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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film

Gérard CALVI - Les Douze Travaux D'asterix (1976)
Par MARCO STIVELL le 21 Février 2024          Consultée 334 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Autant les deux premiers films animés d'Astérix se sont vite succédés, en 1967 puis 68, autant le troisième, seconde réalisation commune d'Albert Uderzo et René Goscinny en la matière, n'arrive qu'en 1976. Ce qu'il y a de bien, c'est que mis à part quelques repères aussi habituels que les personnages principaux, ce n'est pas une adaptation de bande dessinée déjà existante. Sachant que de ce côté, on en est déjà à 23 volumes en 15 ans, il y avait largement de quoi faire, mais au final, débutée deux ans plus tôt en 1974, c'est bien une histoire originale à laquelle on a droit. Et 1976 reste la dernière grande année Astérix, Goscinny décédant l'année suivante ; malgré les ventes toujours plus nombreuses, le niveau artistique ne sera jamais retrouvé sauf, peut-être, dans certains films, y compris 'vrais'.

Les Douze Travaux, donc, première et avant-dernière production des studios français Idéfix, vieux rêve d'un tandem de bande dessinée qui veut égaler DISNEY et ne sera interrompu que par la mort de l'un (la seconde/dernière production n'est pas moindre, mais on y reviendra). Une croyance s'installe à Rome comme quoi le village gaulois d'Armorique, à force d'être invaincu, serait peuplé non pas d'hommes, mais de dieux. Jules César prend la mouche et défie Abraracourcix, chef des Gaulois, de concourir à travers douze épreuves sur le modèle du héros Hercule mais de sa propre création. Obélix et bien sûr Astérix, armé de sa gourde remplie de potion magique, sont tout trouvés pour réussir. Sous l'arbitrage du tranquille romain Caius Pupus, les épreuves se trouvent chargées en humour, en anachronismes, en granguignolesque...

Et c'est sans doute ce qui fait la réussite de cette aventure, avec ses ambiances parfois brèves mais variées, sur le chemin qui mène à Rome, au Colisée et aux jeux du cirque ; l'ancien, mais le village gaulois réuni pour l'épreuve ultime va y inventer le 'nouveau' ! Après, le varié se transforme en variable d'un point de vue qualité, et cela concerne aussi la musique de Gérard CALVI, pour la dernière fois employé. Le générique de départ a copieusement changé, optant pour un "Thème Principal" plus léger, danse jazzy sautillante avec contrebasse en avant, cordes légères et cuivres roulants tout en malignité. CALVI s'amuse toujours avec de savantes dissonances, use et abuse de flûtes piccolos, rajoute tout de même une variation purement swing... On valide, c'est sympathique, même si moins parlant qu'une décennie plus tôt en ce qui concerne Astérix. L'ancien thème principal est seulement énoncé, plus lent, quand ce dernier dit bonjour en langues étrangères.

Et ensuite, les épreuves donc. Certes, le marathonien et le lanceur de javelots sont des moments plutôt drôles, le second offre tout autant que Cylindric le Germain et ses arts martiaux (épreuve numéro 3) des thèmes plutôt courts et patapoufs. En revanche, "La Course de Mérinos" est directement reprise sur la BO de l'album, grâce à davantage de matière : une fiesta de cuivres sautant sur cavalcade de cordes, un rythme effréné évoquant un peu la musique manouche. À ce titre, un autre morceau, "Crocodile Grosses Bouffes", l'épreuve funambule sur le précipice, est d'abord bâti comme une valse populaire de fanfare, joyeuse et entêtante, suivie par une accélération brillamment menée par l'orgue, le sax soprano, la vibraphone et le piccolo, mais qui n'est pas utilisée dans le film. La valse réapparaît à la fin, dans le Colisée, avec une grande dose de délire.

Ce qui est presque dommage, c'est que l'accent soit tant mis, d'abord par César lui-même puis en musique comme en images (et enfin, cette chronique), sur l'épreuve numéro quatre, à savoir l'île du Plaisir : alors qu'ils traversent un lac, Astérix et Obélix sont attirés par un chant de sirènes qui s'avère être celui des habitantes d'une île ressemblant à de divines... enjôleuses. La censure jeunesse est pratiquement bafouée là (tout comme, un peu plus tard, la vision d'Aphrodite nue), cependant le thème qui conduit jusqu'à elles est assez prenant : d'abord une rêverie de cordes, harpe, piano et mandolines très dolce vita, puis d'un coup, changement. Une ballade pop sensuelle s'élève alors, avec un tapis de trombones, sur lesquelles planent de jolies voix féminines en vocalises, enchanteresses effectivement, sans doute menées par Danielle LICARI. Ceci pour des habitantes plus agréables à entendre qu'à regarder, et Obélix de dire justement "Elles chantent mieux qu'Assurancetourix !"

Le but des prêtresses étant de ne jamais laisser repartir les Gaulois (seule fois où Astérix se laisse prendre, et c'est l'appétit de son camarade qui sauve tout), elles usent de leur charme sur un thème de samba, très dansant avec des effets tout ce qu'il y a de plus brésiliens dans les percussions, mêlant les animaux de l'île au passage (dans le film seulement) pour user de bruitages et rendre le tout plus humoristique. On est tout à fait dans le ton de l'époque (certes, un peu plus disco en dehors), ce qui n'empêche guère CALVI de rajouter ses petites descentes mélodiques personnelles à lui. Cela sonne bien, mais on sent le moment un rien forcé pour rattraper un peu le niveau comédie musicale d'Astérix et Cléopâtre, alors qu'il n'y a aucune vraie chanson ici ; Micheline Dax reprend brièvement le rôle de la reine, et tient celui de la grande prêtresse de l'île au passage.

Non présentes sur l'album, il y a diverses idées qui retiennent notre attention, sachant que les épreuves d'Iris le magicien égyptien jusqu'au Vénérable du Sommet méritent elles-mêmes pratiquement toutes une attention particulière. Pour l'orgue du restaurant belge où Obélix se goinfre, on a vite fait le tour mais le résultat est sympa, comme le quadrille à la sortie de l'antre de la 'bête', moment horrifique par ailleurs réussi dans ses effets spéciaux ainsi que ses escapades sonores contemporaines. Plus loin, dans des tons similaires, la montagne haute avec ses grosses cordes graves, harpe sur les cimes enneigées, ou encore la Plaine des Trépassés avec ses voix fantomatiques en nappes, valent le détour.

Mais le coeur du film, loin de la frivolité de l'île du Plaisir, c'est bien la huitième épreuve, cette fameuse Maison Qui Rend Fou, détournement des administrations françaises, aussi acerbe que corrosif dans son humour. Un gros piano 'punaise' grave symbolise l'entrée d'un lieu où travaillent des 'petits chefs' et gens sympathiques comme des portes de prison, où personne ne veut écouter ni aider franchement les héros venus pour une simple formalité. À force d'errances dans les couloirs et étages, à la recherche du laisser-passer clef de l'épreuve et avant de devenir fous eux-mêmes, Astérix trouve comme s'en sortir et retourne la situation. D'une ambiance à l'autre, c'est aussi la musique de Gérard CALVI qui fait tout le 'truc' de ce moment imparable, avec un thème bluesy et boiteux, monotone, rubato, qui se développe par la suite en improvisation jazz cacophonique, le sax soprano prenant le pas.

Malgré tout cela, le niveau n'est pas suffisamment haut pour que cette BO se hisse parmi les indispensables de l'animation. Les studios Idéfix feront mieux pour leur deuxième et dernière réalisation, elle aussi rattachée à la bande dessinée mais plutôt d'un certain 'poor lonesome cowboy'.

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   MARCO STIVELL

 
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- Gérard Calvi (compositions, orchestrations)


1. Thème Principal – Les 12 Travaux D'astérix
2. La Course De Mérinos
3. L'île Du Plaisir
4. Crocodiles-grosses-bouffes
5. Obélix Samba



             



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