groupe. Ce titre du trompettiste Lionel Grigson, un ancien membre du JJ Jackson’s Soul Band dans lequel jouèrent Smith et Morrissey, s’inscrit pleinement dans le répertoire. Si la flûte fait de sobres incursions bien subtiles, c’est le phrasé de guitare qui retient l’attention, rappelant Wes Montgomery ou Kenny Burrell. « A Song For Elsa, Three Days Before Her 25th Birthday », un titre Jazzy bourré de changements de rythmes et dans lequel les sax délivrent des solos solides et efficaces, vient clore en beauté ce second album studio.

A l’instar de sa pochette pouvant évoquer certaines toiles du peintre René Magritte (« Les Valeurs Personnelles »), « If 2 » semble encore voler dans les airs, tant par sa fluidité que par la structure et la qualité des compositions. Un grand disque de Jazz Rock du début des seventies.