Olivia RODRIGO sait qu’elle est attendue au tournant pour son deuxième album, surtout quand on vit un succès tel qu’elle l’a connu avec Sour. Alors, la chanteuse montre les dents et sort un premier single, "Vampire", déjà certifié platine aux USA. C’est finalement à l’automne 2023 qu’Olivia publie Guts et tente de prouver qu’elle a su rester pleine de cran et aussi brillante qu’il y a deux ans.

Plus mature que sur Sour mais sans perdre son sens de l’autodérision, la chanteuse de vingt ans dresse son auto-portrait dès l’ouverture du disque, sur "All-American Bitch" qui débute presque comme une ballade à la guitare acoustique avant de se transformer en hymne pop-rock enragé sur la batterie des refrains (I know my age and I act like it/Got what you can’t resist/I’m a perfect all-American bitch et I don’t get angry when I’m pissed/I’m the eternal optimist/I scream inside to deal with it). Exactement comme sur "Jealousy, Jealousy" dans le dernier album, RODRIGO ne se sent pas encore tout à fait à sa place : elle exprime encore son sentiment d’infériorité et le résultat terrible de la comparaison sur "Lacy".

L’album livre aussi son lot de ballades au piano et aux tonalités plus douces comme la mélancolique "Making The Bed", "Logical" poignante avec ses descriptions de la manipulation (But you convinced me, baby/It was all in my mind/And now you got me thinking/Two plus two equals five/And I’m the love of your life) ou "The Grudge", douce et mélodieuse, où Olivia donne l’une de ses performances vocales les plus vulnérables (My undying love, now I hold it like a grudge/And I hear your voice every time I think I’m not enough).

Les meilleurs moments de la chanteuse sont sans conteste ceux où elle reprend sa pop-rock rebelle et insolente : on retrouve ce charisme tant apprécié sur "Bad Idea Right ?" aux batterie et guitares 90's pour en faire un titre taquin (I only see him as a friend, the biggest lie I ever said/Oh, yes, I know that he’s my ex, but can’t two people reconnect ?/I only see him as a friend, I just tripped and fell into his bed), sur l’explosive "Ballad Of A Homeschool Girl" aux guitares électriques ou encore sur le single ultra-réussi "Get Him Back!".

RODRIGO continue de mener le bal et d’enchaîner les titres aux rythmes formidables, que ce soit sur les riffs énergiques et géniaux de "Love Is Embarrassing" ou avec les paroles qui viennent du coeur de "Pretty Isn’t Pretty" (I chased some dumb ideal my whole fucking life/And none of it matters and none of it ends/You just feel like shit over and over again). Sur le single "Vampire" qui débute par un piano triste, la chanteuse utilise la métaphore du vampire (Bloodsucker, fame fucker/Bleedin’ me dry like a goddamn vampire) pour illustrer une relation toxique, sur une instrumentation qui s’accélère rapidement avant de prendre des airs aussi dramatiques qu’un titre de pop baroque avec ses violons et son ensemble percutant. On termine ce projet sur la ballade "Teenage Dream" à l'ensemble de cordes et au songwriting déchirant (Yeah, they all say that it gets better, it gets better the more you grow/Yeah, they all say that it gets better, it gets better, but what if I don’t ?).

Olivia est une artiste touchante, parfois un peu maladroite, mais c’est ce qui fait son charme, comme quand elle décide de traiter ses sujets sur le ton de la satire. Du haut de ses vingt ans, la chanteuse réussit son pari et continue de gagner les coeurs des auditeurs, même si le public s’est peut-être déjà habitué à sa vibe girly pop-rock, l’ensemble reste au moins aussi abouti que sur Sour.