Son sixième avait mis bien du temps à accoucher, la faute à de nombreux projets parallèles (notamment pas moins de sept Bandes originales de film) menés durant cette période. Mais le résultat était clairement à la hauteur de son talent. Et nous en avions peut-être hâtivement conclu que Florent MARCHET avait désormais besoin, ou envie, de prendre son temps pour sortir de nouveaux albums vraiment intéressants. C’est dire si son retour, seulement un an plus tard, a de quoi surprendre.

Soit, ce n’est pas avec un album original que Florent MARCHET nous revient. En effet, Maisons Alfort est un recueil de réenregistrements de ses propres titres dans une configuration presque uniquement piano/chant. En effet, tout au plus pouvons-nous entendre en fond sonore une trompette sur "Le terrain de sport", "Comme il est beau" et "De justesse". Il n’y a guère que sur "En famille" que l’on retrouve cette même trompette de Raphaël Thyss, qui était déjà présente sur Garden Party, mais cette fois-ci dans un rôle plus important.
Le résultat global est doux, poétique et très bien ficelé. On y retrouve son joli brin de voix très agréable et musical. La différence majeure avec ses disques précédents réside dans l’absence des arrangement finement ciselés et plein de charmes qui caractérisaient son œuvre jusqu’alors. Ce qui, assez paradoxalement, donne parfois un côté plus rugueux à ses compositions. En effet, certaines de ces nouvelles interprétations, pour dépouillées quelles soient, sonnent légèrement plus rêches et directes que les originaux. On ne retrouve pas l’ambiance bien huilée et affinée qui émanait des versions originales, notamment du fait de leurs arrangements et orchestrations tout en finesse. C’est ainsi le cas de "En famille" qui se révèle ici plus brut que dans sa configuration initiale. Dans ce cas précis, cela n’est pas du tout préjudiciable et le résultat est tout aussi convaincant dans les deux versions. Et il faut reconnaître que la qualité des compositions fait que l’on prend toujours autant de plaisir à se frotter aux petites pépites que sont "Courchevel", "Rio Baril", "Levallois".
Mais, parallèlement, sur de nombreux autres titres, on peut regretter la richesse qu’apportait le travail d’arrangement effectué initialement. Cela a pour conséquence de renforcer le poids des textes qui sont ici mis plus en avant et livrés en pleine lumière. Et de ce fait, lorsque nous sommes renvoyés à la nature propre de ces titres, on peut peiner à entrer et à s’identifier à ses introspections qui apparaissent alors un peu superficielles et nombrilistes. Ces histoires de légers mal-être, de petites déceptions et contrariétés quotidiennes semblent alors bien banales et anodines.

Et au final, ce qui semblait être un beau projet sur le papier, laisse une légère amertume en bouche.
Loin de conforter et d’asseoir le talent de Florent MARCHET, ce Maisons Alfort fait surtout apparaître le fait que la beauté (réelle) de ses chansons réside tout autant dans ses talents de compositeurs que dans la qualité de ses arrangements et que, délestée de l’un de ces deux piliers, son œuvre ne se montre pas aussi inconditionnellement convaincante.