Il faut attendre tout juste un an pour la sortie du deuxième album de Coi LERAY en 2023, tout simplement nommé Coi. Native de Boston, la chanteuse de 26 ans ne semble pas prête à se détourner de sa façon d’aborder la création musicale : comme pour Trendsetter auparavant, elle se lance dans une véritable chasse aux tendances sur Coi, avec TikTok en arrière-fond. Et les tendances, me direz-vous, on les trouve où en 2023 ? Dans les sons dance, comme on l’a vu sur les derniers albums de Miley CYRUS, BEYONCE ou encore DRAKE ; mais surtout dans les samples du passé… On pourrait penser que certains ont du mal à se réinventer, heureusement pour LERAY, sa fougue et son énergie semblent la sauver.

Reçu plutôt moyennement à sa sortie par la critique et considéré comme un album de samples pas suffisamment retravaillés, LERAY a cependant le mérite d’arriver sur Coi avec un message féministe fièrement affiché dans une bonne partie des titres. On pense bien sûr à "My Body" dont le refrain samplé sur "It’s My Party" de Lesley GORE accompagne parfaitement les couplets qui revendiquent une sexualité sans complexe (It’s my body, I could fuck who I want to/Fuck who I want to, fuck who I want to/It’s nothing new, you just mad it ain’t you), ou encore "Man’s World" piqué à James BROWN où la rappeuse questionne la société quant à la place des femmes fortes (If it’s a man’s world/Then why’d you need me in it?/I need an answer).

Le constat reste le même sur le single au gros buzz "Players" (Hold up, if you don’t know, now you know/If he broke, then you gotta let him go/You could have anybody, eeny, miny, moe/Cause when you a boss, you could do what you want/Yeah, cause girls is players too). Un sample ? Cette fois encore, ce sera du old school années huitantes avec "The Message" par Grandmaster FLASH ; ou bien on choisit "Make My Day", collab’ techno-dance avec David GUETTA qui reprend TECHNOTRONIC et son iconique "Pump Up The Jam". Si vous cherchez un son encore plus à l’ancienne alors ce sera "Bitch Girl" samplé sur "Rich Girl" de HALL & OATES, bref, vous voyez bien que la chasse aux bons sons est plutôt en bon chemin…

Les samples plus récents, il n’y en a pas tant que ça : Coi reprend les trompettes de J-LO et de son "Let’s Get Loud" dans une version ultra courte et plus agressive sur "Get Loud", un hymne à la fête où la rappeuse place un petit clin d’oeil à son disque précédent (Margarita got a bitch on ten/Trendsetter, yeah we settin’ the trends). Enfin, on est sur un mélange entre tension sexuelle et consommation excessive sur "Phuck It", reprise de "Technologic" gentiment empruntée à DAFT PUNK (Drippin’ wet, that super soaker/And he textin’ sayin’ he comin’ over/Gon’ come fuck up my makeover) et on reste dans la même vibe sur "Spend It" en featuring avec le rappeur Saucy SANTANA, une chanson au titre et aux paroles sans ambiguïté (I like the cars, I like Chanel/I like his money, spend it).

Bon, blague à part, LERAY sait aussi faire quelques pistes de son propre cru et la cuvée 2023 se cale évidemment aux sons populaires du moment : "No Angels" en duo avec la rappeuse Lola BROOKE, "Radioactive" ou "Come And Go" qui contiennent plus d’émotions que la majeure partie des titres, "Don’t Chat Me Up" où la rappeuse pleine de confiance pose son flow en utilisant un espèce d’accent british qui rappelle bien sûr Nicki MINAJ ou "On My Way", plutôt usant tout comme le single "Run It Up". Plus surprenante avec ses gros riffs de guitare et une Coi un peu enragée, la piste "Black Rose" produite par David GUETTA sort du lot par ses sonorités qui se différencient du reste de l’album, beaucoup plus dance. Finalement, hormis "Players" et son sample qui marche à tous les coups, c’est la chanson "Bops", ses percussions qui dysfonctionnent presque et son refrain répétitif qui prendra place dans votre tête.

En somme, si Coi LERAY peut se targuer de dénoncer le slut shaming à sa manière au travers de ses chansons, elle clame surtout haut et fort, à qui veut bien l’entendre qu’elle est la reine des bops. Malheureusement l’effet n’est pas vraiment au rendez-vous : à l’âge du digital en puissance, sa musique bénéficie régulièrement des coups de buzz sur TikTok et lui donne effectivement une grande visibilité qui lui permet de mener à bien ses campagnes promo pour une plus grande exposition de sa musique. Or, sa musique peut - pour le moment - plutôt se résumer à des jingles populaires de 20 secondes et comme pour les fast food et la fast fashion, sa musique semble se résumer à une durée de conservation ultra court : vite consommé, vite apprécié et qui finit très vite oublié.