Lors de ma chronique de Diamonds datant de déjà presque quatre ans, j'avais précisé en substance que si la discographie de THE BIRTHDAY MASSACRE était loin d'être inintéressante, elle souffrait néanmoins globalement d'un léger parfum de redite. Ceci n'a pas pour autant empêché le groupe de recueillir rapidement un évident capital de sympathie dans la sphère des musiques sombres, même si une tenace réputation de musique pour Gogoths lui collait à la peau. Les avis le concernant étant tranchés et le juste milieu quasi inexistant. Cette situation, la malicieuse et irrésistible Chibi et ses comparses ne semblent depuis 1999* guère s'en soucier et c'est tant mieux !

Écouter Violet, le premier album des petits lapins noirs démoniaques, c'est découvrir à la fois les forces et faiblesses qui irriguent le combo depuis ses débuts. Fait notable lorsqu'on s'intéresse de près au travail des Canadiens, on constate aisément que ce sont les mêmes. Peu de projets semblent à ce point enfermés dans leur propre style sans que ceci soit pour autant un repoussoir. L'univers des BIRTHDAY MASSACRE, c'est pêle-mêle Tim BURTON qui convoque Alice au Pays des Merveilles, les freaks de la classe moyenne nord-américaine qui portent leur regard vers un Japon ludique. C'est unique ! Les plus obtus n'y décèlent qu'artifice facile tandis que les autres y prennent un indéniable plaisir simple.

Forces et faiblesses comme celles de proposer un artwork hautement reconnaissable qui mélange le rose bonbon de l'enfance à des teintes quelque peu plus inquiètes. Ces couleurs sont un marqueur, l'ADN des Torontois, car elles scindent assurément toujours leur petite galaxie en deux. Le groupe utilisera, voire usera, cette recette jusqu'à la corde. Forces et faiblesses avec, d'un côté, une new-wave-pop à haute teneur en glucose et, de l'autre, un côté plus rock aux effluves metal. Cette formule est diablement efficace. En effet, comment est-ce possible de résister aux directs et entêtants "Horror Show" et "Nevermind" ? La machine est en place et elle y restera !

Forces et faiblesses comme de se retrouver pour l'une des premières fois face à l'attachante voix de Chibi toujours aux avant-postes et apprécier sans (encore) totalement se lasser les claviers énormes et les guitares tantôt agressives ou plus discrètes. Le monde des BIRTHDAY MASSACRE est un monde d'alternance millimétré à la façon d'une parade militaire soviétique, l'humour en plus. Aux habituels petits intermèdes musicaux ("Red" et "Black") qui permettent une courte pause, se succèdent sans temps morts des paysages sonores percutants. Rien de complexe, ni de très recherché, et alors ? L'auditeur bouge assurément la tête sur "Lovers End" ou aux riffs de guitares bien sentis de "Blue" et a une légère pointe d'émotions à l'écoute de l'acidulé et serre-cœur "Violet".

Violet est sans conteste l'un des meilleurs albums de THE BIRTHDAY MASSACRE. Est-ce à dire que les Canadiens avaient déjà tout dit ? Non, quand même pas. Ils ont tout simplement posé à ce moment la première pierre d'un monde ô combien séduisant qui conviendra à celles et ceux ayant su garder à jamais leur âme tourmentée d'enfant.

* 1999 à 2001, le groupe s'appelait alors IMAGICA.