C'est un album qui est arrivé sans crier gare. Pas vraiment comme un cheveu sur la soupe, mais plus comme la neige sur les sommets une fois l'automne venu. Du jour au lendemain, la montagne arbore un blanc manteau, comme le musicophile attentif arbore à ses oreilles la huitième réalisation en studio d'Antje DUVEKOT. Il faut dire que New Wild West est un album que l'on attendait plus. 7 ans après le très personnel Inside the Thunder, on pensait l'artiste trop occupée par ses voyages, ses actions humanitaires, pour trouver le temps de donner une suite à sa discographie. Ainsi, et pour notre plus grand bonheur, ce nouvel album débarque sans tambour ni trompette, annoncé très peu de temps avant sa sortie, et nous donne à redécouvrir le talent de la chanteuse multi-récompensée, dont l'univers se fait plus bariolé que jamais.

Il est question de folk, naturellement. Comment pourrait-il en être autrement avec Antje DUVEKOT, qui au fil de ses créations en studio a donné au style une touche contemporaine couplée à une richesse émotionnelle apportant substance et subtilité à ses morceaux ? "Evolution" qui ouvre l'album est ainsi une entrée en matière toute en délicatesse, mêlant un piano et la voix mutine, à la fois discrète et emplissant tout l'espace, de l'artiste qui préfère la lueur de la bougie à l'éclat des spotlights. "Evolution" est beau, sincère, et c'est tout juste que l'on remarque que le morceau s'étoffe peu à peu, agrémenté d'une guitare et d'un violoncelle. Porté par la beauté pure de nos retrouvailles avec Antje, le monde semble comme à l'arrêt.

Le ton est donné, et "Lottery ticket" poursuit dans une veine similaire, la guitare mettant ici en valeur le timbre à la fois chaleureux et empreint de mélancolie de l'artiste. L'album se fait néanmoins plus varié que ces premiers titres pourraient le laisser croire. Ainsi, "Girl on a Wire" se voit porté par des sonorités pop-folk résolument orientée vers les années 90. On pense à la fois à DIDO et à Tracy CHAPMAN dans l'intention et le phrasé. "Traces", amalgame réussi entre une guitare acoustique enveloppante et une section rythmique, rappelle à nouveau l'univers de la Tracy précitée, porteur d'un swing intéressant et d'une sensualité rassurante.

On finit par se lasser un peu, le motif étant répété sur la deuxième moitié de l'album. Il faut bien reconnaître à "New Wild West" la volonté de proposer un univers plus foisonnant, plus riche, harmonica et guitare électrique s'ajoutant ici aux instruments précités. Ici, c'est le refrain qui tire son épingle du jeu, faisant de ce morceau un des plus réussis du répertoire de la chanteuse. En fin d'album, les sonorités country de "Tons", bien que convenues, permettent à Antje DUVEKOT de nous proposer une nouvelle facette de sa personnalité.

Il manque ici un peu de l'audace de l'essentiel New Siberia, qui il y a 11 ans déjà avait placé de manière éphémère l'artiste germano-américaine au centre de l'échiquier folk. Peut-être moins flamboyant que ce glorieux album, New Wild West a néanmoins l'important mérite de nous permettre de savourer de nouveau, après une longue attente, les nuances dans la voix splendide de cette artiste qui a ici soigné ses refrains, ses ambiances et ses compositions pour proposer un album folk étoffé qui lui vient tout droit du cœur. Un folk sincère et inspiré qui mérite toute notre attention.

3,5/5