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LAUFEY - Bewitched (2023)
Par ARCHANGEL le 12 Juillet 2025          Consultée 302 fois

À l’école du sortilège musical, LAUFEY est une petite sorcière de premier ordre. Elle ne porte pas de chapeau pointu ni de cape noire, mais elle fait apparaître des cordes là où d'autres glissent des beats et surtout, elle transforme la simplicité en merveille. Dans son deuxième album, Bewitched, publié en 2023, elle confirme d’un simple coup de baguette magique sa capacité à nous enchanter. On aurait pu se contenter de la pochette mais les musiques de la jeune Islandaise sont des preuves qui l’affirment d’autant plus.

La petite magicienne jazz-pop ouvre le bal avec "Dreamer". Sous ses airs de ballade rêveuse, la chanson révèle que LAUFEY ne donne pas juste dans l’exercice de style rétro, mais qu’elle y a réellement trouvé sa voie. Sa voix de velours est toujours aussi fluide et elle peut éclore avec assurance et élégance, son phrasé précis se mêlant aux cordes légères et au vibraphone aérien. "Second Best" et "Haunted" sont deux compositions de LAUFEY sur lesquelles la chanteuse se fait accompagner par sa soeur jumelle Júnía au violon. Que son chant soit vite rejoint par une orchestration presque désaccordée et de très jolies harmonies dans "Second Best" ou qu’elle transforme la mélancolie en philtre d’amour sur "Haunted", LAUFEY a bien compris que les sorts ne se jettent pas avec grand bruit mais dans la délicatesse de l’élévation émotionnelle, dans l’intime vibration des cordes.

"Must Be Love" et "Serendipity" se rapprochent plus du classique que du jazz ou de la pop, ce sont des instants purs et figés qui nous transportent immédiatement dans un autre monde. La voix de LAUFEY, complètement hors du temps, nous plonge dans une sensation de suspension où l’on peut s’accorder le luxe de la lenteur. Oniriques, raffinées, ce sont des chansons qui auraient tout à fait leur place dans un film - un film d’amour où une seule note suffit à faire trembler les souvenirs.

Pour "While You Were Sleeping", la chanteuse fait appel aux services de Þorleifur Gaukur Davíðsson du groupe islandais KALEO pour ajouter sa patte sur une guitare slide à la fois discrète et enveloppante. L’instrumentation, toujours aussi sobre et maîtrisée, évoque le répertoire du Great American Songbook, tout comme les ballades émouvantes "Lovesick" et le single "Promise", deux titres typiques du jazz standard sur lesquels la voix grave de LAUFEY trouve son écrin idéal et atteint des sommets d’expression. C’est frappant car sa capacité à faire sonner le jazz comme une évidence n’est pas visible uniquement dans ses propres compositions, mais également lorsqu’elle reprend et dépoussière "Misty" par exemple, confirmant que certaines chansons sont destinées à passer l’épreuve du temps.

J’ai beaucoup aimé l’interlude instrumentale "Nocturne", un magnifique solo de piano terriblement touchant, qui vient offrir une pause de deux minutes et démontre les compétences de la multi-instrumentiste en tant que compositrice classique à part entière. Cette sensibilité classique se prolonge d’ailleurs dans ses collaborations avec le Philharmonia Orchestra sur les singles "California And Me" et l’éponyme "Bewitched", deux oeuvres somptueuses et féeriques qui collent parfaitement à l’esthétique globale de l’album.

On ne peut pas rester insensible au morceau "Letter To My 13 Year Old Self", sans doute la chanson où LAUFEY se dévoile avec le plus de sincérité, une berceuse pour l’enfant intérieur au texte bouleversant où l’émotion est à fleur de peau ; pas plus qu’au style bossa nova aérien que LAUFEY aime tant, comme sur l’irrésistible single "From The Start" dont le rythme léger et dansant n’a pas eu à batailler pour conquérir le public. LAUFEY s’amuse : syncopes douces, paroles amères, instruments tout sourire… la chanson a rapidement dépassé le cercle des initiés pour devenir un phénomène viral, la chanson jazz la plus écoutée sur Spotify cette année-là (730 millions de streams à ce jour), un exploit réjouissant pour la jeune chanteuse de 24 ans.

Sur Bewitched, la petite sorcière islandaise ne change pas son style, elle le cultive. Elle polit et cristallise son goût pour les harmonies jazz et les orchestrations classiques, tout en conservant une lisibilité pop qui ancre sa musique dans son époque. Mais n’allez pas croire que LAUFEY nous endort dans la formule, au contraire, elle aiguise sa plume et réveille quelque chose que peu de ses contemporains savent faire : elle nous ensorcelle sans effets spéciaux, rappelant que la magie ne réside pas dans l’excès. La musicienne érudite nous berce sur des mélancolies heureuses et en tout juste une année, son chant a gagné en sophistication, creusant cette veine plus ambitieuse que jamais.

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   ARCHANGEL

 
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- Laufey (chant, guitare, piano, violoncelle)
- Júnía Lín (violon)
- Jordan Rose (batterie)
- Þorleifur Gaukur Davíðsson (guitare slide)
- Simon Moullier (vibraphone)


1. Dreamer
2. Second Best
3. Haunted
4. Must Be Love
5. While You Were Sleeping
6. Lovesick
7. California And Me
8. Nocturne (interlude)
9. Promise
10. From The Start
11. Misty
12. Serendipity
13. Letter To My 13 Year Old Self
14. Bewitched



             



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