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BO/FOLK/CHANSON FRANCAISE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film

Gérard CALVI - Asterix Le Gaulois (1967)
Par MARCO STIVELL le 6 Février 2024          Consultée 256 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Y a-t-il besoin de présenter Astérix ? Non, hein. Tout de même, cela fait maintenant plus de soixante-trois ans que notre quotidien est marqué de près ou de loin par le petit héros, son ami Obélix et son chien Idéfix, le reste du village gaulois aux noms en suffixe -ix, les Romains qui eux sont en -us et autres revisitations de l'histoire par les génies de la BD Albert Uderzo et René Goscinny. Génies français plutôt que belges pour une fois, avec ces dessins du premier qui trouve relativement vite ses marques (un peu moins pour Jules César, Cétautomatix...) et jusque dans les scènes de bagarre mémorables, ces aventures fouillées grâce aux scénarios du deuxième, même pour ce tome introductif de 1960 d'abord publié dans le journal Pilote et qui ne se passe qu'au village des irréductibles gaulois et alentour. Même s'il demeure au commencement de chaque épisode, dès le suivant, La Serpe d'Or (1962), les Gaulois vont voir ailleurs (à Lutèce, Paris), puis le champ s'élargit selon les besoins, les références voulues.

Astérix le Gaulois pose donc les bases, avec tout ce qui forme l'univers de cette BD bien franco-française : noms rigolos, calembours comme bagarres, ripaille et autres gentilles lourdeurs, sexualité mis à part grâce ou non à la censure jeunesse. La potion magique du druide Panoramix, le chant catastrophique d'Assurancetourix, les Romains comploteurs et les citations latines en pagaille font déjà le reste. Et jusqu'à la venue finale de César en personne, tout se fait dans la région du village d'Armorique ; de quoi faciliter l'adaptation animée sans trop attendre, en 1967 (mais notez que, pour débuter la saga des films avec acteurs, beaucoup plus tard en 1999, le réalisateur Claude Berri reprendra fidèlement ce principe). À l'époque, le tandem Goscinny-Uderzo en est déjà loin, au dixième tome de la saga, et l'homme de la situation se nomme Ray Goossens, Anversois ayant travaillé pour Belvision (la branche animation de l'éditeur BD belge Le Lombard) dont il a aidé franchement au développement avant d'en être remercié. Leurs noms sont de nouveau associés pour cette sortie d'envergure.

Le film de Goossens dure un peu plus d'une heure, et si l'on connaît déjà les dessins, les histoires, deux nouveaux éléments s'ajoutent par le biais de l'animation, et cela concerne le son. Les voix d'abord, et de manière durable, car même si l'album BD avait déjà eu son 'vinyle lu' en 61, Astérix à lui tout seul était doublé par Guy Piérauld, doublure française de Bugs Bunny entre autres. Roger Carel prend donc le poste en 67 et le gardera, hors films avec de vrais acteurs, presque jusqu'à sa mort. C'est 'la' voix d'Astérix, mais il convient aussi de retenir Jacques Morel grave et pataud pour Obélix, remplacé vingt ans plus tard par Pierre Tornade qui interprète ici brillamment le centurion Caius Bonus et le marchand de boeufs !
Deuxième élément de marque : la musique. Celui qui s'y colle est Gérard CALVI, compositeur pour Edith PIAF, Liza MINNELLI et Frank SINATRA entre nombreux autres, au cinéma pour Robert Dhéry, Christian-Jacque ou encore Jean-Pierre Mocky.

La première séquence n'est pas d'importance moindre, avec cette sorte de marche country pour orchestre sur rythmique champêtre, soutenant différents thèmes légers alors qu'une main invisible, sans doute celle d'Uderzo, dessine les Gaulois l'un après l'autre : Assurancetourix, Abraracourcix, Panoramix, Obélix et enfin Astérix. Pour ce dernier, la phrase mélodique annoncée lentement annonce le vrai thème du générique, celui qui a marqué des générations et générations d'amateurs. Ce "Thème d'Astérix" s'ancre bien en tête très vite, et pour cause : il symbolise à la fois l'esprit d'aventure, la malice du protagoniste et toutes les gauloiseries dont on a parlé plus haut. Une musique de fanfare très binaire et sautillante, cuivres et tambour-cymbales en avant. Patapouf et égayant à la fois. Les cordes et le xylophone prennent momentanément le relais, il y a un côté hollywoodien, y compris dans le solo de flûte, mais on retombe toujours sur les pattes, et la fin accélère même légèrement le tout.

Ce morceau très dynamique et coloré ne serait pas si mémorable si on ne lui accolait point le trait de la BD et un parfum de nostalgie. Toutefois, si on lui reprochait son manque de finesse (sachant qu'il sera quelque peu effacé dans les films ultérieurs), il suffirait de comparer avec des thèmes comme celui des Looney Tunes (puisqu'on parlait de Bugs Bunny) qui n'en ont pas davantage. Le disque qui reprend la BO du film Astérix le Gaulois propose ensuite quatre autres airs conservés sur la durée globale. "Obélix Chasse le Sanglier" est aussi sautillant mais plus jazzy avec des clarinettes rythmiques pour un solo de basson, très frais et réjouissant aussi, amusant. Toutefois, le thème sert plutôt au piège contre Panoramix dressé par les Romains ; d'ailleurs, des cuivres dissonants à la fin viennent souligner leur contentement. Suit le très court et anecdotique "Ils Sont Fous Ces Romains !", reprenant la phrase culte d'Obélix, avec le "Thème d'Astérix" simplement accéléré en doubles croches.

Puis c'est l'un des clous du film, avec la partie Caligula Minus/Galiguliminix, et la fameuse "Danse des Moustaches", son ouverture folk un peu planante (dans le film seulement) et son irrésistible ensemble violon/contrebasse/guimbarde, auxquels s'adjoignent les claps et cris joyeux des Gaulois pour un mélange communicatif de quadrille et de hillbilly. Ceci alors que le folk français revival en était à ses premiers balbutiements, et le barde Assurancetourix n'aura pas si souvent droit d'expression, même par ses instruments ! Le thème principal est encore repris à la fin dans "La Fête au Village... Sans Assurancetourix", encadré dans le film par une reprise du quadrille des moustaches ainsi qu'une très jolie danse bretonne menée par le biniou-kozh caractéristique pour illustrer le banquet ; dire qu'Alan STIVELL n'était pas encore au-devant de la scène ! On est en Armorique, après tout, et en y créant une forme de résistance durable y compris culturelle, Goscinny ne croyait pas si bien faire.

En se concentrant sur quatre-cinq morceaux, le 33-tours BO occulte une partie du reste de la musique. Permettons-nous donc de faire un peu plus honneur au travail de Gérard CALVI avec d'abord cette rêverie aux cordes sombres pour Panoramix, quand il prépare la potion magique dans sa hutte, suivie de près par une vraie fiesta orchestrale lors de l'essai de force surhumaine par Astérix. Ensuite, cette trompette piccolo entêtante lors du jeu de chaises musicales romaines, ainsi que ces flûtes dissonantes du convoi militaire de Marcus Sacapus (nom le plus drôle du premier tome) pour Caligula Minus. Au rang des douceurs, la musique évanescente lorsque Panoramix cueille le gui, lente et belle, marque joliment les esprits. Enfin, comment oublier la prestation de Pierre Tornade pour la complainte du marchand de boeufs a-cappella ? Certes, avec approximation et reprise ensuite de façon plus guillerette, mais tout de même, il y a là de quoi compléter à merveille cette palette sonore d'une heure, donner le sourire, flatter la nostalgie !

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   MARCO STIVELL

 
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1. Thème D'astérix
2. Obélix Le Sanglier
3. Ils Sont Fous Ces Romains !
4. Danse Des Moustaches
5. La Fête Au Village... Sans Assurancetourix



             



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