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Patrick HERNANDEZ - Born To Be Alive (1979)
Par MARCO STIVELL le 4 Octobre 2023          Consultée 1270 fois

Et dire qu'il pensait abandonner la musique ! Il l'a fait, mais pas tout de suite.
Bien que né au Blanc-Mesnil, Patrick HERNANDEZ se trouve déjà établi dans le Sud-Ouest à jouer au fermier alors qu'il explose les ondes, à la télé etc., en France, dans les pays limitrophes et anglo-saxons, lui assurant un succès de masse pour longtemps. Et, quelque part, tout cela s'est fait un peu à ses dépens, lui qui, Périgourdain de coeur (avant de changer pour la Provence), au début des années 70, a fait ses premières armes comme chanteur de rock, sa musique de prédilection, dans les bars-restaus et autres scènes du département 24, voire alentour.
Aussi quand? vers 1975, il profite d'être en région parisienne pour intégrer le groupe PARIS PALACE HOTEL (ou PPH), même nom qu'une chanson de Paule DESJARDINS (artiste lancée par l'Eurovision édition 2) à la fin des années 50-début 60, voit-il une belle opportunité pour sa carrière. Cheveux longs, costumes et pattes d'éph', le groupe articulé autour d'HERNANDEZ, Hervé Tholance et Patrick Margueron (futur accompagnateur de SOUCHON/VOULZY) enregistre deux-trois singles et y croit un moment, avec pas mal d'activité sur la côte d'Azur ou Atlantique. Malheureusement, leur album enregistré n'est pas publié, les compères se séparent et leur boogie-rock reste dans les tiroirs, jusqu'à nouvel ordre (pour de vrai).

HERNANDEZ, découragé, est finalement appelé par Jean Vanloo, un des deux producteurs de PPH. Celui-ci, simple maître-nageur mais décrit comme monsieur charismatique, au point de figurer déjà parmi les managers belges musicaux et influents (ANARCHIC SYSTEM puis 'belgeries'/artistes à succès comme CHOCOLAT'S) depuis sa région de Mouscron (à la frontière au niveau de Lille), réussit à convaincre HERNANDEZ, non sans mal, de revoir ses chansons et son image. Le chanteur, comme tant d'autres, est du genre auteur-compositeur-interprète se basant sur sa guitare et sa voix seules pour créer ; c'est en outre un rockeur chevronné, qui a déjà pour bon point à succès de préférer l'anglais, mais qui se rend compte qu'il a besoin de manger. Vanloo, instinctif, a du flair et comme nous sommes en pleine ère disco, il a pour idée de transformer dans cette veine deux chansons d'HERNANDEZ qui figuraient sur l'album avorté de P.P.H. Pour l'une d'elles, qu'il sort en single tout en mettant bien six mois à trouver un producteur en 1978 et encore, en Italie, le succès dans ce dernier pays est si fort qu'il se communique alentour. Par la force des choses, tout cela amène HERNANDEZ à composer, sous la férule disco de Vanloo, le reste d'un 33-tours.

Ce disque est marqué par le syndrome 'one-hit wonder' avant qu'il ne déborde sur la carrière d'HERNANDEZ en entier. Et pourtant, en termes disco, le résultat pratiqué sur les six chansons restantes est loin d'être vilain ! Parmi ces dernières, une seule est véritablement isolée, à savoir "You Turn Me On", ballade west-coast avec guitares acoustiques, effets léchés aux cordes et synthés, avec une bonne ambiance chaloupée. HERNANDEZ, sans être un chanteur parmi les plus éclatants, sait bien comment exploiter son filet, et la production double sa voix, entre graves et aiguës. Exotique et frais, ce morceau se démarque de la grosse machinerie disco, même s'il y a un autre moment comparable : la coda music-hall/swing brusque, totalement inattendu et excellent de "I Give You a Rendez-Vous", conclusion de l'album donc, édition française comme internationale.

Ah oui, c'est qu'il y a deux versions, différentes dans leur ordre de titres (à l'exception des deux dont nous venons de parler), et, pour la seconde, l'internationale, amputée d'un titre, "Back to Boogie", la deuxième rescapée du projet d'album avorté de P.P.H mais qu'au moins on connaît puisqu'auparavant, il était paru en single. Un morceau convaincant dans sa version disco (même si moins qu'en rock), avec une basse proéminente et une pluie de claviers bienvenue sur le final, des cuivres en pagaille et une certaine fainéantise dans les nouvelles paroles d'HERNANDEZ, basées sur des onomatopées autour du mot 'boogie'.
Néanmoins, celui-ci retrouve momentanément son ancien comparse guitariste, Hervé Tholance venu se prêter à un bon riff funk avec phaser, les autres musiciens de l'album étant tous des Belges et des Italiens même pas forcément parmi les plus connus.

Il est étonnant que ce titre, par ailleurs deuxième single et premier gros échec, ait été laissé de côté hors-France, alors qu'on a conservé les 2 minutes 30 de "It Comes Easy", moins significatives malgré un chant mieux affirmé, de très bons choeurs et une guitare électrique lyrique. Parmi ce qui reste, on s'amuse du côté séducteur franglais de "I Give You a Night Rendez-Vous" dans un Paris by night et à paillettes avec HERNANDEZ qui en rajoute comme il faut ("Mademoiselle, don't be late, s'il vous playyyy"/"Faubourg Saint-Honorayyy, a drink on the Champs-Elysayyy"). "Disco Queen" (aux descriptions alléchantes d'une danseuse) et "Show Me the Way You Kiss" sont plus typiques de la musique pratiquée ici, avec de longues introductions instrumentales, des basses slapées et riffs élancés garnis de cordes et cuivres, saupoudrés de solos de sax ou de synthés entre deux refrains.

Détail intéressant avec ces deux-là, c'est que Patrick HERNANDEZ, rockeur mais aussi folkeux dans l'âme quand il compose seul avec sa six-cordes, est adepte d'un leitmotiv musical léger qui consiste, pour illustrer directement avec un exemple simple, à enchaîner le septième accord bémol de la gamme (si bémol majeur) avec le quatrième (fa majeur) et le premier (do majeur). Un détail bref en durée mais plaisant qui a son importance, marquée et qui offre un petit corps supplémentaire et épique récurrent à la mélodie. Si on aime la disco, difficile de ne pas aimer ce disque, peut-être moins flamboyant en termes d'idées tubesques que certaines productions américaines, mais Vanloo a très bien fait les choses (un peu avant de convaincre, suite à une audition, une certaine Louise Ciccone, future MADONNA, qu'elle pouvait être mieux qu'une simple danseuse d'HERNANDEZ en tournée), et cela a bien aidé celui qui méritait mieux que de rester un chanteur local.
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Allez bon, ok, on en parle !
"Born to Be Alive", maintenant qu'on peut enfin le nommer, a-t-on besoin de l'analyser, d'en dire quoi que ce soit, au bout de moult passages radio, télé, en soirée etc ?
Oui ! Parce que là aussi, en plus de son ordre changeant sur le disque (sixième titre en France, premier sur la version internationale), il y a deux versions, et celle qui figure sur l'album est la 'nouvelle', remixée et deux fois plus longue.
VERSION REMIX : 6 minutes, la rythmique démarre progressivement, la guitare s'installe peu à peu, les cuivres sont un peu différents dans les transitions couplets-refrains, le pont fait se succéder basse-synthé reprenant la mélodie, avec un couple piano-cordes rêveuses et une parenthèse néo-classique du plus bel effet !
VERSION SINGLE : 3 minutes, la rythmique attaque direct, tout semble plus 'complet' en permanence et ressemble vraiment à une pop-song traditionnelle et parfaite.
Les deux sont à écouter, et malgré tout oui, c'est toujours un sacré tube festif, dansant, rigolo et sérieux, indubitablement musical et travaillé au millimètre. Le chant d'HERNANDEZ fait avec caractère (sans oublier sa voix la plus grave en choeur sur le refrains) prouve qu'il a bien travaillé (enfin, un peu) son accent anglais depuis P.P.H. La mélodie, les paroles, la guitare et les loops irrésistibles, les cuivres virevoltants plus que les cordes, les gros accords saturés hilarants sur le final (quelques restes du rock, quand même !), et puis le fameux leitmotiv VII bémol-IV-I, qui apparaît ici au piano massif entre deux phrases de couplets, tout est purement génial et travaillé pour une efficacité en diable. Et puis cela installe un personnage, le chanteur à la canne, trouvée un peu à la dernière minute, effet économe mais mémorable à jamais.

Résultat, des tas de disques d'or dans plusieurs pays, une incarnation disco masculine qui marque au fer blanc (entre ça et n'importe quel tube des cuir-moustachus/torses nus VILLAGE PEOPLE, pour moi il n'y a pas photo, je choisis ça), par un Français qui plus est. Il souffre toujours sans doute de n'avoir rien réussi d'autre, et on peut le comprendre (voire le déplorer), mais la compensation publique et financière a constitué (et toujours manifestement) une belle proportionnelle inverse.

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   MARCO STIVELL

 
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- Patrick Hernandez (chant, chœurs)
- Jérôme Munafo (guitare électrique et acoustique)
- Kenny Mims, Kevin Mulligan (guitares électriques)
- Pino Marchese, Rich Keller (basse)
- Bruno Castellucci, James Stroud (batterie)
- Jean-pierre Onraedt (batterie)
- Alan Feingold, Christophe Lerouge (claviers)
- Guy Delo (claviers)
- Dan Lacksman (synthétiseur)
- Willy Van De Walle (direction des cuivres)
- Albert Speguel (direction des cordes)
- Pietro Lacirignola (saxophone alto)
- Jef Coolen (trompette)
- J.m. Tourny (hautbois)
- José Wampach (timbales, tambourin)


1. Disco Queen
2. You Turn Me On
3. Show Me The Way You Kiss
4. Back To Boogie
5. It Comes So Easy
6. Born To Be Alive
7. I Give You A Rendez-vous



             



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