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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film

Gérard CALVI - La Cite De L'indicible Peur (mocky) (1964)
Par MARCO STIVELL le 15 Février 2023          Consultée 604 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

En 1964, Jean-Pierre Mocky goûte le succès obtenu l'année précédente par son cinquième film, Un Drôle de Paroissien, avec André Raimbourg alias Bourvil en vedette. Celui-ci y joue un fils de famille aristocrate déchue vivant à Paris et qui, pour survivre et aider les siens, 'emprunte' largement les dons laissés dans les troncs des églises, de quoi vite éveiller l'intérêt de Francis Blanche en inspecteur de police chrétienne ! Mocky rappelle illico Bourvil pour un autre film plus 'terroir' que Paname cette fois, et dont l'approche se veut fantastique. La Grande Frousse est nommé ainsi comme le veut le distributeur au moment de la sortie mais c'est en réalité La Cité de l'Indicible Peur, comme Mocky le veut, et dès que possible, notamment lors des éditions en vidéo. Après tout, ce deuxième titre est plus fidèle au roman éponyme du Belge Jean Ray (auteur des polars Harry Dickson) dont il s'inspire et publié en 1943, la même année que Malpertuis, son autre best-seller.

Côté scénario, Mocky travaille avec Gérard Klein, économiste réputé qui figure parmi les grands auteurs français de science-fiction. Sur fond de toile policière, Bourvil campe un gentil mais dévoué inspecteur de police à la recherche d'un chef de faux-monnayeurs en fuite. Son enquête le mène à Barges, ville fictive du Cantal, où il découvre une population haute en couleurs, avec des rôles amusants pour les habituels Jean Poiret, Francis Blanche, Véronique Nordey etc (on croise aussi Jean-Louis Barrault, acteur fétiche de Marcel Carné), et qui se terre la nuit chez elle par peur de 'la Bête', supposé monstre carnivore rôdant dans les rues. Façon Chien des Baskerville en beaucoup moins sérieux, ce film en noir et blanc est l'occasion pour Mocky de mettre en avant l'immense acteur avec des plans de choix, dans et alentour de la ville (bien réelle) de Salers. Sans oublier quelques critiques de la police et du reste : la scène du début où la guillotine se bloque pour l'exécution, mais où le bourreau la teste et en fait les frais, sert bien les penchants anars du réalisateur !

Le compositeur de la bande originale est Gérard CALVI (père de Yves, le présentateur télé), compositeur classique et de théâtre qui, en variété, a déjà travaillé entre autres avec Edith PIAF et Frank SINATRA. Cette année 1964 est particulièrement animée pour lui en termes de B.O's de films, car outre Mocky, on le voit aussi dans la distribution de La Tulipe Noire par Christian-Jacque, un des plus réputés et appréciés dans son domaine. Plus tard et toujours en comédie, CALVI signe la musique d'un autre Mocky, à savoir le très bon Les Compagnons de la Marguerite en 1967, puis Le Petit Baigneur (1968) avec De Funès. Entre 67 et 76, on lui doit également les bandes originales des trois films animés Astérix, à savoir Astérix le Gaulois, Astérix et Cléopâtre et Les Douze Travaux d'Astérix.

L'aspect humoristique est donc très présent dans son oeuvre ; CALVI a pour réputation de bien souligner les situations comiques en adaptant les jeux d'instruments au fil de mélodies efficaces. Ici pourtant, et selon son choix, tout débute avec une chorale cavalière d'hommes et femmes en onomatopées 'dam dam' pour la chanson générique d'intro, de façon aussi épique qu'ironique. Après Un Couple (1960), Mocky appelle pour la seconde et dernière fois l'écrivain Raymond Queneau, avec qui il cosigne des paroles entièrement dévolues au personnage du naïf inspecteur Simon Triquet, joué par Bourvil. Effet garanti, malgré l'absence de titre : "Son père était dans la police, son oncle aussi, même sa nourrice ! Ah, quel destin ! Ah, quel destin !" Le chanteur fort à-propos est René-Louis LAFFORGUE, dans ses dernières années d'activité avant son tragique accident de la route en 1967. Toujours en ton caustique, on le voit ici tenir le rôle du boucher (métier qu'il avait exercé bien avant d'être artiste) de Barges/Salers, pleutre mais courtisé par les femmes !

À elle seule, la chanson vaut le détour, reprise bien entendu en générique final (mais ne partez pas, il y a une scène post-crédits à ne point rater) et déclinée çà et là en divers thèmes instrumentaux. Avec Mocky, on est toujours dans l'économie mais ici, encore, ce n'est rien comparé à son futur Solo (1970) dont Georges MOUSTAKI écrira/interprètera la B.O. Pour bien ce faire, CALVI use d'éléments forains, swing ou alors latino avec trompette porteuse, notamment quand Barges tout entier apprend que Bourvil/Simon Triquet est inspecteur de police, quand lui-même aurait voulu que cela reste secret.

Pour les plans extérieurs de la ville et les rencontres avec 'la Bête', une guitare seule reprend le thème avant que l'orgue portatif ne s'en charge, et lors du dénouement, la chanson de base est de nouveau insérée. La qualité est là, sans bavardage orchestral inutile, mais, conséquence d'une telle avarice, on regrette un peu le manque d'étoffement, de variations voire d'adaptation. C'est un film fantastique avec un certain travail sur l'ambiance, mais au final c'est le vent au souffle volontairement exagéré qui fournit l'effort, bien plus que la composition, notamment lors de la scène nocturne saisissante où Bourvil/Triquet débarque à Barges alors en pleine 'grande frousse' ! La musique chez Mocky est à l'image de son cinéma, rapide et basiquement populaire ; il va donc falloir s'y habituer et gratter un peu pour les surprises réelles. CALVI, quant à lui, a mieux à offrir et plus consistant dans ses autres films, Astérix compris !

Quoique kitsch par certains aspects, mais pas beaucoup plus que L'Étrange Créature du Lagon Noir, classique américain sorti dix années plus tôt en 54, La Cité de l'Indicible Peur rappelle (car besoin est de nos jours) que le genre fantastique n'est pas que la S-F ou la 'fantasy' qualitative des grandes sagas telles qu'on en connaît depuis Tolkien, et figure parmi les indispensables de Mocky. C'est néanmoins pour lui un nouveau four à sa sortie, en partie à cause de son premier titre ; lors de la décennie suivante, durant les reprojections, il en va autrement grâce au changement salvateur. Une fois encore, la B.O ne paraît pas seule mais elle accompagne bien l'ensemble.

Note réelle : 2,5

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- Gérard Calvi (compositions, orchestrations)
- René-louis Lafforgue (chant)


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