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The DETROIT COBRAS - Life, Love And Leaving (2001)
Par LE KINGBEE le 20 Avril 2024          Consultée 179 fois

Trois années séparent Mink, Rat Or Rabbit de ce second opus. Trois années durant lesquelles le groupe s’est abondamment produit mais n’a jamais composé, fidèle à ses habitudes, se contentant de reprendre à sa sauce des inusités parfois dans d’incroyables relectures. On ignorait alors que le titre de ce second disque s’avèrerait tristement prémonitoire en 2022, année qui voyait Rachel Nagy rejoindre le paradis des chanteuses à tout juste 48 ans.

Nous sommes donc en 2001, bien loin de l’Odyssée de l’Espace et tout aussi éloigné de trois décennies d’enfer (fifties, sixties, seventies) qui ont laissé place à un nouveau millénaire asséché de la plupart des richesses musicales et de la créativité d’antan. 2001 c’est l’année de lancement d’un paquet d’émissions télé évoluant entre télé crochet et télé-réalité, des shows télés dont les concepts sont repris sur toute la planète, Star Academy et Pop Stars chez nous. Accessoirement, c’est aussi l’année du décès de John Lee HOOKER, Rufus THOMAS, George HARRISON et Bécaud. Ne noircissons pas le tableau plus que nécessaire, 2001 voit également le succès de Lorie avec "Près de moi", alors que le duo DION/GAROU triomphe avec "Sous le vent"* et que Michael JACKSON fête en grandes pompes ses trente ans de carrière solo au Madison Square Garden.

Eh bien de leur côté, les DETROIT COBRAS excellent dans une démarche totalement différente en dynamitant de vieux titres souvent oubliés mitonnés dans des sauces pimentées, souvent assez courtes à l’instar des singles des années soixante. Si le groupe se produit fréquemment sur le territoire avec des line-up à géométrie variable, on retrouve ici sa colonne vertébrale avec la chanteuse Rachel Nagy, la guitariste Maribel Restrepo (alias Mary Ramirez et Mary Cobra) et le batteur Damian Lang. Cofondateur du groupe, Steve Shaw a quitté ses camarades pour se consacrer à sa seconde passion, la photo fournissant pour l’occasion la pochette dorsale, le visuel avant étant l’œuvre de Nancy Paterra. Les petits nouveaux apportent punch et cohésion via les arrivées de l’organiste Eddie Harsch, ancien membre de l’orchestre de Jammes COTTON et futur Black Crowes, les guitaristes Dante Aliano (ex Starlite Desperation) et Jeff Grand et l’harmoniciste James Wailin (futur Robert Bradley).
Enregistré au Rustbelt Studios, lieu qui aura vu défiler Bob SEGER, John FOGERTY ou Alice COOPER, l’album reste également marqué par la présence du fidèle Al Sutton qui officie à la fois à la production et derrière les consoles.

Nos Crotales urbains reprennent ici la même recette que sur la précédente galette, mettant ainsi en principe l’adage qui veut qu’on ne change pas une main gagnante. D’entrée c’est un bon plein de vitamines que nous assène le groupe avec "Hey Sailor", une reprise du rocker Mickey Lee Lane mise en boite en 65 pour le label Swan sous l’intitulé "Hey Sah-Lo-Ney". Ici, aucune trace de démonstration technique, le groupe privilégie une guitare rentre dedans. Une version qui efface l’ambiance cuivrée de l’original et qui s’avère moins guindée que celle des anglais d’Action. Ronnie Spector, ex Ronettes et ancienne épouse de Phil Spector, reprendra le titre en 2006 après avoir découvert Rachel Nagy sur une scène de Detroit. Les Ronettes, il en est encore question avec "He Did It", une compo de Jackie DeShannon qui n’aura même pas droit à une sortie en single. Publié en 65 sur un vinyle édité par Colpix, filiale de Columbia dirigée par Stu Phillips, cette obscurité distille une énergie plus communicative que l’original dont l’orchestration reste plombée entre une prod. surchargée à la Phil Spector et un son Motown. A la frontière entre Garage et R&B, le groupe nous assène "Boss Lady" issu d’un single de Davis & Jones & The Fenders, un duo newyorkais auteur d’un unique 45 tours sous l’intitulé "Boss With The Hot Sauce". Un titre dans la lignée des PRETENDERS. A la croisée des chemins entre Rock n Roll et R&B, le groupe reprend "I’m Laughing At You", une obscurité des Gardenias, un groupe local sans lien avec le groupe homonyme de Luther Ingram. Superbe hommage aux 5 Royales du guitariste Lowman Pauling avec "Right Around The Corner". Toutes les effluves Doo Wop se retrouvent comme gommées, remplacées par une rythmique infernale, des chœurs imparables qui renforçant le tonus de la chanteuse. Une version en mode Rock n Roll aussi enjouée que le jump de LITTLE CHARLIE & The NIGHTCATS.

Histoire de laisser reposer les accus, les Cobras nous servent une poignée de mid tempo judicieux. "Find Me A Home" une compo du pianiste Otis Blackwell s’était taillé une bonne réputation via les versions de Solomon BURKE puis d’Otis REDDING. Là, si la formation reste relativement respectueuse, les guitares se révèlent plus agressives tout juste tempérées par la présence de chœurs qui répètent jusqu’à plus soif un Waouh, digne artifice de certaines productions Doo Wop. Le répertoire Girl Group offre lui aussi de bons sillons dans lesquels Rachel Nagy et ses comparses peuvent s’engouffrer ; le groupe remet au goût du jour "Oh My Lover" *** des Chiffons pour une interprétation qui renvoie dans ses buts celle des Searchers, groupe anglais lié à la Mersey Pop. Autre emprunt à Solomon BURKE avec "Stupidity", titre qui donnera son nom à un album de DOCTOR FEELGOOD. Si le morceau débute sous l’aura d’incantations a cappella, le groupe nous offre encore une fois une vitalité que ne renierait pas la bande de Lee Brilleaux. Les Cobras rendent hommage à Mary Wells, autre native de la Motor City, avec "Bye Bye Baby" ** édité par la Motown. Autre clin d’œil à une icône de la ville avec "Won’t You Dance With Me", titre de Billy Lee & The Rivieras, groupe qui se fera connaitre sous le nom de Mitch Ryder & The Detroit Wheels. La cover des Cobras se révèlent toutefois plus moelleuse. Si la reprise de Betty EVERETT nous semble plus fluide que l’original, celle-ci se situe à la frontière des deux interprétations. Le groupe combine R&B et Garage avec "Can’t Miss Nothing", un titre obscur d’Ike et Tina TURNER gravé pour le label californien Sonja Records. Le jeu de guitare d’Ike Turner disparait au profit d’un phrasé Garage, idem pour l’intro d’origine parlée en espagnol. Ce titre typographié à l’origine "You Can’t Miss Nothing That You Never Had" se retrouve amputé, probablement pour une question de droits.

Comme la plupart des reptiles à sang froid, les Detroit Cobras peuvent se montrer trompeurs en maniant le chaud et le froid. Le groupe délivre quelques petites douceurs qui servent à faire retomber la tension et lui permettent de rebondir avec plus d’énergie. Superbe reprise de "Cry On", création d’Allen Toussaint, le Pape de la Nouvelle Orléans, et non pas de Ronnie Mack comme indiqué sur la pochette intérieure. Si l’original d’Irma THOMAS s’ouvrait sur une intro d’orgue d’église, là Maribel Restrepo s’offre un délicat fumet acoustique bientôt relayé par l’orgue d’Eddie Harsch. Une version nettement plus Soul que celle de MOTHER EARTH. Autre passage particulièrement douillet avec "Let’s Forget About The Past", un inusité du soulman Clyde McPhatter, propriétaire de trois Numero Un dans les charts R&B durant la seconde moitié des fifties. La formation transpose cette sucrerie vers un décor Country Soul proche du grand Buddy HOLLY.

Curieusement l’album s’achève avec une ode rockandrollienne dédiée non pas à Detroit mais à l’Alabama avec "Shout Bama Lama", l’un des premiers titres d’Otis REDDING. Si les guitares ravies d’en découdre proposent une sonorité légèrement bordélique, Rachel Nagy met assez d’entrain pour faire passer la pilule pour un dernier titre entre Rock n Roll et Garage.

Reprenant les ingrédients du premier disque, The Detroit Cobras nous délivrent un second opus plein d’entrain et de peps. Sous l’impulsion de la chanteuse et de la guitariste, le groupe se présente comme une excellente vitrine de la Motor City, ville industrielle qui aura hébergé des artistes aussi variés que John Lee Hooker, Little Willie John, Bob SEGER, MC5 sans oublier le label Motown. En fait, Les Cobras se nourrissent de ces diverses ambiances sonores pour nous emmener sur les traces d’inusités privilégiant l’essentiel (aucune plage ne dépasse les 166 secondes) et ainsi ranimer la flamme du Garage des années soixante. Le disque a bénéficié d’une distribution européenne sous l’égide du label anglais Rough Trade en versions CD et vinyle.

* Je suis persuadé qu'on doit trouver bien pire, ce sont les premiers qui me sont venus à l'esprit.
** Titre homonyme à celui de P.J. Harvey.
*** Titre homonyme à ceux chantés par Frank Sinatra, The 4 Seasons, The Ramones et Big Brother & The Holding Company.

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   LE KINGBEE

 
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- Rachel Nagy (chant)
- Maribal Restrepo (guitare, chœurs)
- Dante Aliano (guitare)
- Jeff Grand (guitare)
- Damian Lang (batterie)
- Eddie Harsch (basse, orgue, piano)
- James Wailin (harmonica)


1. Hey Sailor
2. He Did It
3. Find Me A Home
4. Oh My Lover
5. Cry On
6. Stupidity
7. Bye Bye Baby
8. Boss Lady
9. Laughing At You
10. Can't Miss Nothing
11. Right Around The Corner
12. Won't You Dance With Me
13. Let's Forget About The Past
14. Shout Bama Lama



             



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