L’album éponyme d’HYDRAVION reposait sur différentes combinaisons de structures rythmiques et d’improvisation. Enregistré aux mêmes Studios Du Chesnay, Stratos Airlines renouvelle le registre du groupe, Philippe BESOMBES marquant le pas en approfondissant l’usage des guitares et leur interaction avec les synthétiseurs, en étroite collaboration avec le six-cordiste Serge Sordoillet alias Cooky Rhinocéros.

"Pasadena Airport" ouvre l’album comme "Métropolitain" ouvrait le précédent: sur une mélodie au ton neutre, une rythmique bien marquée et une nette prépondérance des synthétiseurs. Si la mélodie et l’instrumentation de "Telecom" sont très semblables, le traitement qu’il en est fait est fort différent; la structure musicale y est plus chahutée. Le vocoder, ne faisant que répéter le titre et égrener un vague scat, est une touche d’humour de Philippe Besombes, tout comme le contre-pied de "Ligne Équateur", commençant comme une ballade exotisante lambda avant de virer vers un rock espiègle.

Stratos Airlines est moins hétérogène que le précédent album, il n’y a plus de long passage planant comme sur Pôle (1975), bien que les nappes massives de synthétiseurs et de Mellotron soient toujours présentes ("Pasadena Airport", "Carolyn Sud"). Les guitares, bien que leur usage soit ici varié, participent de cette relative stabilité. Si elles restent relativement discrètes sur "Pasadena Airport" et "Telecom", se cantonnant à un rôle structurant de second plan, et jouent le rôle de solistes sur "Ligne Équateur" ou "L’Amour Charter", les guitares forment la base de "Singaraja" où la symbiose avec les synthétiseurs est consommée pour de bon. À ce titre, nous ne sommes pas loin des instrumentaux d’Alain RENAUD sur ses deux premiers albums.

Le piano intervient à quelques reprises dans la mixture électrique et électronique; si "Carolyn Sud" est un tantinet décousu et "Telecom" pas inoubliable, le mélange fonctionne à plein sur "Santander", avec un séquençage et des saillies de guitare du meilleur effet, le piano contrebalançant le tout par sa douceur. Autre réussite de l’album, le conclusif "L’Amour Charter" qui dispense un très beau background électronique, libre mais net, proche des meilleurs passages de Bruits Et Temps Analogues (1977) de Patrick VIAN.

Autre nouveauté par rapport à Hydravion, et Philippe BESOMBES − excepté la parodie "Rock À Montauban" (1975) et l’anecdotique "Tis A Song" (1975) qu’il n’a de toute façon pas composé −: la présence de texte déclamé et de chœurs harmonisés sur "Ligne Équateur" et "L’Amour Charter". Là où KASHMIR se rendait ridicule sur Alarme!, Philippe BESOMBES se montre plus mesuré, les textes étant mieux écrits − même si je pense qu’ils sont à prendre au second degré, surtout "Ligne Équateur" − et les chœurs mieux intégrés à la composition.

Par la suite, Philippe BESOMBES publiera au début des années 1980 deux albums d’illustration musicale chez RCA Media (futur Koka Media) − encore que certaines sources semblent indiquer que La Guerre Des Animaux ait été enregistré en 1978, donc avant Stratos Airlines, sans que l’on puisse le confirmer. Sans s’appesantir en interrogations sur ce que Philippe BESOMBES aurait pu créer avec les synthétiseurs numériques des années 80 et au-delà, il reste sept albums dont une poignée de pièces de choix de la musique progressive française.