AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Un an après Le Rêve De Mai, Didier MAROUANI signe sa seconde bande originale, celle du film Le Gagnant, sixième du réalisateur français Christian Gion, relativement connu dans le domaine de la comédie. Le Gagnant n’est pas son film le plus réputé et se traîne même une réputation de nanar.

Le Gagnant, l’album, est un compromis entre la personnalité musicale de Didier MAROUANI, forgée avec le groupe SPACE, et son expérience dans la chanson, avec Le Rêve De Mai mais aussi ses deux premiers albums éponymes et une poignée de singles. Si les traits de caractère électroniques et Disco sont toujours présents, ils sont nettement dilués dans un style et une instrumentation se rapprochant dangereusement de la variété; pourtant, aucun instrumentiste n’est crédité ici. Partant de là, Le Gagnant se divise en deux sections très distinctes, alternant invariablement un morceau discoïde et une ballade.

C’est là qu’on voit arriver la tuile. Je l’ai déjà dit et je n’aurai que trop l’occasion de le dire, Didier MAROUANI a toujours eu une tendance à verser dans le sentimentalisme. En particulier, Deliverance, le deuxième album de SPACE, est plombé par deux longs, très longs morceaux poussifs, très poussifs, sans même une matière mélodique suffisante pour faire passer la pilule. Sur Le Gagnant, c’est pire encore; les deux versions de "Lover’s Song" et surtout l’atroce "Three Years Ago" sont engluées dans des mélodies affreuses et des arrangements vaseux. Le résultat est tout simplement nul. Il n’y a rien d’autre à en dire.

Nous pouvons toujours essayer de nous raccrocher aux quatre autres morceaux plus rythmés, orientés Disco avec une rythmique acoustique, de la guitare, des cuivres, parfois des cordes et des synthétiseurs limités aux mélodies, à l’exception de "Anywhere". Encore faudrait-il que les mélodies soient plus consistantes et les instrumentations moins kitsch; les unes sont de pauvres ersatz de SPACE et les autres sont beaucoup trop datées et dépareillées. "Anywhere" et "I Wanna Try You", les deux chansons avec Ann Calvert, sont bien trop liquoreuses et affectées, et même "Crazy Machines" ne fait pas illusion bien longtemps.

Le thème du film ("The Winner") est tout ce qu’il y a à retenir de cet album, qui révèle cruellement les limites de Didier MAROUANI sans ses acolytes de SPACE. Une parenthèse à oublier.

1 ½ sur 5