Avec Seul Dans La Ville, Didier Marouani publie son premier véritable album de chansons depuis 1974, scellant par là même un partenariat avec le label Trema - qui restera indépendant jusqu'à son rachat par Universal en 2004. C'est également l'un de ses albums au casting le plus prestigieux, bénéficiant de la présence de plusieurs célèbres session men américains : Marcus MILLER et Neil Jason, qui se partagent les parties de basse, le claviériste Patrick Rebillot, le batteur Richard Crooks, le percussioniste Jimmy Maelen et le guitariste Jeff Mironov. Il reste un ensemble de cordes non crédité apparaissant dans quelques chansons de la seconde face, ainsi que les synthésistes français Michel Bernholc et Georges Rodi - ce dernier, au toucher caractéristique, est un petit chouchou de votre serviteur.

Sur la forme, ce disque est difficilement attaquable : interprétation au taquet, production roborative typique du début des années 1980. Georges Rodi se fend d'un joli solo de Mini-Moog sur "J'Espère Que Je La Rends Heureuse". On pourra regretter la grosse réverb de la caisse-claire sur le single "Walkman", mais il n'y a pas grand-chose à redire sur ce plan-là.

On ne peut malheureusement en dire autant de la composition. J'apprécie le morceau-titre au refrain entêtant. Passent encore les optimistes "Walkman" (ce refrain soul!) et "Je La Rends Heureuse", passe encore "Je Suis Parti" marqué par le piano saccadé sur une rythmique lente, passe encore même le mid-tempo doucereux "Vis Ta Vie". Mais bon sang, que je déteste ces ballades molles et paresseuses, sans un gramme de consistance musicale ! "Caline" a le bénéfice du début d'album mais se révèle aussi mauvaise que "Elle Est Tellement Fragile". Le pire reste la fin de l'album, que dis-je, son fond de cuve : "Allée 80" et "Dédicace Personnelle".

Je ne m'étendrai pas sur les paroles. "Je Suis Parti" mime un semblant de souffle dramatique mais tous les autres textes n'ont absolument aucun intérêt, voire sont stupides, et ne font qu'enfoncer un peu plus les ballades - à ce titre, "Dédicace Personnelle" est redoutablement écœurante. Huit requins de studio… pour ça?

Bref, ce n'est certainement pas pour ses chansons que l'on se souviendra de Didier MAROUANI.