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1994 Harbinger
2017 Ballads

Paula COLE - Harbinger (1994)
Par MARCO STIVELL le 14 Janvier 2011          Consultée 2085 fois

Paula COLE n'est, pour ainsi dire, pas une des ces artistes faciles à classer, ni même à aborder. En 1994, la jeune femme peut compter sur une poignée d'intéressés (il est trop tôt pour parler de fans) qu'elle a rassemblé grâce à sa participation active à la dernière tournée d'un géant de la variété internationale : Peter Gabriel. En effet, elle s'est faite remarquer grâce à sa présence sur scène ainsi par sa voix pure et puissante, bien mise en valeur sur de nombreux titres de l'ancien archange. Sa carrière peut donc décoller, c'est dans la logique des choses.

Seulement encore une fois, il ne faut pas compter que ce soit gagné d'avance, pour rester dans le milieu de la variété internationale. Imaginez un peu Peter Gabriel au féminin. Kate Bush prétendait à ce titre depuis ses débuts et elle y était sans conteste arrivée. Mais en 1994, la belle créatrice de "Babooshka" et "Wuthering Heights" est en perte de vitesse avec son album The Red Shoes au succès plus que mitigé, et elle allait dès lors hiberner pour un long, très long moment. Là aussi c'est dans la logique des choses, quelqu'un, ou plutôt quelqu'une, pouvait aisément prendre sa place, sans pour autant chercher à l'égaler. Le tout est de reconnaître dans cette nouvelle artiste une certaine tendance à vouloir s'éloigner des sentiers aisés et battus. En cela, la tournée Secret World aux côtés de Peter Gabriel (qui allait lui aussi disparaître pour longtemps) aura été un double bienfait pour Paula, car outre le succès, il y aura eu ce que l'on peut vulgairement appeler une "passation de pouvoirs".

Paula arrive donc avec sous le bras son premier album, Harbinger, en cette année 1994. Au vu de la pochette, elle paraît même plutôt fragile, jouant sur une dualité clair-obscur, un peu à la manière de certaines chansons de cette oeuvre. Il y en a certaines qui paraîtront toutes claires, et d'autres beaucoup plus noires. On peut aussi parler d'une grande différence entre quelques-unes très instrumentées et d'autres intimistes au possible. Bref, c'est un album nuancé.

Et pourtant lorsqu'on écoute les deux ou trois premières chansons, ou ne serait-ce que "Happy Home", très caractéristique du son pop de cette première moitié d'années 90, on a bien l'impression de se sentir en terrain connu, très séduisant mais plutôt "ordinaire" (c'est un peu le titre de la première chanson), habituel... C'est sans compter sur toutes les chansons qui composent le coeur de l'album comme "Hitler's Brothers", "Black Boots"... Mais procédons par ordre. "Happy Home" et "I Am So Ordinary" font partie des rares de l'ensemble qui auraient pu devenir de vrais hits. La voix de Paula s'y fait tour à tour caressante et forte, soutenue par des nappes voluptueuses. Sur "Saturn Girl", on rentre dans le vif du sujet, par le biais d'une chanson à la mélodie finement ciselée ainsi que d'un travail inédit dans les ambiances tissées par les guitares, alors que la rythmique se contente d'un tempo pop-rock accessible. Sur le morceau suivant, "Watch the Woman's Hands", on voit encore plus là où je veux en venir, mais pas forcément Paula. Comprendre que conformément à ce que j'ai dit plus haut, la chanteuse commence à nous faire entrer dans l'univers particulier de cet album, mais c'est un univers brumeux. La mélodie est difficile à saisir. Ce sera aussi le cas de "Chiaroscuro" (où la chanteuse fait du beat box), de l'intimiste piano-voix "Black Boots" qui est construit autour d'une gamme de notes altérées...

A l'inverse, on sera frappé par la forte clarté de, outre les "hits" potentiels, "Bethlehem" qui met à nouveau en scène la belle voix de la chanteuse sur un support de nappes de synthés efficaces. Autre univers mais attachant à sa manière. Cela dit, comme on passe un peu du coq à l'âne sur cette première partie d'album, le tout pourra devenir facilement dur à digérer, d'autant plus que la durée des chansons déscend rarement en dessous de la quatrième minute. Non non je ne suis pas en train de parler d'album "progressif", mais il est vrai qu'on y songe un peu à certains moments... Ce sont eux qui rendent cette oeuvre plutôt inclassable, ni entièrement pop ni complètement ancrée dans une volonté de recherche poussée.

Que l'on se rassure tout de même, le passage d'une partie à l'autre est très bien agencé : "Black Boots" se finit avec le piano, "Oh John" commence de la même manière. Et là on retrouve le côté plus accessible de la musique de Paula. Ce qui me fait dire que si l'on passe d'un univers à l'autre de manière parfois déroutante (relativement bien sûr !), le disque garde une ossature très bien formée, une construction bien faite, avec les "respirations" là où il faut. "Our Revenge" vient ensuite sur un bon rythme ternaire nous arracher à notre rêverie et nous convier à une autre. Qui pourra rester insensible à ces montées en puissance avec les notes aigües si bien tenues par Paula ? Le travail d'ambiances réalisé sur "Dear Gertrude" est assez impressionnant, et pourtant l'instrumentation n'est pas si conséquente. C'est ce qu'on appelle le génie. Mais non j'ai pas dit qu'elle dépassait Kate Bush, je dis seulement que Paula aussi se débrouille sacrément bien... "Hitler's Brothers", encore un morceau à la mélodie difficilement saisissable, soft mais dont la rage contenue est parfois sur le point d'exploser (les guitares cauchemardesques). "She Can't Feel Anything Anymore" renoue avec une trame planante déjà révélée dans des titres précédents, mais poussée à l'extrême car hormis la basse, il n'y a aucune rythmique. Avec "Garden of Eden", on retrouve le son de "Happy Home", grâce aux guitares et claviers majestueux, sans compter l'arrivée salvatrice d'une cornemuse irlandaise. On termine par "The Ladder" et ses arrangements vocaux somptueux (avec même quelques tensions dans la mélodie), de manière plutôt optimiste.

Cet album peut certes paraître copieux et difficile à cerner totalement au premier abord, mais il se bonifie clairement (et obscurement) à chaque écoute. Une nouvelle étoile de la musique est née, cette Paula COLE a vraiment un toucher artistique extrêmement intéressant. Reste à savoir si le reste suivra...

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   MARCO STIVELL

 
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- Paula Cole (chant, piano, claviers, beat box, sifflements)
- Jay Bellerose (batterie, boîte à rythmes, percussions)
- Paul Bushnell (basse, piano, pédalier basse)
- Gerry Leonard (guitares, e-bow, voix)
- Kevin Barry (guitares)
- Mark Hutchins (percussions, programmations)
- Laura Seaton (violon)
- Mary Rowell (violon)
- Juliette Hafner (alto)
- Erik Friedlander (violoncelle)
- Eilenn Ivers (violon)
- Joe Dryden (piano)
- Knox Chandler (violoncelle fx)
- Seamus Egan (cornemuse irlandaise)


1. Happy Home
2. I Am So Ordinary
3. Saturn Girl
4. Watch The Woman's Hands
5. Bethlehem
6. Chiaroscuro
7. Black Boots
8. Oh John
9. Our Revenge
10. Dear Gertrude
11. Hitler's Brothers
12. She Can't Feel Anything Anymore
13. Garden Of Eden
14. The Ladder



             



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