Née au Japon, Rina SAWAYAMA grandit à Londres où elle apprend le chant et le piano pendant son enfance. Au cours de ses études, elle rejoint un groupe de hip-hop avant de prendre la décision de poursuivre une carrière musicale. Sa détermination finit par payer en 2018 après la sortie de plusieurs singles et d’un E.P puisqu’elle obtient enfin un contrat et sort son premier album, Sawayama, en 2020. A la fois influencé par les rythmes dance des années 2000 et parsemé d’éléments futuristes, cet album pop-rock est encensé par la critique pour son exploration audacieuse de différents styles musicaux, la voix puissante de Rina et ses paroles perspicaces.

Les productions dance comme "Paradisin’", "Love Me 4 Me" ou l’interlude de presque 3 minutes "Fuck This World" sont élégantes, très Y2K alors que certaines prennent une sonorité 80's comme les synthés de "Tokyo Love Hotel" ou s’inspirent d’éléments rock telle l’excellente "Who’s Gonna Save U Now?" où la chanteuse brille par sa performance vocale épique. Rina parsème ce premier disque de quelques ballades, sur les synthés de "Bad Friend" ou sur la douce mélodie de "Chosen Family", une chanson remplie d’émotions et de paroles touchantes (We don’t need to be related to relate/We don’t need to share genes or a surname/You are, you are/My chosen, chosen family).

La voix de SAWAYAMA est un atout majeur de cet album : sa polyvalence vocale lui permet d’explorer différents genres musicaux qui l’influencent pour passer avec facilité des ballades harmonieuses à des morceaux plus énergiques comme le bop pour dancefloor "Snakeskin". Sa voix puissante et expressive lui permet de transmettre toute une gamme d’émotions qui résonnent avec son public.

Son autre point fort, c’est bien sûr sa façon de traiter de thèmes personnels et sociaux dans ses paroles, comme quand elle évoque les doubles standards des genres (I woke up today/Had to cash my fears away again/I’m feeling okay/It’s just another day to pretend) sur le beat dance pulsant et clinquant de "Comme Des Garçons (Like The Boys)" ou encore sur l’instrumentation sombre aux accents hip-hop de "Akasaka Sad".

Les textes de la chanteuse sont parfois satiriques, comme ceux de la pop électro du single "XS", critique de la société de consommation excessive créée par le capitalisme, qui commence par un ensemble de cordes avant de se transformer en pop accrocheuse et énergique, aussi percutante que ses paroles qui poussent à la réflexion (And when the heart wants what it wants, what can I do?/So I take that one, that one, yeah that one too/Luxury and opulence). On aime les riffs de guitares énervés qui ponctuent les refrains et en font l’une des chansons emblématiques de SAWAYAMA.

La voix de la chanteuse s’élève avec conviction pour évoquer son héritage asiatique dans "Dynasty" (I’m a dynasty/The pain in my vein is hereditary/Dynasty/Running in my bloodstream, my bloodstream/Dynasty/And if that’s all I’m gonna be/Won’t you break the chain with me?) ou sur l’atmosphère de rébellion pop grunge de "STFU!" créée par les riffs frénétiques, la batterie incisive et l’attitude ultra-confiante de Rina (Have you ever thought about taping your big mouth shut?/Cause I have, many times, many times).

Sawayama est un album remarquablement soigné, audacieux et captivant, qui fusionne habilement des éléments de pop, rock, électro et r'n'b, créant un son assez inattendu et unique. Les arrangements sont riches en détails et chaque chanson apporte une contribution à l’ensemble de l’album qui mérite vraiment d’être écouté. Il est évident que la chanteuse ne se contente pas de suivre les conventions mais met un point d’honneur é explorer plutôt des territoires musicaux colorés avec confiance. La polyvalence et le talent de SAWAYAMA, aussi bien en tant que chanteuse que compositrice, font de ce projet un voyage musical fascinant pour tous ceux qui recherchent de la musique pop innovante et engageante.