Et hop, ni vu ni connu, je te fais passer une vieillerie de 40 ans pour une nouveauté à la faveur d’un remix.

Je m’en veux à mort, je n’ai pas pris au sérieux les alertes du GIEC assez tôt et je n’ai pas encore mis en œuvre mon projet de déménager en Finlande pour échapper au réchauffement climatique. Résultat, j’ai raté le concert anniversaire donné à Helsinki pour les 60 ans de Sa Majesté Michael Monroe en septembre dernier avec au programme, première partie de DEMOLITION 23 et reformation ponctuelle de HANOI ROCKS. Soit le nirvana pour tout fan d’un des plus grands frontmen du rock. Et comme Monroe ne fait pas dans la demi-mesure, il nous gratifiait en plus il y a quelques mois de la sortie de deux albums remixés, le cultissime et unique enregistrement de DEMOLITION 23, on y revient, et celui du Oriental Beat de HANOI ROCKS qui en avait bien besoin.

Le groupe ne tarissait pas de reproches concernant la production de leur deuxième opus sorti en 1982 et accusait Peter Woolliscroft (un assistant ingé-son avec SLADE à son CV, ce qui avait emporté le morceau) de ne pas avoir saisi la personnalité du combo finlandais en les prenant pour des Nouveaux Romantiques. Et le fait est, ayant découvert HANOI ROCKS avec la bombe live All Those Wasted Years (et sa bande VHS ultra rayée à force de visionnages), je me souviens de ma déconvenue lorsque j’étais parti à la découverte des albums précédents et en particulier de celui-ci qui manquait cruellement de mordant.

On pensait les bandes définitivement perdues par la poste depuis trente ans lorsque Uzi Suicide, le label fantoche (en réalité Geffen) de GUNS’N ROSES avait réédité le catalogue du groupe au début des 90’s jusqu’à ce qu’un indice récent oriente Monroe vers les locaux d’archivage de Universal Music en Finlande. Bingo ! Les bandes mères multi-pistes sont retrouvées, confiées à Petri Majuri, responsable de la production des cinq derniers albums irréprochables du peroxydé et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est le jour et la nuit. Le nouveau mixage (The Re(al)Mix indique le sticker sur la pochette) offre une seconde jeunesse aux onze titres de l’album. La batterie n’est plus froide et synthétique, la basse est dynamique, la complémentarité des deux guitares enfin audible, le saxo de Monroe vous saute à la gorge (y compris ses fausses notes), un bain de jouvence vous dis-je, le tout 100 % bio, sans ajout, ni overdub.

Le nouvel ordre des morceaux (immédiatement reparti en tournée suite aux enregistrements, le groupe n’avait pas eu voix au chapitre) est à double tranchant. Il agace parce qu’il nous prive des enchaînements qu’on connaît par cœur mais il permet de mieux redécouvrir l’album sous son nouvel apparat. Reste que débuter par la redoutable doublette « Oriental Beat », « Motorvatin’ », désormais deux des classiques et véritable ADN glam punk du groupe, rejeton des NEW YORK DOLLS et des CLASH met la barre très haut. Mais surprise par rapport à mes souvenirs, ça tient assez bien le coup derrière avec l’énergique « M.C. Baby », un « Visitor » aux arrangements New Wave et la relecture du « Lightnin’ Bar Blues » de Hoyt AXTON. Déjà présente sur le premier album, on continue d’explorer la veine du Reggae Dub blanc (l’influence de la bande à Strummer encore) avec « No Law or Order ». Monroe n’est pas encore totalement maître de sa voix (ça déraille sec sur « Fallen Angel ») mais il a gagné en assurance par rapport à l’album précédent et est même parvenu à disputer un crédit au dictateur McCoy en cosignant le juvénile « Teenangels Outsiders » même si c’est certainement le morceau le plus faiblard du skeud. Quant à « Devil Woman », il redevient audible à égalité avec sa version 45 tours antérieure.

Merci m’sieur Monroe, bien plus qu’un simple remaster brickwallé attrape-gogo, ce nouveau mixage vient réhabiliter 40 ans plus tard un album injustement desservi par une production indigne. Plus une minute à perdre, je fais mes cartons pour la Finlande.