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LUPE FIASCO - Lupe Fiasco's The Cool (2007)
Par ARCHANGEL le 16 Août 2024          Consultée 345 fois

Pas de temps à perdre pour Lupe FIASCO qui surfe sur le succès de son premier disque et revient un an plus tard en 2007 avec son deuxième album studio Lupe Fiasco’s The Cool. Une fois de plus, l’artiste se lance dans un projet ambitieux qui marquera une étape importante dans sa carrière avec son exploration de thèmes complexes tels que la corruption, la quête d’identité ou encore la mortalité, confirmant sa place de conteur visionnaire dans le monde du hip-hop.

The Cool est un album conceptuel qui se distingue par sa narration sophistiquée, la marque de fabrique de FIASCO. Le rappeur nous y présente trois personnages principaux : The Cool, un protagoniste qu’on connaît depuis l’album précèdent et qu’on va suivre à travers sa vie mais surtout à travers sa renaissance ; The Streets, une allégorie des tentation de la vie de rue et The Game qui symbolise la violence et le pouvoir. Grâce à cette trinité, Lupe aborde les défis de la jeunesse urbaine, les pressions sociales et la lutte pour préserver l’âme humaine dans un environnement souvent hostile. Bref, dans le monde du hip-hop conscient, the king is back.

L’album s’ouvre sur "Baba Says Cool For Thought", sorte de poème philosophique qui nous invite à réfléchir à la superficialité de la coolitude dans la culture moderne (They think it’s cool to stand on the block hiding product in their socks making quick dime bag dollars/They think it’s cool to ride down on you in blue and white and unmarked cars, busting you upside your head/Freeze/Cause the problem is we think it’s cool too).

L’interlude "Free Chilly" rend hommage à son mentor incarcéré pour 44 ans et pose un ton à la fois introspectif et solennel grâce à des voix chantées qui rendent hommage à ceux qui sont absents, comme le père de Lupe, décédé pendant la réalisation de l’album. Il aborde aussi cette perte dans le titre doux et vulnérable "Fighters" sur lequel il se confronte à ses propres douleurs.

L’ambiance est posée, FIASCO va nous faire bien réfléchir grâce à des titres où sa richesse narrative se manifeste : le hip-hop comme moyen de survie dans le single "Hip-Hop Saved My Life" ou encore sur les harmonies mélodieuses du morceau "The Coolest". Lupe poursuit l’histoire de son personnage central en utilisant des métaphores mythologiques et religieuses pour décrire la descente de son protagoniste dans la tentation et la quête du succès, finalement consumé par un monde qu’il pensait dominer (No Heaven up above you, no Hell underneath you/And no one will receive thee/So shed no tear when we’re not here/And keep your faith as we chase/The Cool).

On assiste à la mort du personnage dans le tragique "The Die", soulignant les conséquences inévitables et la fatalité de la poursuite du cool sur un beat assez dark, alors que d’autres productions hip-hop sont plus festives, comme le featuring avec Snoop DOGG sur la chanson très rythmée "Hi-Definition" ou sur le plus décontracté "Gold Watch" dans lequel Lupe liste les références culturelles pour critiquer subtilement le matérialisme et le mettre en contradiction à la quête de sens (But my most coveted thing is a high self-esteem/And a low tolerance for them telling me how to lean/See, the most important parts are the ones that are unseen).

"Gotta Eat" analyse aussi la culture de la consommation et son impact sur la santé de la société mais on a aussi droit à des chansons plus légères et optimistes comme l’ambiance hip-hop/jazzy de "Go Baby" ou l’instru aux cordes ultra énergiques du très bon "Go Go Gadget", sans jamais perdre de vue la nécessité de renverser un jour le système (I’m racing a Porsche, while they racing in place/They race in a cage, I race on a course/Course, that case in the court did not defer the dream/I am still a raisin in the sun, raging against the machine).

FIASCO nous présente un univers ravagé par une sorte de pandémie mondiale bien avant que le sujet soit à la mode, pour représenter la part sombre du monde sur "Streets On Fire", dont la production et les scratch urgents renforcent le sentiment de danger imminent du jour où tout le monde sera contaminé (The sadness, the madness, the bad shit/The lavish, the fastest, the clashes, the ashes to ashes/Everything intertwined/My femme fatale, my darling fraudulent angel/Once caught her changing the batteries in her halo). Le rappeur nous emporte dans la terreur, dans une descente angoissante d’incertitude sur le beat plus expérimental de "Hello/Goodbye (Uncool)", qui mêle à la fois des batteries rock à des touches électroniques. Surprenant mais réussi.

Il y a aussi des moments aux sonorités plus pop, plus douces avec les singles "Paris, Tokyo" et "Superstar". Ce dernier - un featuring avec Matthew SANTOS qui chante un refrain marquant - reste l’un des plus gros succès de Lupe. Il y aborde la poursuite de la célébrité ainsi que les écueils du succès qui l’accompagne, une sorte de mise en garde à ceux qui aspirent à cette vie superficielle où les artistes sont surtout des icônes jetables (And you better wear your shades/The spotlights here can burn soles through the stage/Down through the basement, past the Indian graves/Where dinosaurs laid and pew!). L’ambiance est plus légère, romantique et jazzy sur le très beau "Paris, Tokyo" dans lequel FIASCO nous livre l’un des meilleurs refrains de sa carrière (Let’s go to sleep in Paris/Wake up in Tokyo/Have a dream in New Orleans/Fall in love in Chicago, man/Wherever I go she goes).

Le rappeur veut bien accepter les critiques constructives mais pas celles qui disent que sa musique est trop compliquée, qu’il devrait la simplifier pour plaire au public mainstream et la conformer aux attentes commerciales, alors il fait dans la satire sur le très bon single "Dumb It Down" (These girls are trying to be queens, Lu, dumb it down/They’re trying to graduate from school, Lu, dumb it down/They’re starting to think that smart is cool, Lu, dumb it down).

Il traite de l’impact profond des traumas, de la drogue à la pauvreté en passant par les abus sexuels sur "Intruder Alert" (There’s someone here and it’s not me/How could this be? I locked my doors/Kept my armies on my shore/And point my rockets at my sky/I’m so fortified/I built my walls so high/So why, why are there no intruder alert?) alors qu’il s’attaquera à la banalisation de la violence et la manière dont les jeunes sont manipulés et transformés en armes (Government want me dead so I wear my gun/I really want the rocket launcher but I’m still too young/This candy give me courage not to fear no one/To feel no pain and hear no tongue/So I hear no screams and I shed no tear/If I’m in your dreams then the end is near) en samplant le compositeur estonien Arvo PÄRT sur "Little Weapon". C’est sombre, sublime et surpuissant.

"Put You On Game" est aussi un morceau sensationnel : un beat sinistre et menaçant sur lequel Lupe adopte la perspective de la figure The Game, représentant (au choix) la violence, le capitalisme, la corruption ou le système, tout simplement (Through the back alleys and the black markets/The Oval offices, crack houses and apartments/Through the mazes of the queens/The pages of the sages and the chambers of the kings/Through the veinses of the fiends/A paper chaser’s pager, yo, I’m famous on the scene/One of the oldest, most ancientest things, speak every single language on the planet, you know what I mean).

Pas de doute, avec des figures de style pareilles, énigmatiques, denses, complexes The Cool est considéré comme l’un des meilleurs albums de rap de sa décennie. Lupe FIASCO nous fait un coup de maître avec ce deuxième disque à l’avant-garde du hip-hop, démontrant que le genre peut bel et bien être un véhicule pour des critiques sociales incisives et aigues. Lupe consolide ainsi sa place comme l’un des MCs les plus intelligents et les plus éclectiques de sa génération. Entre complexité narrative, beats puissants et profondeur d’esprit, The Cool n’a aucun skip, c’est un 5 en belle et due forme.

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1. Baba Says Cool For Thought
2. Free Chilly
3. Go Go Gadget Flow
4. The Coolest
5. Superstar
6. Paris, Tokyo
7. Hi-definition
8. Gold Watch
9. Hip-hop Saved My Life
10. Intruder Alert
11. Streets On Fire
12. Little Weapon
13. Gotta Eat
14. Dumb It Down
15. Hello/goodbye (uncool)
16. The Die
17. Put You On Game
18. Fighters
19. Go Baby



             



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