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1958 The Nearness Of You
 

- Style : Ella Fitzgerald , Peggy Lee

Helen MERRILL - The Nearness Of You (1958)
Par LE KINGBEE le 25 Avril 2024          Consultée 181 fois

D’ascendance croate, Jelena Ana Milcetic naît à New York en 1930. Passionnée par le chant, elle débute dans les clubs du Bronx et de Manhattan dès 14 ans sous le nom d’Helen MERRILL. Juste après-guerre, elle intègre l’orchestre de Reggie Childs. Ce passage lui permet de côtoyer les futures gloires du Jazz (Miles DAVIS, Charlie PARKER, Bud Powell). En 1952, elle enregistre un premier single sous la houlette du pianiste Earl Hines. Deux ans plus tard, elle est embauchée par EmArcy, la filiale Jazz du label Mercury, et met en boîte un premier single sous son nom épaulé par l’orchestre de Johnny Richards, suivi d’un second sur lequel figure l’orchestre du trompettiste Clifford Brown, figure montante du Hard Bop.

Chanteuse au timbre chaleureux et expressif, Helen Merrill enregistre quatre albums entre 1954 et 1957. Les 18 et 19 décembre 57, elle participe à deux sessions en compagnie d’un quintet de Chicago constitué du guitariste Freddy Rundquist (ex-Art Van Damme), le bassiste Johnny Frigo (ex-Herb Ellis), le pianiste Dick Marx (ex-Lucy Reed), le batteur débutant Jerry Slosberg et le saxophoniste flûtiste Mike Simpson (ex-Gene Krupa) enregistrant sept titres. Bob Shad, ancien producteur chez Savoy et fondateur du label Sittin’ In With satisfait du résultat décide de réexpédier la chanteuse pour une nouvelle session de manière à pouvoir éditer un album complet. Cette fois, c’est dans sa ville natale qu’Helen est conviée avec un autre quintet d’enfer : elle retrouve son ami pianiste Bill Evans, le batteur Jo Jones (ex-Coleman HAWKINS, Count BASIE, Art BLAKEY), le guitariste pianiste arrangeur George Russell, le fidèle bassiste Oscar Pettiford (ex-Miles DAVIS, Thelonious MONK) et le flûtiste saxophoniste belge Bobby Jaspar (ex-Donald BYRD, Hank JONES).

D’entrée, c’est avec un standard que la chanteuse ouvre les débats avec "Bye Bye Blackbird". Comme souvent, elle ne force à aucun moment sur sa voix, privilégiant l’orchestration, même lorsque le tempo est lent. Une version tout en simplicité qui relègue à des années lumière celles de Rosemary Clooney, Mitch Miller ou Gloria Lynne toutes horriblement bouffies. Autre grand classique avec "I Remember You" *, compo de Johnny Mercer qui a connu son lot de covers. Seconde incursion dans le répertoire de Johnny Mercer avec "Dearly Beloved" issu du film You Were Never Lovelier (O toi ma charmante) avec Rita Hayworth et Fred Astaire. Contrairement à de nombreuses versions agrémentées d’un flot de cordes et d’arrangements guindés, ici le minimalisme de la formule quintet permet de mettre au premier plan le chant renforcé par la présence d’une flûte primesautière. Autre détour chez le prolifique Johnny Mercer avec "This Time The Dream’s On Me", chanson au générique du film Blues In The Night d’Anatole Litvak. Si la chanteuse se montre parfaitement expressive, le quintet de Mike Simpson se situe néanmoins un cran au-dessous des interprétations instrumentales de Chet BAKER ou Kenny BURRELL. Helen Merrill n’était pas née lors de diffusion de "Softly, As In A Morning Sunrise", titre phare de l’opérette New Moon. La flute instaure ici une ambiance à cheval entre mysticisme, romantisme et orientalisme. Cette ballade comparant un amour naissant à un lever de soleil connaît plus tard d’excellentes versions en Jazz Instrumental par l’entremise de John COLTRANE, Miles DAVIS et Sonny Rollins. "Summertime", standard de George et Ira GERSHWIN, ne se distingue guère des nombreux rabâchages entendus, si ce n’est par sa lenteur exagérée. Autre plage piochée dans le répertoire de Broadway avec "I See Your Face Before Me" au générique de Between The Devil chantée par l’anglaise Evelyn Laye. Là encore, le titre s’avère extrêmement lent, le quintet n’apporte même pas le minimum syndical. Pour le coup, on lui préfère les instrumentaux de Miles DAVIS et Stan Kenton.

Le quintet de Bill EVANS impulse d’entrée une plus haute intensité dramatique : la contrebasse de Pettiford semble claquer au bon moment tandis que la flûte et le piano dessinent de formidables entrelacs plaçant la chanteuse au diapason sur "When The Sun Comes Out". Une version moins grandiloquente que celles de Barbra STREISAND et Kim Weston. La connexion entre les cinq instrumentistes semble couler de source, Helen Merrill n’a plus qu’à poser sa voix comme le démontre la ballade "Let Me Move You". Preuve que sous l’impulsion d’un quintet, certains morceaux peuvent prendre plus d’ampleur qu'un grand orchestre avec cordes. La version de Dinah Washington pour le même label en demeure le parfait exemple. Compo d’Hoagy Carmichael, "The Nearness Of You" a été placardé à toutes les sauces (Rick NELSON, James BROWN, Willie NELSON, ROLLING STONES, Annie LENNOX) des moutures parfois aussi abracadabrantes que discutables. Le quintet délivre une orchestration aux arrangements épurés et la chanteuse n’a plus qu’à se laisser guider par les volutes de la flûte tandis que Jo Jones caresse ses fûts avec une incroyable délicatesse. On remonte dans le temps avec "Just Imagine", chanson figurant au générique de Good News, comédie musicale de 1927, Helen Merrill nous délivre une ballade bien plus apaisante que les reprises de Doris Day ou de Teresa Brewer. Dernier emprunt à Broadway et Hollywood "All Of You" **, agréable ballade au générique de la pièce Silk Stockings, est transposée pour le cinéma en La Belle de Moscou. Une version pleine de simplicité évoquant celle de Sarah Vaughan, bien supérieure aux interprétations ampoulées d’Anita O’DAY et Dionne Warwick.

Secondée par deux quintets différents, Helen Merrill nous dresse ici un album bien dans la lignée des productions Jazz de la fin des années 50. Certains amateurs se feront une joie de réécouter plusieurs virtuoses (Jo Jones, Bill EVANS, Oscar Pettiford). Si vous n’êtes pas amateurs de douceurs ni de ballades Jazzy, vous risquez de vous ennuyer ferme avec ce disque trop linéaire. Néanmoins, l’excellente diction, le chant chaleureux et sans exagération d’Helen Merrill et un accompagnement sans la moindre surrenchère demeurent de bons atouts pour tout amateur de Jazz Vocal fifties. Durant les sixties, Helen Merrill s’établit en Italie puis au Japon avant de revenir dans son fief new-yorkais.


*Titre homonyme à ceux des Ramones et Skid Row.
**Titre homonyme à ceux de Julio Iglesias et Lin-Manuel Miranda.

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- Helen Merrill (chant)
- Fred Rundquist (guitare 1-3-4-5-6-8-11)
- George Russell (guitare 2-7-9-10-12)
- Johnny Frigo (basse 1-3-4-5-6-8-11)
- Oscar Pettiford (contrebasse 2-7-9-10-12)
- Jerry Slosberg (batterie 1-3-4-5-6-8-11)
- Jo Jones (batterie 2-7-9-10-12)
- Dick Marx (piano 1-3-4-5-6-8-11)
- Bill Evans (piano 2-7-9-10-12)
- Mike Simpson (flûte 1-3-4-5-6-8-11)
- Bobby Jaspar (flûte 2-7-9-10-12)


1. Bye Bye Blackbird
2. When The Sun Comes Out
3. I Remember You
4. Softly As In A Morning Sunrise
5. Dearly Beloved
6. Summertime
7. All Of You
8. I See Your Face Before Me
9. Let Me Love You
10. The Nearness Of You
11. This Time The Dream's On Me
12. Just Imagine



             



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