C’est du rock? C’est de l’électronique? C’est de la musique concrète? Non, c’est ROCK CRITICS !

Album édité à 500 exemplaires et ouvrant le bref catalogue du label Upon Tyne, Pile Ou Face regroupe trois membres du journal mensuel musical Rock En Stock (actif d’avril 1977 à mai 1978), Jean-François Papin, Laurent Buvry et Luc Marianni, ce dernier ayant également publié l’année précédente un premier album, Souvenirs Du Futur.

N’attendez de cet album aucun texte, aucun refrain, tout au plus quelques ébauches de mélodie. Pile Ou Face est un bouillon primitif de voix, d’électronique et d’effets en tout genre, éventuellement de guitares ou de violon. Le nom ROCK CRITICS est autant une référence au passé journalistique de trois des quatre musiciens du groupe, qu’une remise en question des fondements mêmes du rock. De par son aspect brut de pomme, on peut rapprocher cet album des Essais (1971) de SEMOOL ou encore des premières productions des RESIDENTS, telles que Meet The Residents (1974), les paroles surréalistes en moins.

Pile Ou Face n’est pas totalement abscons. Le premier tiers de l’album est un amas particulièrement déroutant de sons électroniques et de voix, où l’auditeur comme les musiciens, sont totalement livrés à eux-mêmes. On trouve ensuite les chœurs habités de "Université Romane" et les ébauches électriques de "Shot Down" et "Westminster C.". Le triptyque final "Cicada And Bell" - "Contine" - "White Romance", quoique toujours en grande partie improvisé, semble plus cohérent, comme si le groupe partait de zéro puis tâtonnait, bidouillait puis retrouvait une forme de musique rock.

Il est difficile de se fixer sur une telle musique, summum du contre-emploi instrumental. Bouillasse informe ou expérience de réappropriation, à vous de voir.