Il fallait s’y attendre, le temps a passé et c’est une Norah JONES désormais âgée de 45 ans qui campe une personne mature sur la couverture de son neuvième opus. Un profil acéré qui n’est pas exempt de souffrance, mais qui assume le poids des années sans détours. Les 50 millions d’’albums écoulés sont d’un autre poids qui rassure, le label Blue note est toujours dans la place comme il se doit, soutient son artiste la plus vendeuse. Mademoiselle SHANKAR est une enfant de la balle, comme ses sœurs, et doit continuer d’assurer les cachous ! Nous en étions restés à un chouette Pick Me Up The Floor il y a 4 ans déjà, il était temps de lui donner un successeur !

L’introductive "All This Time" semble tout droit sortie de son premier album : on y ressent les modalités de composition de "Come Away With Me", cette petite touche jazzy, ces aspects funky dans les choeurs. L’ensemble se laisse bien écouter mais ne révolutionne rien. Les aspects pop et le petit piano de "Running" nous renvoient à certaines influences britannique, les choeurs faisant penser à Kate BUSH, c’est bien la première fois pour miss JONES, c’est le single de l’album. "I’m Awake" manque de m’endormir, mais il y a toujours cette petite vibe à la petite fée du Kent. "On My Way" sonne tel un autre slow des sixties avec ses intonations romantiques. Le bridge est très élégant, mais l’ensemble sonne un peu plaintif pour moi.

Je retiens quelques titres : Norah se pointe avec une petite rythmique en palm mute sur "Queen Of The Sea", qui sonne tel une chanson des sixties dans l’esprit. Les multiples prises de chant la rendent presque kitsch, mais le résultat final est très sympa. On a aussitôt envie de la réécouter. Nous avons aussi l’éponyme et courte "Visions", qui voit une guitare fruste prendre le pouvoir en compagnie de la voix très identifiable de Norah. On se croirait en présence d’une des papesses de la folk music. Des trompettes mariachis enrobent la composition qui y gagne en smooth. Un peu de grandiloquence et une jolie batterie soutiennent la voix chuchotée de Norah sur "Alone With My Thoughts", les cuivres sont toujours un peu statiques et manquent d’une certaine dynamique.

La video de "Staring At The Wall" est plutôt agréable, on y voit le groupe qui travaille, mais le titre me paraît en revanche brouillon avec par instants des approximations au niveau du chant, on croirait une démo… c’est l’impression qu’elle me donne et Norah n’y est pas du tout à son avantage. Elle est toute mignonne sur celle de "Paradise" dont est tirée la pochette. Une chansonnette toute simple, réminiscente de son enfance. "I Just Wanna Dance" est un petit slow geignard qui manque un brin de ressort, malgré un wurlitzer tenu par l’artiste elle-même. Un piano LENNONien ouvre "That’s Life", mais Norah n’est pas Johnny et ne dispose pas de son extrême sensibilité, on ne voit pas où elle semble vouloir nous emmener. Enfin, "Swept Up In The Night" semble avoir été composé sous substances hallucinogènes avec ses cuivres trainaillants.

Un album de transition vers une maturité un brin attendue pour la fille de ravi SHANKAR ? La réponse viendra avec l’album suivant. La musique est agréable mais très statique. On a ici perdu toute trace de dynamique au profit d’un aspect planant qui ne propose pas de réel smooth, ce qui était au début sa marque de fabrique, et quelle marque de fabrique ! Je ne le conseille donc pas aux non fans de la brunette, d’autant que les aspects jazzy sont maintenant très éloignés des préoccupations de Norah. C’est donc un trois moyen.