Années Laser est le quatrième et dernier album de chansons de Didier MAROUANI, une fois de plus publié par le label Tréma. Depuis Seul Dans La Ville (1981), son précédent album, il a également sorti deux 45-tours, Sangria / Overdose De Tendresse en 1982 et Rue Miodova / Bambara en 1983, quatre chansons isolées, dont trois actuellement disponibles sur YouTube ou le site Bide & Musique, "Rue Miodova" ayant même été rééditée en guise de bonus sur certaines éditions CD de Just Blue (1978), seule "Overdose De Tendresse" demeurant introuvable.

"Sangria" est dans la droite lignée de Seul Dans La Ville, un album bien produit mais aux paroles creuses et aux compositions médiocres. Le single de 1983 est déjà davantage marqué par les synthétiseurs et boîtes à rythmes typiques des années 1980. "Rue Miodova" est une ballade centrée sur le piano, dont la mélodie triste et empesée et les chœurs grandiloquents préfigurent lointainement le futur projet Space Opera. "Bambara" n’est pas beaucoup plus convaincant, mid-tempo vaguement soul, avec de très timides samples, qui a au moins l’avantage de ne pas verser dans l’outrance.

Années Laser va clairement un cran plus loin question ringardise. Les instrumentistes font bien pâle figure derrière la boîte à rythme clichée (que de claphands…) et les synthés soit indolents, soit beaucoup trop criards. Les compositions sont à l’avenant : calibrées, attendues, pas inspirées… "17 Ans L’An 2000", pourtant moyenne, me semble être le seul passage sauvable de l’album, et aurait pu figurer sur Paris France Transit (1982), notamment avec ce refrain relativement efficace. Le reste est terriblement gonflant, mais on touche vraiment le fond avec l’horripilant "Debout Les Mômes" et l’interminable "Femmes Seules".

Les paroles sont de la même trempe que celles de Seul Dans La Ville : creuses et oubliables. Sur ce plan-là, c’est la grosse pantalonnade, mais les chansons les plus craignos sont encore une fois "Debout Les Mômes" (Debout les mômes / Donnez-vous la main les mômes / Chassez tous les vieux fantômes / Et tout ira bien) et "Femmes Seules" (Femmes seules / Je pense à vous quand je m’endors / Dans le satin noir de mes rêves fous / Femmes seules / Si je suis fou c’est pas l’problème / Mais tous les soirs, femmes seules, moi je vous aime).

Reste ce format étrange… À peine plus de vingt minutes pour un 33-tours 30 centimètres, c’est un choix difficile à comprendre, qui fait de Années Laser une sorte d’E.P mais laisse dans l’ombre "Rue Miodova" et "Bambara" (1983). Qui plus est, aucun des albums de variété de Didier MAROUANI, du premier en 1973 à ces Années Laser, n’a été réédité en CD, même en édition pirate, à ma connaissance.