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2021 The Promise Of A Life
2024 Prophecy
 

- Style : Queen, Muse, Royal Republic, The Darkness

REACH - Prophecy (2024)
Par GEGERS le 6 Avril 2024          Consultée 761 fois

En 2017, le physicien et cosmologiste britannique Stephen Hawkins estimait à 100 ans le délai laissé à l'humanité pour se préparer à quitter la planète Terre et coloniser une autre planète. Le scientifique voyait estimait en effet que la conjugaison des menaces fortes pesant sur notre espèce pourrait finir par rendre notre planète inhabitable à l'issue d'un siècle : guerre nucléaire, "super-virus" créés en laboratoires, réchauffement climatique, surpopulation et chute d'une astéroïde de taille importante constituent les ingrédients principaux d'un cocktail détonnant pouvant mener l'humain à sa perte. Puisque tout espoir semble perdu, que le fait de s'en aller disséminer nos germes sur une autre boule de roche n'est rien d'autre qu'un doux rêve, que faire si ce n'est prendre soin de notre prochain et tenter de rendre notre vie plus supportable avant le grand nettoyage global ? Ainsi, lorsqu'un groupe tel que REACH s'en vient et se pose comme un cataplasme sur nos plaies, raisonne et apaise nos blessures intérieures, voici qui mérite d'être salué.

Le trio suédois, porté par son leader Ludvig Törner, poursuit avec Prophecy ses grands travaux de ravalement entamés avec son précédent et excellent album The Promise of a Life publié en 2021. Le groupe propose et assume totalement un mélange entre musique hard rock, AOR et pop-rock, le tout saupoudré d'arrangements électroniques ou symphoniques, l'ensemble constituant une musique à la fois accrocheuse et inclassable. Affranchi de ses influences au nom prestigieux mais à l'héritage lourd, REACH est parvenu, ce qui n'est pas un mince exploit, à se construire une identité, un son, une "patte", qui s'éloigne de la production musicale actuelle tout en en reprenant les codes.

Prophecy est un album plus ramassé, moins dispersé, que son prédécesseur. Si REACH continue à se nourrir d'influences variées, faisant fi des genres et décloisonnant sa musique, le groupe est ici plus foncièrement rock, la majorité des morceaux étant portés par des refrains dont les guitares saturées exécutent avec énergie et brio des riffs plaqués qui ne laissent guère place à la circonspection, provoquant plutôt une adhésion immédiate. Tandis que les trois musiciens avaient, pour leur précédent album, fait appel aux talents d'auteur compositeur de Jona Tee (H.E.A.T.), c'est sans aide extérieure qu'ils ont créé la substance de cette quatrième réalisation. L'originalité de leur démarche est plutôt à aller chercher du côté de leur travail avec le producteur Chris Snyder. En effet, le groupe a conçu et enregistré l'ossature de ses morceaux dans leur forme la plus simple, dénuée de tout arrangement. Ce n'est qu'après sélection des morceaux les plus inspirés que le producteur a proposé au groupe d'ajouter des chœurs, des arrangements électroniques ou symphoniques, qui sans être des faire-valoir, améliorent les morceaux sans pour autant les vider de leur substance. Le résultat est bluffant.

"Prophecy" nous permet doucement d'entrer dans l'ambiance à la fois rassurante et étrange de cet album. Des guitares très lourdes et crunchy posent les bases d'un titre assez sombre, réhaussé par des arrangements électro-rock puis une section symphonique qui produisent, se succédant, un motif épique et engageant pour l'auditeur, qui se retrouve ici happé par le charisme du groupe comme on entre dans un bon bouquin. Prophecy est un album riche en rebondissements, en péripéties, qui stimule l'imaginaire par ses textes souvent sombres et mystérieux, traitant le plus souvent du mal-être de l'humain inadapté à un environnement violent, dénué d'empathie et de bienveillance.

"Littler Dreams" se fait beaucoup plus léger, porté par un clavier pop sautillant, dont l'apparence anodine et contrebalancée par la force et la puissance des guitares saturées et ce refrain irrésistible. Un véritable tube, sur lequel le chant de Ludvig Törner rappelle celui de Justin Hawkins (The DARKNESS). Le groupe reprend certains motifs de son précédent album, à l'image des ambiances swing / cabaret de "Save The World", agrémenté d'un break opératique riche en chœurs, et n'a pas abandonné son audace faon "Bohemian Rhapsody", proposant avec "A Beautiful Life" un nouveau titre à tiroirs particulièrement savoureux. Celui-ci débute avec une introduction façon western, se transforme en tango sur les couplets, et devient un titre power-rock porté par des guitares épaisses sur le refrain, pour un résultat à la fois puissant, mélancolique et théâtral. Quelques sonorités discrètes façon boîte à musique viennent clore ce titre, véritable univers.

Plus simples dans la construction, "Not The Same" et "Who Knows" récoltent les suffrages grâce à leur force mélodique. "Mama mama", doté d'un côté rock'n'roll plus prononcé, bénéficie d'un pré-refrain swing qui lui donne du corps et de l'originalité. "Psycho violence", aux ambiances disco-funk sur les couplets, est iconoclaste dans sa construction, revenant à des ambiances "gros rock" sur un refrain irrésistible. La fin d'album se fait flamboyante, avec le titre "Grande Finale", dont les ambiances à la fois martiales et très cinématographiques pourraient presque être au générique d'un James Bond, puis avec la ballade "Eviga Natt" ("Nuit éternelle", en suédois), agrémentée d'un solo plaintif qui renforce l'ambiance sombre et désabusée de ce titre original et conclusion parfaite, comme le calme après la tempête.

Moins ébouriffé que The Promise of a Life, Prophecy est une belle preuve de maturité de la part de REACH, qui recentre sa musique autour de son rock original dont la musculature saillante laisse poindre une fragilité intéressante. Si le pont entre MUSE et QUEEN n'est plus aussi évident ici, le groupe affine ses constructions mélodiques, s'enrichit d'ambiances nouvelles, et ce faisant, propose une musique sur laquelle l'expérience du groupe compense la mise en retrait de son grain de folie. Un rock aventureux et bariolé, pour ceux qui n'ont pas peur de sortir des sentiers battus.

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- Ludvig Turner (chant, claviers, guitare)
- Marcus Johansson (batterie)
- Soufian Ma´aoui (basse)


1. Prophecy
2. Little Dreams
3. A Beautiful Life
4. Save The World
5. A Million Lives
6. Not The Same
7. Who Knows
8. Mama Mama
9. Psycho Violence
10. Grand Finale
11. Eviga Natt



             



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