Née en 2001 à Los Angeles, Billie EILISH grandit avec son frère FINNEAS dans une famille où leurs parents artistes les poussent à explorer leur créativité. Fan de danse, Billie voit cette porter se fermer à cause d’une fracture alors qu’elle a 15 ans. C’est l’occasion pour elle de se concentrer sur la musique, une autre de ses passions puisqu’elle écrit des chansons depuis son plus jeune âge, en postant quelques-unes travaillées avec son frère sur SoundCloud dès ses treize ans, dont le fameux "Ocean Eyes". A leur grande surprise, le morceau devient viral et accumule rapidement des millions d’écoutes.

Ce succès ouvre les portes des labels à Billie qui choisit Interscope Records pour sortir son premier E.P Don’t Smile At Me en 2017 avant de publier son premier album studio deux ans plus tard, intitulé When We All Fall Asleep, Where Do We Go?, toujours produit par son frérot et qui permettra à la chanteuse de devenir la plus jeune artiste à remporter les quatre catégories majeures aux Grammy Awards en 2020.

"!!!!!!!", mini piste d’ouverture, nous met directement dans le bain du duo Billie/Finneas et annonce un univers sonore onirique et parfois inquiétant, loin des stéréotypes de la pop traditionnelle. L’album comprend sept singles, rien que ça, tous devenus des hits se classant en tête des charts dans de nombreux pays : "Bad Guy", le plus connu grâce à son rythme entraînant et son clip un peu chaotique, résonne particulièrement auprès du public d’EILISH qui voit en elle une icône de l’individualité.

La voix douce mais déterminée de Billie se juxtapose à un beat sombre et hypnotique sur les singles "You Should See Me In A Crown" et "All The Good Girls Go To Hell", alors que le côté cauchemardesque de l’ensemble de la production est à son maximum sur "Bury A Friend". La chanteuse de 18 ans parle aussi bien de sa peur du rejet ("Wish You Were Gay"), que de la peur de la perte sur l’air ludique du très joli titre "Ilomilo", ou encore de la peur de l’abandon (la désarmante ballade "When The Party’s Over", au coeur de l’album). Bref, les émotions sont compliquées à l’aube de l’âge adulte.

"Listen Before I Go" et "I Love You", deux ballades acoustiques très douces, touchent à des sujets sensibles (comme le suicide dans la première) avec une honnêteté et une vulnérabilité brute. Sur la seconde, Finneas est là pour soutenir sa soeurette en harmonisant avec elle dans un des moments les plus intimes du projet.

La huitième piste "8" sonne comme un exercice de style plutôt sympa rempli d’effets vocaux, un peu comme "Xanny" dans laquelle Billie questionne la pression sociale et les dépendances sur une production minimaliste mais ultra-efficace. La chanteuse, atteinte du syndrome de Tourette, raconte que son crush l’entraîne dans une conduite compulsive sur le titre "My Strange Addiction", très cool. L’album se clôture avec "Goodbye", un assemblage des morceaux précédents, servant de récapitulatif émotionnel où chaque chanson du projet est une pièce du puzzle.

Comment décrire la pop de Billie EILISH ? Originale, loin d’être simple, créative, sombre, inimitable et captivante. On ne s’ennuie pas une seconde en écoutant When We All Fall Asleep, Where Do We Go? et l’alchimie artistique de Billie et Finneas se fait ressentir sur chaque chanson. La production de l’album, principalement réalisée à la maison, est une preuve éclatante que l’innovation et la passion surpassent parfois les limites de la pop contemporaine, et en redéfinissent les contours.