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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film

Gérard CALVI - Asterix Et Cleopatre (1968)
Par MARCO STIVELL le 18 Février 2024          Consultée 360 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Publié en 1965, Astérix et Cléopâtre, sixième volume de la saga du petit Gaulois, est très inspiré par le film-fresque hollywoodien avec Elizabeth Taylor dans le rôle-titre, à qui il fait parfois référence. Connu pour être l'un des albums B.D les plus chers de l'époque, vu le nombre de moyens matériels explicités en couverture, il est naturel quelque part pour ce petit bijou du 9ème art de voir son adaptation à l'échelle du 7ème, en film d'animation donc. Suivant le succès du premier, Astérix le Gaulois en 1967, la firme Belvision rempile aussitôt, même si cette fois, elle ne fait plus appel à Ray Goossens, la réalisation/production revenant directement à Albert Uderzo et René Goscinny.

Petit résumé. Suivant une nouvelle querelle entre Jules César et Cléopâtre, sa chère et tendre, celle-ci prend la mouche et décide de lui montrer que non, son peuple n'est pas inférieur aux Romains envahisseurs. Elle se donne trois mois pour construire un palais magnifique au Jules, mais fait appel à Numérobis, son meilleur architecte spécialisé en bancal et autres maladresses, qu'elle couvrira d'or ou jettera aux crocodiles, selon qu'il réussisse ou non. Celui-ci va faire appel à un vieil ami qui n'est autre que Panoramix, le druide gaulois à la potion magique, bien aidé par l'enthousiasme d'Astérix, Obélix et Idéfix. Mais une fois débarqués à Alexandrie, ils se heurtent à Amonbofis, rival de Numérobis, et aux plans machiavéliques, puis à César qui tient à ce que Cléopâtre perde son pari.

Ce deuxième film est encore plus attachant par bien des aspects, à commencer par toute l'imagerie égyptienne antique (même si détournée par l'humour, les anachronismes), les couleurs chaudes qui captivent le regard des petits comme des grands, avec heureusement une aventure qui tient la route. Seulement voilà, cette dernière, pour l'adaptation au cinéma, ne pouvait sans doute suffire à remplir l'heure zéro six minutes réglementaire du film d'animation de l'époque. Alors, outre l'introduction faite d'explications très personnelles sur le parler égyptien, il a été décidé d'ajouter deux-trois moments plutôt orientés comédie musicale, afin peut-être aussi de ne pas être en reste du côté du 4ème art vis-à-vis de DISNEY et son lot de chansons massif, déjà intemporelles. À chaque époque sa manière ; Alain Chabat a lui aussi recours aux trouvailles pour sa propre adaptation de la B.D en 2002 avec Astérix Mission Cléopâtre, un des films français les plus vus/aimés de l'histoire.

Gérard CALVI commence néanmoins par proposer une nouvelle version de son thème principal et mémorable, un peu moins balourd/fanfare et plus pop, pour le générique de début, profitant de l'occasion pour y intercaler, en variation ou directement, les mélodies des trois chansons que l'on va entendre ensuite. Il enchaîne avec les images d'Alexandrie et de son quotidien, les porteuses d'eau comme les Romains, avec à chaque plan une nouvelle ambiance instrumentale, plutôt réussie d'ailleurs, même si on se dit que le sitar (très en vogue avec l'ère hippie) sonne tout de même plus hindou qu'égyptien. En revanche, le hautbois s'avère tout ce qu'il y a de plus adapté aux sonorités orientales. Enfin, il y a la harpe très souvent utilisée à bon escient, les modèles les plus anciens connus appartenant à l'Egypte antique.

D'autres illustrations sonores plus ou moins marquantes suivent au cours du film, notamment le couple orgue-harpe lors des scènes en bateau sur l'océan Atlantique et la Méditerranée, les gammes orientales qui s'entremêlent à l'instar des constructions échevelées dans la maison de Numérobis, la majesté des cordes grandiloquentes à l'orientale pour le palais de Cléopâtre, la rythmique façon pouls ornée de folâtreries instrumentales dans la grande pyramide, sans parler des moments plus humoristiques, bien sûr, puisque cette B.D joue allègrement sur deux tableaux. Mais tout cela, l'album de la B.O ne le reprend pas, ou presque : seule la solaire "Danse des Pyramides" tranche un peu avec les chansons.

Parmi celle-ci, passons plus vite sur la gauloiserie bien marquée de "Quand l'Appétit Va, Tout Va", entêtante à souhait et permettant à nos doubleurs les plus actifs, Roger Carel (Astérix) et Jacques Morel (Obélix), de pousser la chansonnette sur fond jazzy valsé et léger, avec des considérations très culinaires. Cette incartade savoureuse qui peut plaire à un public large se détache aussi bien mieux, de même que sa séquence très clairement ajoutée, du reste du film.

La plus efficace des chansons demeure la troisième, "Le Pudding à l'Arsenic", chantée par le conspirateur Bernard Lavalette/Amonbofis secondé par son acolyte Jacques Balutin/Tournevis, où la nourriture est remplacée par les divers poisons, sur fond de tempo dynamique jusque dans les dialogues, et très bastringue/New Orleans du plus bel effet. C'est d'ailleurs la fin instrumentale qu'on entend lors du générique de début, inchangée contrairement aux deux autres.

Mais le film se nomme Astérix et Cléopâtre, et le seul personnage féminin du film, la 'plus belle femme du monde' dont Panoramix aime tant le nez, a heureusement son moment de grâce, toujours nuancé cela dit. D'inspiration un peu moins jazzy et music-hall, "Le Bain de Cléopâtre" est une ballade orchestrale douce et élégante, introduite par des choeurs féminins sensuels, à laquelle CALVI inclut une chanson, "Le Lion de Cléopâtre" qui ne dure qu'un couplet suffisant pour faire rire.

L'animal en question, par l'entremise du doubleur Jacques Bodoin, et durant un duo de vocalises avec Cléopâtre, nous plombe ensuite les oreilles avec un scat rocailleux et forcé, mais la scène ne perd pas son caractère caustique pour autant. En fait, on veut pousser en avant, sans le laisser seul et en lui donnant un équilibre humoristique, le lyrisme enchanteur de la reine d'Egypte, qu'elle doit beaucoup à une Micheline Dax brillant de mille feux. Egalement connue pour être siffleuse de talent, la chanteuse est une véritable étoile parisienne dont le timbre haut perché fait à lui seul l'empreinte de ce film, aux côtés de toutes les voix masculines et en termes de qualité mélodieuse, marquant ainsi le monde de l'animation durablement. Vingt ans plus tard et sans doute de très nombreux paquets de cigarettes, elle se rendra méconnaissable dans son rôle comparable d'Ursula, pieuvre-sorcière en VF de La Petite Sirène version DISNEY.

Pour l'heure, à la Noël 1968, les enfants comme leurs parents peuvent apprécier ce qui reste un bijou de l'animation francophone, avec une poignée de chansons à fredonner sous la douche, dans la cour d'école. Musicalement, il ne faut pas se contenter du disque car Gérard CALVI régale grandement l'heure zéro six par de belles instrumentations où règnent clarinettes (basses comprises) et hautbois, bongos et tambourins, orgue et cordes éloquentes. Et au bout de deux films, tout a été bien fait pour réussir le passage d'Astérix à l'animation. Tout va bien.

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   MARCO STIVELL

 
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- Gérard Calvi (compositions, orchestrations)
- Micheline Dax (chant)
- Roger Carel, Jacques Morel (chant)
- Bernard Lavalette, Jacques Balutin (chant)
- Jacques Bodoin (scat)


1. Quand L'appétit Va, Tout Va
2. Danse Des Pyramides
3. Le Gâteau Empoisonné (le Pudding à L'arsenic)
4. Le Bain De Cléopâtre



             



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