Billie EILISH est une habituée des récompenses. La reconnaissance de l’industrie, elle connaît depuis ses débuts en 2015 et l’une des dernières en date, c’est un Oscar pour sa chanson "What Was I Made For?" qu’elle interprète pour la bande originale du film Barbie. Ce succès, elle le doit autant à son talent unique et à son originalité, qu’à la collaboration étroite avec son frère Finneas O’Connell en tant que producteur et co-auteur. Ensemble, ils expérimentent des sonorités et des techniques de production innovantes et dans l’air du temps.

Le duo tente à nouveau la petite recette secrète familiale en 2024 avec le troisième album de Billie, Hit Me Hard And Soft. On retrouve cette originalité dans la manière d’aborder les thèmes de prédilection de Billie, de la dépression à l’amour en passant par la complexité des relations humaines. Des chansons comme "Wildflower" et "The Greatest" (And you don’t wanna know/How alone I’ve been/Let you come and go/Whatever state I’m in) sont des exemples parfaits du talent de la chanteuse de 22 ans à capturer ses émotions avec une simplicité poignante.

Plus qu’une artiste de pop-alternative pas toujours facile à classer, EILISH incarne avant tout la voix de la génération Z grâce à son style vulnérable et à son honnêteté brute qui se retrouvent dans ses récits. Quand les attentes d’une société plus qu’intransigeante continuent de mettre en exergue les insécurités de Billie, celle-ci s’empare de sa voix éthérée pour ouvrir l’album sur le titre "Skinny" avec ses très beaux violons (People say I look happy/Just because I got skinny/But the old me is still me and maybe the real me/And I think she’s pretty), dans la continuité de chansons telles que "Not My Responsability" sur Happier Than Ever.

On reste sur une voix légère et veloutée qui accompagne brillamment des titres aériens comme les très jolis "Chihiro" et "Birds Of A Feather", dont le premier nous renvoie à des sonorités bien connues chez EILISH. Comme à son habitude, la soeurette et son frérot nous servent sans effort des bops sympas à coup de synth-pop-électro, par exemple le single "Lunch" où Billie évoque de manière explicite son attirance pour les filles.

"The Diner" nous ramène à une approche à la "Bad Guy" avec sa production dont la vibe 100% freakshow parvient à hanter comme un cirque d’horreur, c’est du classique Billie. Plusieurs chansons sont coupées en deux parties, que ce soit de la délicatesse du ton insouciant de Billie mêlée au beat 80’s très europop de la deuxième moitié de "L’Amour De Ma Vie", à l’ambiance atmosphérique de la très chaloupée "Bittersuite" (forcément, ça fait un peu penser à "Billie Bossa Nova ") pour un résultat à la fois doux et dur, comme le titre de l’album. La chanteuse termine le tour de ces dix titres sur une chanson double, la superbe "Blue", dont une partie a été écrite plusieurs années auparavant (I try to live in black and white, but I’m so blue), un moment de grâce tamisé plein d’émotion.

Billie EILISH a su captiver l’attention mondiale par sa capacité à se connecter à son public d’une manière presque inexplicable et aux productions audacieuses et infaillibles de son frérot FINNEAS. La dynamique du duo fonctionne plus que bien et son oeuvre continuer d’évoluer. La qualité de Hit Me Hard And Soft vient solidifier le statut de EILISH comme l’une des forces de la musique pop contemporaine. Phénomène musical et culturel, il est impossible d’ignorer sa popularité et son impact, tout comme sa capacité à écrire des hits efficaces en parvenant à capturer des émotions qui touchent cette Gen Z. Elle continue de redéfinir les normes de la musique d’aujourd’hui, tout en restant fidèlement ancrée dans ce qui la rend si spéciale : sa sincérité, son originalité et son flair pour l’innovation.