A sa sortie, cet album m’avait déçu. Pour moi, il n’arrivait pas à tutoyer les sommets que son devancier atteignait avec aisance, alourdi qu’il était par trop de morceaux fades. Plus de dix ans après, la réécoute de ce Le clan des Miros m’a fait grandement relativiser ce jugement qui était peut-être un peu trop hâtif.
Alors certes, les textes sont globalement moins surprenants. On n’y retrouve pas ce charme né de l’équilibre improbable entre réalisme et imaginaire débordant (quoique "Nantes" puisse entrer dans cette catégorie), qui avait transcendé Repentis.

Et les deux premiers singles, "La Fille de la bande" et "On n'est pas à une bêtise près", avaient de quoi légèrement inquiéter. Ces ritournelles entrainantes, mais un peu faciles, n’ayant pas la profondeur propre aux perles qu’il nous avait jusqu’alors offertes. Entendons-nous bien, c’est efficace, facile d’accès, agréable, mais ni surprenant, ni transcendant.

Par chance, bon nombre de titres restent très bien ciselés et assez envoûtants. Si le titre de l’album peut faire écho à deux morceaux, "Le clan des miros" et "Femme à lunettes", l’ambiance générale est plutôt axée sur une certaine nostalgie, notamment de l’enfance "La Fille de la bande", "On n'est pas à une bêtise près", "Rue de l'Oiseau-lyre", "Grand-père (papy gâteau)", "Grand-père II"… Les pépites que renferme ce deuxième album sont indéniablement, pour moi, le fantastique "Nantes" et le mi- tendre, mi- polisson "Rue de l'Oiseau-lyre". On y retrouve pleinement le charme et la singularité de Renan LUCE.

Je sais que pour beaucoup, ce dernier n’a pas grand-chose de singulier et s’inscrit à plein dans la tradition de la chanson française à tendance Folk. Mais il y a cette qualité de plume, cette tendresse et ce sens de l’histoire qui font que nous avons là un bon barycentre entre BENABAR, RENAUD et BRASSENS. Mais au-delà de ces phares, il y a en effet bon nombre d’excellents morceaux. A commencer par "Ridicule", avec son petit côté Nicolas PEYRAC, et le plus mélancolique "Chez toi". On y retrouve cette capacité qu’à Renan LUCE à décrire la banalité de notre quotidien et l’insignifiance de certaines actions ou situation, en les magnifiant et en les dotant d’une aura toute particulière. Le toute avec une qualité d’écriture qui ne se dément pas. Et comme il s’autorise quelques (timides) excursions sur des territoires musicaux un peu plus variés, notamment des sonorités vaguement Country, le résultat est assez réjouissant.

Au-delà de la présence de quelques titres un peu dispensables, le principal défaut de cet album est à mon sens à trouver dans le fait qu’il demande un peu d’attention. Pour bien saisir la qualité des textes, son atout majeur, il est bien souvent nécessaire d’être attentif et de réellement s’investir dans l’écoute de cet album.
Celui-ci perdant beaucoup de son charme lors d’une écoute distraite. Notamment du fait du caractère assez simple de la plupart des musiques. Mais si l’on considère que succéder à Repentis était un sacré challenge, on peut dire que Renan LUCE a évité l’écueil du second album et nous propose là un très bon disque de chansons françaises.