Les années ont passé. Pour Charlotte CARDIN, il y a eu un album (en fait, plutôt deux EP's complémentaires), puis un deuxième. Sans forcer le rythme de parution, c'est au tour du troisième, 99 Nights, de nous parvenir en 2023 après une période Covid savamment enjambée.

Les choses n'ont point trop changé en revanche : on retrouve Charlotte CARDIN très imprégnée par la new-soul, plus communément appelée r'n'b, avec peut-être un peu plus d'éléments modernes grand public mélangés. Outre un producteur méconnu (Sam Avant) pour la majeure partie des morceaux, les principaux accompagnateurs de l'artiste sont ses fidèles Mathieu Sénéchal et Jason Brando.

"Puppy" ouvre l'ensemble avec une pop à forte teneur rythmée par de bonnes basses notamment, des guitares en riffs simples et 'clean', des synthés bien en avant lors des refrains. Et au milieu de ce qui garde tout de même un aspect mélodique profond et joli, la voix de miss CARDIN semble n'avoir jamais sonné aussi près de Miley CYRUS voire de LADY GAGA. On est un peu entre la pop-soul massive d'aujourd'hui et l'envie de garder une identité rétro voire indé, avec notamment le fameux pont où un Mellotron se mélange aux sons.

Toujours dans la légèreté bien dosée, le ton funk de "Confetti" est remarquable, avec un même type de pont nostalgique et rêveur. On mémorise a rhythm'n'blues communicative de "Jim Carrey", où elle lutte pour retrouver la vraie elle-même tout en demandant le fameux acteur en mariage. Malgré la voix graisseuse à cause des effets, la touche sucrée globale fait bien son effet ; ce titre plaît tout autant en live. De même, le piano sombre couplé au rythme merengue exotique de "Enfer", où CARDIN pratique le franglais et qui sonne vraiment bien, mise à part l'intervention du rappeur. Ensuite, "Way Back" et son sax inattendu planent dans une ballade r'n'b sensuelle, bien réalisé.

Si les cinq premiers morceaux donnent néanmoins dans des envies diverses de plaire aux foules, jusqu'à un certain point, la partie suivante est plus traditionnelle. "How High" renoue avec la Californie des familles, en mode cool et belle détente instrumentale, quand "Someone I Could Love" se rapproche de la west-coast groovy. Et toujours, ces guitares et autres arrangements adaptés, même si la voix, passé les premiers titres, méritait vraiment une autre forme de mise en avant.

Alors que "Looping" sonne un peu trop hypnotique, "Daddy's a Psycho" se révèle une des perles cachées avec de la funk judicieusement balancée et un pont 'dreamy'. On préfère vraiment entendre Charlotte CARDIN, outre les morceaux déjà susmentionnés, quand elle retrouve un certain naturel vocal sur "99 Nights", rêveur à son tour, ou encore en train de susurrer, caressant un piano doux et lent tandis que des cordes viennent la soutenir. Un titre d'obédience folk, très beau et passionné pour bien terminer ! À vouloir trop jouer sur l'évidence, cet album risque de l'être moins par rapport aux charmes d'avant mais, quand même, il donne envie, dans ce sens-là aussi, de continuer à être fidèle.