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JAZZ FUSION  |  STUDIO

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- Style + Membre : Miles Davis , Wayne Shorter , Jaco Pastorius

WEATHER REPORT - Heavy Weather (1977)
Par ELK le 10 Mars 2024          Consultée 386 fois

Album le plus connu et le plus vendu du WEATHER REPORT, Heavy Weather est marqué par la présence pour la première fois pleine et entière, aux côtés des fondateurs, le claviériste Joe Zawinul et le saxophoniste Wayne Shorter, du génial bassiste Jaco Pastorius. C’est en effet un des opus les plus marquants (y compris visuellement avec sa pochette qui nous promet la foudre) d’un genre, le Jazz Fusion, dont on ne savait pas alors qu’il traversait son âge d'or et allait peu à peu suivre le même chemin que son cousin le Rock Progressif quelques années avant, à savoir le début d’une relative marginalisation.

Mais n’anticipons pas car l’enregistrement bénéficie alors d’un parfait alignement des planètes : un vent de nouveauté souffle fort sur la planète Jazz de plus en plus irriguée par les instruments électroniques et électriques qui aident un genre musical souvent extrêmement codifié à se libérer des formats traditionnels. La guitare sous toutes ses formes, notamment la plus électrique sous les doigts de virtuoses comme John Mac Laughlin ou Al Di Meola, s’impose de plus en plus dans le paysage. L’art pianistique est totalement renouvelé et bousculé par les possibilités infinies de l’électronique avec de nouveaux héraults comme Herbie HANCOCK ou Chick COREA, et voici que la basse, sous les doigts d’un jeune génie de 26 ans sort de son carcan discret et suiviste pour devenir un instrument placé au premier plan (signalons aussi le rôle de Stanley Clarke qui fit beaucoup également à l’époque).

C’est bien là le grand intérêt de ce disque : aux côtés des deux fondateurs, au sommet de leur art en tant que compositeurs et interprètes, l’apport de Pastorius contribue fortement à propulser sur le devant de la scène une musique nouvelle et inventive, galvanisée par les inventions et les excentricités d’un musicien d’abord incomparable avant de devenir de plus en plus incontrôlable au fil des années. Le succès est au rendez-vous et les foules se précipitent nombreuses aux concerts pour observer de plus près l’incroyable showman que pouvait être Jaco avant ses dérives et problèmes psychiatriques.

Mais rendons tout d’abord justice à Joe Zawinul : son "Birdland" est un fulgurant classique, un des titres s’étant faufilés un peu dans toutes les têtes, au-delà des frontières du Jazz, malgré une qualité de composition ne cédant en rien à la facilité. Il faut reconnaître que cette montée instrumentale lente et inexorable vers un des thèmes les plus connus du genre est en tous points parfaite; Jaco brille déjà de mille feux avec le son unique de sa basse fretless, alors que les sections de cuivre et l’accompagnement rythmique sont magnifiques.
"A Remark You Made" est également un titre magique avec ses jolis et brillants accords de claviers, le superbe son du saxophone de Shorter et l'admirable thème joué par Jaco avec une profondeur et une musicalité confondantes. Le titre entier est baigné dans une atmosphère de calme, de recueillement et de beauté.
Dernier titre du pianiste, "The Juggler" est une composition un peu moins accessible mais tout aussi sophistiquée, articulée autour d’un petit thème répétitif et calme joué aux claviers, sur lequel viennent se greffer toutes sortes d’admirables prolongements instrumentaux.

Deux titres sont l’œuvre de Wayne Shorter, l’élégant "Harlequin" tout d’abord, servi par les notes profondes de la basse, les jolis accords de claviers, une batterie qui sait se faire discrète et les interventions sporadiques mais intenses du saxophone.
Vient ensuite "Palladium", beaucoup plus éclatant, au rythme soutenu brillamment prolongé par une ligne de basse superbe et par un saxophone dont le lyrisme fédère tous les instruments, emporte le morceau vers des sommets, les claviers distillant une mélodie simple et entraînante jusqu’à la fin du titre. "Rumba Mama" est une courte fantaisie rythmique et chantée d’inspiration africaine capturée Live à Montreux.

Viennent enfin les deux titres composés par Jaco Pastorius qui avait déjà largement démontré ses capacités en la matière sur son légendaire premier album solo sorti peu avant. "Teen Down" distille une superbe ligne de basse sur un fond rythmique souple et de belles harmonies aux claviers. Le petit thème au saxophone est parfaitement pensé, démontrant le brio de Jaco en tant que compositeur.
"Hawona" enfin vient brillamment mettre un terme à l’opus, avec une nouvelle masterclass de basse et des variations harmoniques et rythmiques astucieusement agencées. Le solo de Jaco est magnifique, avec ses fulgurances et ses fameuses notes mouvantes jouées sur deux cordes au rendu unique.

Il n’en fallait pas plus (ni moins) pour faire de cet opus un classique intemporel susceptible de rassembler aussi bien les tenants d’un Jazz 'puriste', séduits par l’élégance des compositions, qu’un plus large public capté par l’attrait immédiat de certaines pièces et leur côté 'easy listening' sans réelle dissonance, sans oublier les stricts amateurs d’un Jazz Fusion qui ont parfaitement perçu les nombreuses audaces de l’enregistrement.
Difficile de ne pas mettre un 5 bien mérité à cette œuvre de référence.

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   ELK

 
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- Joe Zawinul (piano, claviers, chant, guitare)
- Wayne Shorter (saxophone)
- Jaco Pastorius (basse, vocaux, steel drums)
- Alex Acuna (batterie, percussions)
- Manolo Badrena (percussions)


1. Birdland
2. A Remark You Made
3. Teen Town
4. Harlequin
5. Rumba Mama
6. Palladium
7. The Juggler
8. Havona



             



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