Sorti en 2018 alors qu’elle est fraîchement mariée au chanteur country Ruston KELLY depuis un an, l’album Golden Hour de Kacey MUSGRAVES’ est inspiré par sa vie amoureuse et la sauce prend : la texane de trente ans rafle deux Grammys, celui de l’album de l’année ainsi que meilleur album country. C’est la consécration.

Sur ce quatrième opus, la chanteuse reste fidèle à ses racines country traditionnelles mais elle y fusionne des sonorités chatoyantes de folk et de pop pour un rendu moderne et envoûtant, comme dans les titres "Wonder Woman" ou "Happy & Sad" et ses arrangements subtils qui mélangent pedal steel guitar, violons, batterie entraînante et des éléments électroniques. L’ensemble met toujours en valeur la voix claire et expressive de MUSGRAVES dans une ambiance introspective qui la suit sur tout l’album.

Si Kacey est une amatrice de bonne weed, elle ne dit pas non à un peu de LSD, tant que cela lui permet de créer ses chansons, à la fois calmes et pleines de réflexion à l’image de "Mother", tout en sensibilité ou du tube "Slow Burn" aux arrangements acoustiques simplement savoureux, l’une des chansons les plus autobiographiques de la chanteuse (Old soul, waitin’ my turn/I know a new things, but I still got a lot to learn/So I’m alright with a slow burn).

Il faut bien quelques ballades de circonstance : l’exploration romantique et optimiste de l’amour "Love Is A Wild Thing" avec sa mélodie et ses paroles poétiques et romantiques, ou sur les accords joyeux de "Lonely Weekend" qui capturent bien l’essence d’une solitude réconfortante (I guess everybody else is out tonight/Guess I’m hangin’ by self, but I don’t mind). La ballade country mélancolique "Space Cowboy" s’érige carrément au rang des chialantes de rupture où la simplicité de l’instrumentation lui permet de converser une perspective légère, tout comme le morceau "Rainbow" avec son piano mesuré.

Les éléments électroniques et les arrangements cosmiques font leur retour en élargissant les horizons sonores de l’album, par exemple sur "Oh, What A World" où ils se marient parfaitement à la voix éthérée de MUSGRAVES sur un ensemble guitare-banjo-batterie, prenant ainsi une dimension bien plus moderne. On se retrouve même sur une production disco pleine d’énergie avec le single "High Horse" qui prend une tournure inattendue dès les premières secondes.

Le morceau "Velvet Elvis" est quant à lui un moment plus qu’agréable avec son beat pop aux accents groovy alors que "Golden Hour" et "Butterflies" reviennent à des rythmes plus poétiques. La douceur de la guitare acoustique sur la chanson éponyme combinée aux harmonies douces de la chanteuse crée cette atmosphère apaisante et intimiste qui permettent à Kacey de capturer avec aisance le sentiment de plénitude associé aux petits moments précieux de la vie. Le single "Butterflies" reste une des pièces maîtresses de ce disque, véritable chanson d’amour qui décrit la magie d’une romance naissante (I was hiding in doubt ’til you brought me out of my chrysalide/And I came out new/All because of you), accompagnée d’une instrumentation aérienne qui souligne la délicatesse du sentiment.

Plongeant ses auditeurs dans une ambiance chaleureuse et immersive, Golden Hour ne présente aucune difficulté d’écoute ou pour les emmener à travers cette évasion sonore aux arrangements impeccables et à la production soignée. Chez Kacey, les paroles restent une force motrice, dotées d’une dimension toujours poétique et souvent teintées d’une touche d’humour, créant des perspectives uniques qui résonnent auprès de son public. En continuant à mêler la nostalgie de la country aux sonorités contemporaines, Golden Hour continue de repousser les frontières des genres et devient un moment charnière dans la carrière de la chanteuse qui délivre ici une véritable célébration de l’amour, de la nature et de la vie sur des compositions chargées en émotions qui méritent un 4,5.